Éducation à la sexualité : fiction et réalité

Ces derniers mois, les attaques contre les projets d'éducation à la vie affective et sexuelle mis en place dans les établissements scolaires se sont multipliées. Cette campagne est nourrie par des mensonges et la diffusion de fake news qui déforment complètement la réalité du terrain des séances d'éducation à la vie affective et sexuelle mises en place dans les écoles, collèges et lycées, quand elle est mise en place !

beaucoup de bruit pour presque rien

En Belgique, la mobilisation des intégristes religieux et de l’extrême droite contre un projet de décret relatif à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle ("Evras") a conduit à l’incendie de plusieurs écoles.

En France, sous l'impulsion des groupes de "Parents vigilants", portés par les partisan·es d'Eric Zemmour, c'est une véritable campagne de désinformation à destination de l'opinion publique, et de pression sur la communauté éducative qui s'intensifie depuis la rentrée, avec en ligne de mire les élections des représentant·es de parents d'élèves du mois d'octobre. [lire la suite]

Attaque contre l’éducation affective et sexuelle : beaucoup de bruit pour presque rien !

 

Quel est le cadre de l’éducation à la sexualité en France ?

L’article L312-16 du Code de l’éducation en définit les enjeux et prescrit le nombre de séances qui doivent y être consacrées :

Une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène. Ces séances présentent une vision égalitaire des relations entre les femmes et les hommes. Elles contribuent à l’apprentissage du respect dû au corps humain et sensibilisent aux violences sexistes ou sexuelles ainsi qu’aux mutilations sexuelles féminines. Elles peuvent associer les personnels contribuant à la mission de santé scolaire et des personnels des établissements mentionnés au premier alinéa de l’article L. 2212-4 du code de la santé publique ainsi que d’autres intervenants extérieurs conformément à l’article 9 du décret n° 85-924 du 30 août 1985 relatif aux établissements publics locaux d’enseignement. Des élèves formés par un organisme agréé par le ministère de la santé peuvent également y être associés.

Cet article de loi de portée générale est complété par un texte réglementaire qui précise la manière dont l’éducation à la sexualité doit être mise en œuvre. Il s’agit de la circulaire n° 2018-111 du 12 septembre 2018.

Cette circulaire indique ainsi que l’éducation à la sexualité doit être, d’une part, déclinée à travers les enseignements et, d’autre part, faire l’objet de trois séances annuelles du CP à la terminale avec la participation éventuelle d’intervenant·es extérieur·es.

À l’école élémentaire, il ne doit pas s’agir d’une éducation explicite à la sexualité mais d’une sensibilisation au travers de différentes thématiques (respect du corps, égalité filles/garçons, reproduction des êtres vivants).

Dans les collèges et lycées, des informations objectives et des connaissances scientifiques doivent être transmises dans le cadre d’une progression théoriquement élaborée par le Comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement (CESCE) de chaque établissement. C’est également au niveau du CESCE que peuvent être organisés des partenariats avec des intervenant·es extérieur·es, notamment des associations.

La circulaire fait de la formation des personnels un enjeu central, qui est à la charge des autorités académiques dans le cadre de la préparation des plans académiques de formation. La circulaire précise ainsi que : “l’éducation à la sexualité nécessite que les personnels et intervenants soient formés” et que “les plans de formation doivent prévoir une sensibilisation des personnels enseignants aux violences sexistes et sexuelles et à une formation des élèves au respect du non-consentement.”

 

Et en réalité ?

Dans la réalité, l’éducation à la sexualité est très inégalement mise en œuvre dans les écoles, collèges et lycées. Les polémiques sont donc non seulement fantaisistes dans leur description de l’éducation à la sexualité mais également totalement infondées.

C’est ce constat d’une mise en œuvre peu efficiente de l’éducation à la sexualité qui a amené le ministre Ndiaye à publier une circulaire de rappel le 30 septembre 2022. Dans cette même circulaire est annoncée la mise en place d’une enquête annuelle sur l’effectivité de l’éducation à la sexualité.
Par ailleurs, en juin 2023, le ministre Ndiaye a saisi le Conseil supérieur des programmes pour qu’il produise une proposition de programme pour chaque niveau d’enseignement, du CP à la terminale. Ces programmes d’éducation à la sexualité devraient être publiés en novembre 2023.

Enfin, en juin 2023 a également été annoncé un “plan de formation ambitieux” pour l’année scolaire 2023-2024. Ce plan de formation doit permettre de sensibiliser tous les personnels, de former de manière plus approfondie les personnels prenant en charge les séances et de former spécifiquement des conseiller·es pédagogiques. Au niveau national comme au niveau local, SUD éducation sera vigilant à ce que ce “plan de formation ambitieux” voie vraiment le jour.