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La santé des personnels est un sujet trop peu abordé dans l’Éducation nationale et l’Enseignement supérieur, pourtant, en parler, c’est parler à la fois des conditions de travail et de leurs effets sur la dégradation de la santé des personnels que l’on observe de plus en plus.
La couverture médicale, la prévoyance, la santé au travail, notamment des femmes, des personnels handicapés et des collègues précaires sont des sujets syndicaux. La prise en compte spécifique de la santé des femmes et la lutte contre les violences sexuelles et sexistes sont des enjeux majeurs et doivent être une priorité. La santé et la sécurité au travail sont de la responsabilité pleine et entière de nos employeurs : la santé et la sécurité au travail ne se négocient pas. Sur le terrain et dans toutes les instances, et en premier lieu dans les formations spécialisées santé sécurité et conditions de travail (F3SCT), les équipes de SUD éducation mènent la bataille pour faire respecter les droits des personnels. Une des batailles actuelles est portée sur le front du bâti scolaire : rénovation énergétique, ambiance thermique, pollution de l’air, scandale de l’amiante.
Plus largement, SUD éducation mène aussi un travail transversal sur la santé des personnels car on observe que les choix de société ont un effet direct sur la santé et la vie des agent·es : les effets dévastateurs du capitalisme, la crise écologique et l’hégémonie du modèle agricole productiviste ont par exemple des conséquences terribles sur la santé des personnes et en particulier des plus précaires.
Dans cette brochure SUD éducation vous informe sur les droits des personnels, sur les revendications portées par notre syndicat, et sur les avancées que constituent l’accord Protection Sociale Complémentaire.
Sommaire
- La Protection Sociale Complémentaire : ça va changer quoi ?
- L’indigence de la médecine de prévention dans l’Éducation Nationale
- Arrêts maladie & subrogation pour les personnels AED et AESH
- Santé des femmes : pour un congé menstruel !
- Une reconversion écologique de la société aussi pour protéger notre santé !
- Les personnels handicapés : droits & conditions de travail
- Face à l’amiante, réagissons !
1 - La Protection Sociale Complémentaire : ça va changer quoi ?
Le régime de sécurité sociale dans l’éducation et la recherche repose sur deux piliers : l’assurance maladie et les mutuelles. Historiquement, la MGEN a assuré les deux.
D’abord parce qu’en vertu de la loi Morice de 1947, la MGEN est devenue l’intermédiaire de la Sécu. Elle verse donc les remboursements que verse l’assurance maladie dans les régimes de droit privé.
Ensuite, la MGEN a pu assurer un rôle de mutuelle pour la grande majorité des personnels, même si la part d’adhérent⋅es à la MGEN s’effrite désormais.
Avec une décennie de retard sur le secteur privé, la fonction publique de l’État vient de se doter d’un système de protection sociale complémentaire en santé et en prévoyance qui entrera en vigueur en juillet 2025.
Quels sont les enjeux de la Protection complémentaire en santé et en prévoyance ?
Dans le système actuel, les agent·es contractent des contrats individuels auprès d’organismes complémentaires, référencés ou non. Les offres référencées proposent plusieurs formules à des prix différents, auxquelles les agents souscrivent en fonction de leur niveau de ressources.
L’accord fonction publique de février 2022 que Solidaires Fonction Publique a signé instaure un régime basé sur un contrat collectif à adhésion obligatoire. Chaque ministère passera un marché public retenant un opérateur pour des prestations complémentaires en santé. SUD éducation est particulièrement attaché au caractère universel du régime, qui permet de garantir des solidarités et une équité pour le plus grand nombre.
Face au désengagement progressif de l’État de la sécurité sociale, il est difficile de laisser les agent·es seul·es face à des frais de santé qui explosent et que tou·tes ne peuvent pas financer. C’est pourquoi, dans le cadre de la négociation, l’État-employeur s’engage à assumer la moitié d’une cotisation d’équilibre pour financer le régime. Pour notre ministère, le plus gros de la Fonction Publique de l’État, on estime le coût annuel à environ 600 millions d’euros.
Le nouveau régime contient un système de gouvernance qui offre plus de garanties de transparence de la gestion de l’argent public et des cotisations des agent·es avec une commission consultative de pilotage et de suivi (CCPS) où siège SUD éducation. C’est devant cette CCPS que le prestataire devra présenter des bilans sur son action et sa gestion.
Solidaires Fonction Publique et SUD éducation ont signé les accords en santé et en prévoyance parce que les agent·es y gagnent des droits. Sur la prévoyance, qui concerne la couverture de l’incapacité liée à la maladie ou à l’invalidité, les négociations ont permis d’arracher à l’État-employeur des millions d’euros pour les agents en augmentant la prise en charge du maintien de rémunération en cas d’arrêt longs, et la perspective d’un régime d’invalidité de la Fonction Publique à l’horizon 2027 offre des garanties pour les agent·es qui se retrouvent dans une situation d’invalidité du fait de leur santé.
Un nouveau régime : vers un mieux pour tou·tes ?
- En santé
Les organisations de la Fonction Publique ont négocié un panier de soins socle repris dans les ministères, qui est d’un bon niveau de remboursement. Il correspond aujourd’hui à une dépense autour de 82€/mois par personne dans une mutuelle. Les prestataires qui seront retenus n’auront aucune marge de manœuvre. Ils seront dans l’obligation de servir les prestations contenues dans ce panier de soin socle. Globalement, ce panier soin est d’un meilleur niveau que les niveaux de remboursement des offres référencées chez les mutuelles historiques de notre secteur.
Dans le cadre de la négociation ministérielle, SUD éducation a revendiqué constamment (avec l’ensemble des autres organisations syndicales) l’amélioration du socle. La Direction Générale de l’administration de la Fonction Publique (DGAFP) a refusé. Le gouvernement a cependant dû accorder une prise en charge forfaitaire par agent·e de 5€/mois pour des options complémentaires qui améliorent le panier de soins. Si nous ne sommes pas favorables au système des options parce qu’elles creusent les inégalités entre agent·es, nous avons fait en sorte d’en limiter le nombre et le coût prévisible pour que l’ensemble reste accessible au plus grand nombre dans notre ministère.
SUD éducation a axé ses interventions dans la négociation autour des questions de santé propres aux femmes qui représentent 73% des personnels, et de l’équité envers les bas salaires et les agent·es contractuel·les.
- En prévoyance
SUD éducation et Solidaires Fonction Publique revendiquent le couplage des complémentaires en santé et prévoyance, ce sont les deux faces d’une même pièce. Dans l’accord ministériel que nous avons signé, nous avons fait en sorte d’imbriquer les deux aspects pour tendre à ce couplage.
Dans le cadre de la négociation sur la prévoyance, nous avons privilégié le renforcement des garanties employeur, en somme, une augmentation de la prise en charge financière sur les congés longs pour cause de maladie non imputable au service. La prise en charge du Congé longue maladie sera plus importante, en introduisant dans l’assiette du maintien de la rémunération la conservation de l’indemnitaire pérenne et de certaines primes (par exemple les HSA pour les enseignant·es). Pour la première année du CLM, la rémunération sera maintenue à hauteur de 100% du traitement indiciaire brut et 33% des indemnités pérennes ; pour les années 2 et 3 du CLM, la rémunération sera maintenue à hauteur de 60% (indemnités pérennes comprises).
La complémentaire prévoyance (à adhésion facultative) permettra de compléter la rémunération des agent·es à la hauteur de ce qui se pratique aujourd’hui, mais avec des coûts moindres du fait de l’augmentation de la participation employeur. En outre, le ministère de la Fonction Publique a cédé dans le cadre des négociations une aide forfaitaire de 7€/mois ce qui ramène les contrats de prévoyance à un prix tout à fait abordable en fonction de la rémunération des agent·es.
[Faire un mini encart] Attention : Lorsque l’arrêt de travail dépasse les 90 jours, lors du passage à demi-traitement, les cotisations mutuelles qui sont prélevées directement sur la fiche de paye s’arrêtent sans que l’administration pense à prévenir les agent·es. L’organisme de mutuelle vous demandera donc d’acquitter directement la cotisation.
Des mécanismes de solidarité
L’universalité du régime suppose également des mécanismes de solidarité intergénérationnels et dans les cotisations. Un fond spécifique d’aide aux retraité·es (environ 800 000 personnes) est mis en place, à hauteur de 3% de la cotisation acquittée par les agent·es et de 2% sur celles des retraité·es. Il y a également un mécanisme de plafonnement des cotisations des retraité·es et une progressivité vers un montant maximal.
Un second fonds sera destiné à financer des actions sociales à destination des bénéficiaires du régime, sans se substituer à l’action sociale ministérielle et interministérielle. Ce fonds sera abondé par une contribution de 2% sur les cotisations des adhérent·es.
Pour les deux fonds, la CPPS aura un rôle central en matière de pilotage et de gestion/utilisation des fonds.
Le régime prévoit également des mécanismes pour les ayants-droits (conjoint·es ou enfant). Si le/la conjoint·e n’est pas fonctionnaire et n’a pas de PSC pris en charge par son employeur, sa cotisation est plafonnée à 110% de la cotisation d’équilibre.
Pour les enfants : le premier enfant est plafonné à 50% de la cotisation d’équilibre, de même pour le second, le 3e enfant est dispensé de cotisation.
En négociation, nous avons obtenu que les options des enfants soient dégressives en termes de prix : 50% pour le premier enfant ; 25% pour le second et 0% pour le 3e.
Combien ça va coûter ?
À ce stade, il est impossible d’évaluer très précisément le coût de la complémentaire santé pour les personnels. Les facteurs sont nombreux : inflation actuelle et à anticiper, tarifs proposés par les mutuelles dans le cadre de la négociation, désengagement de la Sécurité sociale du fait du Gouvernement… De plus, le tarif effectivement payé par chacun⋅e dépendra des enfants à charge, de l’éventuel⋅le conjoint⋅e, et du niveau de revenu.
Pour donner une idée, la mutuelle reviendra fin 2025 à environ 65 euros pour une personne percevant un salaire net de 2000 euros hors prime avec une première option en santé, et la prévoyance. Une AESH rémunérée 1000€ par mois, la fourchette se situera autour de 45 – 50€ dans les mêmes conditions.
Dans l’ensemble, il s’agira de niveaux de prix comparables à ce que les personnels paient actuellement, mais pour une couverture de meilleure qualité.
Il reste encore du chemin à parcourir
Si le nouveau régime est globalement plus favorable et que les agent·es y seront gagnant·es, il reste des choses à améliorer :
- que les collègues contractuel·les qui sont couvert·es par les couverture santé solidaires (ex-CMU) puissent être intégré·es dans le régime pour avoir une meilleure couverture santé ;
- obtenir une baisse du prix de la cotisation des enfants
- que les personnels aux rémunérations les plus faibles, en catégorie C notamment, puissent bénéficier d’une indemnité qui serait une aide mensuelle à la PSC
2 - L’indigence de la médecine de prévention dans l’Éducation Nationale
L’Éducation Nationale est, en nombre d’agent·es qui y travaillent, l’un des plus gros ministères. C’est aussi le plus mal doté en médecins du travail. La situation y est pire que dans le secteur privé, pire que dans le reste de la fonction publique !
La médecine du travail, à quoi ça sert ?
Le service de médecine de prévention fait appel, aux côtés du·de la médecin du travail à des infirmier·es et le cas échéant à des secrétaires médicaux·ales, à des personnes ou organismes possédant des compétences médicales, techniques ou organisationnelles nécessaires à la prévention des risques professionnels et à l’amélioration des conditions de travail.
C’est le·la médecin du travail qui reçoit les personnels pour des visites médicales, suit leur état de santé au regard des expositions aux divers risques matériels, aux polluants chimiques et environnementaux, et aux risques psychosociaux.
Ce sont également les médecins du travail qui font des préconisations d’aménagements de poste, et d’adaptations pour les personnels en situation de handicap. Ils·elles sont sollicité·es sur les dossiers soumis à l’avis du conseil médical.
Ils·elles apportent aussi une expertise médicale sur l’environnement professionnel (accessibilité, hygiène générale des locaux, sécurité, conditions de travail, aménagement organisationnel, équipement matériel, etc.), sont associé·es à l’analyse des risques professionnels, en particulier des risques psychosociaux ainsi que des causes d’accidents de service et de maladies professionnelles ou à caractère professionnel, contribuent à l’élaboration du programme annuel de prévention, participent aux travaux des formations spécialisée en santé, sécurité des conditions de travail, peuvent participer comme membre expert à la commission d’hygiène et de sécurité d’un établissement scolaire, présentent chaque année un rapport d’activité de la médecine de prévention, conduisent des études et des enquêtes épidémiologiques…
Leurs actions en milieu professionnel doivent s’établir au minimum à tiers du temps disponible du·de la médecin. Tou·tes ont libre accès aux lieux et locaux de travail.
Ça c’est la théorie. Et en pratique ?
Le rapport d’activité sur la médecine du travail du ministère indique qu’en 2022, 40188 visites seulement ont été réalisées pour plus de 1 193 500 personnels de l’Éducation Nationale. 78 médecins étaient en poste pour un équivalent de 67 temps pleins, dans 26 académies (sur 30). Les 31 infirmier‧es et 29 psychologues du travail qui sont en poste ne pallient pas le manque de médecins. Parmi les 78 médecins, les deux tiers ont plus de 55 ans et 15 ont plus de 65 ans.
Ainsi en 2022, il n’y avait au ministère de l’Éducation Nationale qu’un·e médecin à temps plein pour 17 720 agents. Le ratio préconisé est de un·e médecin pour 2 500 agent·es. Si l’on fait le compte, cela signifie qu’il manque 84 % des effectifs. Pour que la médecine du travail mène à bien ses missions dans l’Éducation nationale, il faudrait donc recruter 411 médecins à temps plein.
Mais plutôt que de respecter ces obligations légales, notre employeur préfère changer le texte !
En 2020, notre employeur a fait passer un décret pour invisibiliser cette pénurie et donner l’impression qu’il fait quelque chose.
Le décret n° 2020 – 647 du 27 mai 2020 (qui modifie le décret n° 82 – 453 du 22 mai 1982) prévoit désormais que le·la médecin coordonne une équipe pluridisciplinaire qui peut comprendre des infirmier·es, des collaborateurs médecins.
Les visites médicales obligatoires se nomment maintenant visites d’information et de prévention. Elles peuvent être effectuées par le·la médecin du travail, ou un·e collaborateur·ice médecin ou un·e infirmier·e.
La contractualisation permet de faire appel à des collaborateur·ices médecins disposant d’une formation en médecine du travail pour assurer le suivi médical classique de salarié·es dans les zones où le nombre ou la disponibilité des médecins du travail sont insuffisants. Mais ces collaborateur·ices ne peuvent pas assurer le suivi renforcé, ne bénéficient pas des prérogatives des médecins du travail comme l’accès aux lieux de travail et donc ne peuvent pas connaître les postes de travail.
Si le recrutement d’infirmier·es formé·es en santé au travail pourraient permettre de mettre en œuvre plus largement les visites médicales, elles et ils n’ont pas le pouvoir d’écriture des médecins pour les adaptations de poste, ni leur expertise sur le milieu professionnel.
Les conséquences pour les personnels
La grande majorité des personnels de l’Éducation nationale n’a jamais bénéficié de la visite médicale de prévention, ni n’a de toute sa carrière, rencontré un·e médecin du travail. La contractualisation ou la mutualisation des services visant à réparer cette injustice n’est qu’un leurre : il s’agit de gérer la pénurie. Il n’y a pas plus de médecins dans les autres services, et la médecine de ville est également sous tension dans de nombreux territoires.
Pour faire respecter ses droits, et obtenir la traçabilité des expositions professionnelles, SUD éducation engage les travailleur·euses à demander partout le bénéfice de la visite médicale.
La santé psychique des personnels : un enjeu de la santé au travail
La défense de la santé psychique des personnels est une revendication importante pour SUD éducation. Le travail épuise parfois jusqu’à en devenir malade, expose à des situations de violence physique ou morale, soumet à des pressions hiérarchiques aux effets délétères d’un management pathogène, confronte à une perte de sens des métiers et à des réformes imposées de plus en plus fréquentes. Les personnels développant des troubles anxieux ou se retrouvant en situation de burn out sont de plus en plus nombreux·ses.
Bien que dans un certain nombre de rectorats, l’administration ait recruté des psychologues, la politique de l’administration est insuffisante. Il s’agit de psychologues du travail qui peuvent être amené·es à travailler directement sur l’organisation du travail, plus rarement de psychologues clinicien·nes à la disposition des personnels pour les accompagner et les écouter. La préservation de la santé psychique des agent·es fait partie des obligations de l’Éducation Nationale, qu’elle a bien du mal à respecter, puisque seules 16 académies sur 31 disposent d’un·e psychologue.
La campagne visite médicale de Sud Éducation
Pour rappel, tout personnel peut demander le bénéfice d’une visite médicale du travail (article 24 – 2 du décret 82 – 453 du 28 mai 1982). L’employeur ne respecte pas ses obligations en la matière.
C’est pourquoi SUD éducation a déjà obtenu la condamnation des rectorats aux tribunaux administratifs de Nantes et Créteil le contraignant à permettre aux personnels concernés d’avoir accès à une visite médicale ou le forcer à recruter un·e médecin du travail. Dans le cadre de ces campagnes, SUD éducation a fait condamner un rectorat à recruter un médecin du travail pour remédier à la situation de pénurie qui privait les agent·es d’un recours effectif à leurs droits.
SUD éducation revendique :
- La formation et le recrutement de médecins du travail à hauteur des besoins,
- Le bénéfice de la visite médicale annuelle pour l’ensemble des personnels afin de tracer nos expositions professionnelles et bénéficier d’adaptations de postes le cas échéant,
- L’octroi effectif d’allègements de service chaque fois que préconisé par le·la médecin du travail.
Temps partiel thérapeutique : dernière évolutions réglementaires
Depuis 2021, il n’est plus nécessaire d’avoir été en arrêt de travail pour obtenir le bénéfice du temps partiel thérapeutique.
Celui-ci est accordé pour une durée de 1 à 3 mois renouvelables dans la limite d’un an. Ces périodes peuvent être entrecoupées de retours à temps complet. Il ne peut pas être inférieur à un mi-temps.
Il faut adresser à l’administration une demande d’autorisation de servir à temps partiel pour raison thérapeutique accompagnée d’un certificat médical qui mentionne la quotité de temps de travail, la durée et les modalités d’exercice des fonctions à temps partiel pour raison thérapeutique prescrites.
L’autorisation prend effet à la date de la réception de la demande par l’administration.
L’administration peut demander à un⋅e médecin agréé⋅e l’examen de l’agent⋅e en temps partiel thérapeutique. Cet examen est obligatoire en cas de prolongation.
La médecine de prévention doit être informée par l’administration.
Un nouveau temps partiel thérapeutique peut être obtenu après une période de 1 an. Depuis 2021, l’interdiction de bénéficier plusieurs fois de ce dispositif pour la même affection a disparu de la réglementation.
Quels sont mes droits ?
Plein traitement + indemnité de résidence + supplément familial de traitement. Les primes et indemnités sont versées au prorata de la durée effective de service accomplie. Les droits à congés légaux sont les mêmes que pour tout agent à temps partiel (5 fois les obligations hebdomadaires de service).
Textes de référence : Décret n° 2021 – 997 du 28 juillet 2021 relatif au temps partiel pour raison thérapeutique dans la fonction publique de l’État, articles 23 – 1 à 23 – 11
Article L 823 – 1 à L 823 – 6 du code général de la Fonction Publique
3 - Arrêts maladie & subrogation pour les personnels AED et AESH
La subrogation, dans le droit civil, c’est le fait qu’une entité se substitue à une autre pour le paiement d’une créance. Dans le cas des arrêts maladie ou congés maternité, ce système permet à l’employeur de maintenir le salaire et de percevoir lui-même les indemnités journalières de la sécurité sociale (IJSS). Pour l’agent, l’arrêt maladie est donc traité, en fonction des droits ouverts et à l’exception du jour de carence, sans interruption du versement de salaire.
Par exemple, un⋅e AED en congé maladie ordinaire, dans la limite de ses droits à congés maladie indemnisés à plein traitement puis à mi-traitement, continuera à percevoir son salaire. C’est le service de paye qui récupérera les IJSS directement auprès de la sécurité sociale après avoir transmis l’attestation de travail*. Un jour de carence sera cependant appliqué.
* Pour les agent⋅es affilié⋅es à la MGEN, la transmission de l’attestation de travail peut dans certains cas être à la charge de l’agent.
L’accord Fonction Publique prévoyance d’octobre 2023 tend à une convergence des régimes entre les fonctionnaires et les contractuel·les, les droits au congé de maladie ordinaire suivront alors les mêmes mécanismes : soit 3 mois à plein traitement pris en charge par l’employeur et 9 mois à demi-traitement. Les conditions d’ancienneté pour activer l’ensemble de ces droits à congé maladie sont réduites à 4 mois.
Cependant, pour une grande partie des collègues cette subrogation n’existe pas (encore). En effet, les personnels AED et AESH payé⋅es par les DDFIP ne peuvent en bénéficier car ce système n’est pas mis en place (contrairement à la majeure partie des services de paye des établissements mutualisateurs).
Dans ce cas, les arrêts de travail ou congés maternité peuvent entraîner des trop-perçus car le salaire est dans un premier temps maintenu. C’est à l’agent de faire les démarches auprès de la CPAM pour s’assurer que les IJSS lui seront bien versées tandis que chaque mois suivant la saisie par les services gestionnaires de l’arrêt de travail ou de la période de congé maternité des sommes indues sont prélevées sur le salaire.
Ce n’est pas sans conséquence pour les collègues qui ont des fins de mois déjà difficiles de se voir prélever cent euros, parfois plus, sur un salaire déjà très bas. En parallèle le versement d’un coup des IJSS peut entraîner la perte de droits aux allocations familiales.
Le détail des sommes prélevées au titre des trop-perçus est souvent compliqué à comprendre et les calculs pour s’y retrouver deviennent un vrai casse-tête.
Cela pénalise d’autant plus les femmes qui subissent ce traitement durant des mois, voire des années, en cas de congé maternité, ainsi que les collègues en arrêt maladie pendant une longue période.
La subrogation devrait bientôt s’appliquer à l’ensemble des agent·es contractuel⋅les, donc à l’ensemble des AED et AESH ; c’est ce que prévoit l’article 3.2 de l’accord cadre prévoyance du 20 octobre 2023. Le ministère de la Fonction Publique annonce la mise en place de la subrogation au 1er janvier 2025, ce qui constituera une amélioration significative pour les agent·es contractuel·les de notre ministère.
En attendant, n’hésitez pas à contacter le syndicat SUD éducation de votre département pour vous y retrouver dans vos droits.
Congé de grave maladie : quelles évolutions ?
Le congé de grave maladie permet aux agent·es contractuel·les dont l’état de santé le nécessite d’être arrêté·es jusqu’à trois ans. Ce CGM vient d’être réformé dans le cadre de l’accord prévoyance de la Fonction Publique d’octobre 2023. La logique de l’accord majoritaire signé par Solidaires Fonction Publique dont fait partie SUD éducation, est de faire converger les régimes des fonctionnaires et des contractuels.
Le recours effectif à ce droit passe de trois années de services effectifs à quatre mois. En application de l’article 13 du décret n°86 – 83, l’agent fait une demande de congé grave maladie adressée à son employeur accompagné d’un certificat médical de son médecin prescrivant cet arrêt long et accompagné d’un second certificat contenant les détails médicaux sous pli confidentiel. L’employeur saisit alors le conseil médical départemental en formation restreinte pour recueillir son avis sur la demande de congé grave maladie. La décision de l’employeur se fonde sur cet avis (mais l’avis rendu n’oblige pas l’administration à le suivre).
En congé de grave maladie, accordé jusqu’à trois ans, l’agent·e contractuel·le bénéficiera la première année de son traitement à 100% dont le maintien d’une partie de l’indemnitaire pérenne* ; les deuxième et troisième année du CGM sont rémunérées à hauteur de 60% de la rémunération (traitement indiciaire brut + indemnitaire pérenne).
*ne sont pas comptabilisées comme pérennes les primes et indemnités que l’agent·e ne perçoit plus en cas de remplacement par un·e autre agent·e.
4 - Santé des femmes : pour un congé menstruel !
Pour notre santé, imposons le congé menstruel au travail !
Avec un taux de féminisation de plus de 70 %, il est grand temps pour le ministère de l’Éducation nationale, mais aussi pour l’Enseignement Supérieur, de prendre des mesures concrètes. L’invisibilisation au travail des douleurs menstruelles et de l’endométriose conduit à la normalisation des douleurs, à nous rendre silencieuses face à la douleur et à perpétuer le tabou des règles. Les douleurs menstruelles sont minimisées, invisibilisées ou considérées comme normales. Pourtant, elles pèsent sur la rémunération des personnes menstruées qui subissent le jour de carence lorsque la douleur les empêche d’aller travailler.
Que préconise la stratégie nationale de lutte contre l’endométriose du Ministère de la Santé et des Solidarités ?
“Améliorer les conditions d’exercice des femmes qui souffrent d’endométriose en aménageant leurs horaires et/ou poste de travail.
Recenser et valoriser les bonnes pratiques des employeurs accordant des jours de congés, rémunérés ou non, sans justificatif (congé menstruel) ou des aménagements alternatifs : horaires flexibles, espaces de repos, télétravail, temps dédié pour des consultations gynécologiques, etc. Cette action se fera en lien avec le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, le secrétariat d’État chargé des Retraites et de la Santé au travail et la direction générale du Travail.”
La dysménorrhée
→ Près d’une femme* sur deux dit souffrir de dysménorrhée (règles douloureuses).
→ 65 % des femmes salariées ont déjà été confrontées à des difficultés liées à leurs règles au travail.
→ 19% ont renoncé à aller au travail en raison de règles douloureuses.
→ 27% n’ont pas osé dire à leur supérieur hiérarchique qu’elles étaient dans l’incapacité de travailler à cause de leurs règles (douloureuses, trop intenses, flux trop abondant…).
→ 35 % déclarent que leurs douleurs menstruelles impactent négativement leur travail.
Sondage IFOP de mai 2021.
*Le terme “femmes” est celui employé par l’IFOP. À SUD éducation, nous n’oublions pas que les femmes cis, les personnes non-binaires et les hommes trans peuvent avoir leurs règles.
L’endométriose
→ 1 femme sur 10 souffre d’endométriose.
L’endométriose est une maladie gynécologique qui se caractérise par la présence anormale, dans la cavité abdominale, de tissu endométrial. L’endométriose se traduit essentiellement par des crises de maux de ventre et des troubles de la fertilité.
Selon sa localisation, ce tissu endométrial peut provoquer des douleurs parfois insupportables ou entraîner une envie d’uriner permanente. Les personnes qui souffrent d’endométriose attendent en moyenne 7 ans pour que les médecins posent un diagnostic.
Pour l’instant, certaines formes d’endométriose peuvent être reconnues comme Affection Longue Durée 31 (ALD31), mais la démarche est longue et compliquée pour les patientes et accorde une protection insuffisante.
Attention aux potentielles discriminations
Ces revendications doivent s’inscrire dans un plan d’égalité femmes-hommes global et ambitieux afin que le congé menstruel ne devienne pas, par un effet pervers, un frein à la carrière des femmes : on peut en effet craindre que les employeur·euses choisissent de ne pas les recruter ou de ne pas les promouvoir parce qu’elles auraient un droit à des congés plus importants et seraient moins rentables.
Au contraire, la prise en charge de la santé menstruelle dans le monde du travail doit inciter non seulement les personnels de santé à mieux soigner la dysménorrhée et l’endométriose, mais aussi les employeur·euses à améliorer les conditions de travail de tou·tes.
D’autres l’ont déjà fait !
→ à la Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (DDETS) 31, il existe un droit à absence pour règles douloureuses d’une journée par mois.
→ le Parlement espagnol a voté le 15 décembre 2022 un texte instituant un congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses.
→ Au Japon, le congé menstruel existe depuis 1947. Néanmoins, seules 30% des entreprises remboursent ce congé.
Les revendications de SUD éducation pour la santé et l’égalité professionnelle !
Dans le cadre du prochain Plan national d’action pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans le MEN et le MESR, SUD éducation proposera l’inclusion de mesures prenant en compte la santé et l’hygiène menstruelle au travail avec :
🟣 la mise en œuvre d’un congé menstruel sous la forme d’ASA (Autorisation Spéciale d’Absence), à raison de vingt jours par an. La demande d’ASA pour indisposition en raison de symptômes inconfortables liés à son cycle menstruel ne devra pas faire l’objet d’un justificatif, et sera sans jour de carence ni délai.
🟣 la reconnaissance de l’endométriose comme affection longue durée en tant qu’ALD 30 (prise en charge à 100 % des soins conventionnés et des déplacements sans avance de frais, congés maladies sans jour de carence, aménagement du temps de travail…)
🟣 la mise à disposition d’une salle de détente et des pauses adaptées aux besoins des personnes qui ont leurs règles.
🟣 la mise à disposition de protections périodiques dans tous les établissements : en tant que produits de première nécessité, elles doivent être accessibles au même titre que le papier hygiénique dans les établissements scolaires et d’enseignement supérieur.
🟣 une formation des personnels sur l’intérêt et les enjeux de la santé menstruelle, afin d’améliorer les connaissances et de lever les tabous.
🟣 un recrutement massif de médecins du travail, formé·es en santé au travail ;
🟣 le bénéfice de la visite médicale annuelle pour l’ensemble des personnels.
Impact des Violences sexistes et sexuelles au travail
Selon l’OMS : « La violence – sous toutes ses formes – peut avoir un impact sur la santé et le bien-être d’une femme tout au long de sa vie – longtemps même après que la violence a pu prendre fin. Elle est associée à un risque accru de traumatismes, de dépression, de troubles anxieux, de grossesses non planifiées, d’infections sexuellement transmissibles, y compris le VIH, et de nombreux autres problèmes de santé. »
D’après la Dre Muriel Salmona, les conséquences des violences sexistes et sexuelles sur la santé des victimes sont donc à la fois liées :
- aux conséquences immédiates des coups et blessures, qui peuvent aller jusqu’à la mort
- aux conséquences immédiates du stress extrême subi lors des violences physiques, psychologiques et sexuelles
- aux conséquences différées des mois, années, voire des dizaines d’années après la fin des violences
Tous ces troubles sont augmentés de manière significative en cas de violences et de troubles psychotraumatiques.
Violences sexistes et sexuelles au travail, de quoi parle-t-on ?
Chaque jour, en France, des femmes sont victimes de violences psychologiques, verbales, économiques, médicales, physiques ou sexuelles. Selon l’OMS, « une femme sur trois est victime de violence physique ou sexuelle ». Le ministère de l’Intérieur recensaitait 102 féminicides en 2020, 122 en 2021, 147 en 2022 et 94 en 2023. En moyenne, 94 000 femmes sont victimes de viol(s) et/ou de tentative(s) de viol chaque année. En France, il y a eu 244 000 plaintes pour violences conjugales en 2022.
La Convention européenne dite d’Istanbul (ratifiée le 4 juillet 2014 par la France) donne cette définition des violences sexistes et sexuelles : « tous les actes de violence fondés sur le genre qui entraînent ou sont susceptibles d’entraîner pour les femmes des dommages ou souffrances de nature physique, sexuelle, psychologique ou économique, y compris la menace de se livrer à de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou privée ».
Les violences sexistes et sexuelles contre les femmes ne sont pas des actes isolés, elles contribuent à maintenir un système patriarcal fondé sur la domination et l’exploitation des femmes. Les violences sexistes et sexuelles fonctionnent ensemble et on observe un continuum de ces violences : c’est parce qu’il y a un sexisme ordinaire qui est toléré dans notre société que des violences plus graves sont commises contre les femmes. Toutes les femmes ont été et sont concernées, quel que soit leur âge, leur classe sociale, leur emploi, leur apparence, leur origine, leur lieu de vie…
Ressources :
Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail > avft.org
Enquête Nous toutes > noustoutes.org/enquetes
Rapport du HCE > bit.ly/3GXWell
Enquête IFOP > ifop.com/publication/observatoire-europeen-du-sexisme-et-du-harcelement-sexuel-au-travail/
Maria Da Silva > Survivre au taff, Guide d’autodéfense
Défenseure des droits > defenseurdesdroits.fr
Le guide de l’Union syndicale Solidaires dont SUD éducation est membre :
Agir syndicalement contre les violences sexuelles au travail
- solidaires.org/Guide-Solidaires-Agir-syndicalement-contre-les-violences-sexistes-et-sexuelles
Fiche Ressources avec les contacts d’association qui pourront vous orienter et vous accompagner.
> sudeducation.org/wp-content/uploads/2022/02/Ressources-VSS.pdf
SUD éducation accompagne les personnels de l’Éducation nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche victimes de violences. Les militant·es de SUD éducation de votre département pourront vous écouter, vous orienter et vous accompagner dans les démarches à faire dans le cadre du travail. Pour connaître les coordonnées du syndicat SUD éducation de votre département :
- sudeducation.org/contact
5 - Une reconversion écologique de la société aussi pour protéger notre santé !
Pics de pollution ? Il faut agir vite et changer de société !
SUD éducation porte des revendications pour la justice sociale et climatique dans le secteur de l’Éducation nationale et de l’Enseignement Supérieur et la Recherche. Zoom sur les revendications en matière de pollution de l’air.
La pollution de l’air représente le risque de santé lié à l’environnement le plus important en Europe. Elle est à l’origine chaque année de maladies cardiovasculaires et respiratoires graves : un rapport de l’Agence Européenne pour l’Environnement estime que 1 % des cas de cancer en Europe découlent de cette pollution, et la France n’est pas en reste puisque l’exposition aux particules fines y est responsable de 40 000 décès prématurés par an. C’est sans compter l’impact sur les écosystèmes terrestres et aquatiques et sur le climat, qui subit également des conséquences de la présence de polluants dans l’atmosphère.
La pollution de l’air peut provenir de l’intérieur des bâtiments, comme de l’extérieur. A l’intérieur, il peut s’agir de la concentration en dioxyde de carbone, mais également des formaldéhydes dégagés par les peintures ou les meubles neufs, ou du benzène provenant du trafic routier ou de l’industrie. L’exposition aux polluants a des effets sanitaires néfastes, comme des pathologies du système respiratoire (rhinites, bronchites), des maux de tête, de la fatigue, une irritation des yeux, des nausées, etc., voire un effet cancérogène. Ces polluants sont désormais soumis à des mesures obligatoires (chaque année pour le dioxyde de carbone, à chaque étape clé de la vie de l’établissement pour les formaldéhydes et le benzène) dans le cadre des textes sur la qualité de l’air intérieur (QAI).
En attendant, en cas de pollution de l’air ou de taux important de CO2, la première réponse qui nous est apportée est d’ouvrir les fenêtres (quand elles peuvent s’ouvrir) pour aérer. Le hic, c’est que l’air extérieur n’est pas toujours de meilleure qualité !
À certaines périodes de l’année, l’intensité des émissions polluantes (issues majoritairement de l’agriculture, de l’industrie, du chauffage résidentiel et du transport) couplée à des conditions météorologiques défavorables (vents faibles, grand froid ou grand chaud) peuvent donner lieu à ce que l’on appelle des pics ou épisodes de pollution, dont le seuil est fixé par réglementation nationale. L’État alerte alors de la présence, dans l’air, d’un taux trop important d’un ou plusieurs des polluants suivants : les particules ou poussières en suspension (PM), les oxydes d’azote (NOx), le dioxyde de soufre (SO2), les composés organiques volatiles (COV), les métaux lourds, l’ozone (O3), l’ammoniac (NH3) et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).
On a par exemple assisté à la fin du mois de mars 2022 à de forts pics de pollution dans plusieurs régions. En Bretagne et en Île-de-France, un dépassement notable du seuil de particules fines a été constaté le 25 mars 2022. Les mois d’été et d’hiver ont eux aussi favorisé ces épisodes de pollution dans de nombreuses régions, et le mois de mars 2023 a fait écho à celui de l’année précédente.
Bien que, globalement, les émissions de tous les principaux polluants atmosphériques en France et dans l’Union européenne diminuent depuis 2005, ces pics de pollution sont récurrents, et ils le resteront tant que les autorités n’auront pas pris les mesures fortes nécessaires.
Il existe déjà plusieurs mesures législatives (européennes, françaises et locales) liées à la pollution de l’air : elles se traduisent par des objectifs, des taux réglementaires d’émission, la réduction de la vitesse sur les voies rapides, la circulation différenciée, la prise en charge d’une partie ou de la totalité des coûts des transports en commun, etc… En 2017, le Conseil d’État avait déjà ordonné au gouvernement d’agir contre la pollution atmosphérique. Malgré une forte baisse des émissions liée à la pandémie en 2020, on observe toujours des dépassements à Paris, Marseille-Aix, Lyon, Strasbourg, Grenoble, Toulouse, Reims et Fort-de-France. En août 2021, l’État est condamné à agir suite à une action en justice de l’association Les Amis de la Terre, sous peine d’une astreinte de 10 millions d’euros par semestre de retard. Le Ministère des Solidarités et de la Santé a également publié un document consacré aux épisodes de pollution et aux gestes à faire pour s’en prévenir.
Néanmoins ces actions sont encore insuffisantes puisque la pollution de l’air continue d’avoir des conséquences néfastes sur la santé des humains et sur l’environnement.
Les épisodes de pollution ne sont qu’un effet néfaste supplémentaire d’un modèle de production capitaliste et productiviste bien trop polluant, qui exploite ses salarié·es pour surproduire et accumuler des bénéfices au détriment des populations. Pourtant, des solutions globales et pérennes existent qui permettraient d’aboutir à une société à la fois respectueuse des êtres vivants et plus égalitaire, et qui permettrait de subvenir aux besoins de tous et de toutes. Tout ceci passe par une transformation radicale et positive de notre société (baisse du temps de travail, sobriété, production non-marchande et non-polluante, partage des richesses, reprise du contrôle de la production par les salarié·es….)
Les pics de pollution, la partie visible de la pollution de l’air
Si les pics de pollution engendrent des alertes concernant la pollution atmosphérique, celle-ci est en réalité permanente, et partout, puisqu’elle est charriée par le vent. Des chercheurs et chercheuses de l’Université d’Auckland en Nouvelle-Zélande ont ainsi établi en 2022 que les études antérieures sur la quantité de microplastiques flottant dans l’air (par exemple à Paris, Londres ou Hambourg) les sous-estimaient, faute d’outils pour capter les plus petits d’entre eux, qui sont aussi les plus dangereux pour notre santé puisqu’ils pénètrent plus facilement dans nos cellules. Une fois ces petits plastiques pris en compte, ce sont en fait 74 tonnes de microplastiques qui stagnent chaque année dans l’air d’Auckland, ce qui correspond à 3 millions de bouteilles en plastique. Quelle quantité de pollution le corps humain peut-il supporter, et à plus forte raison celui des enfants ?
Dans notre secteur
La pollution de l’air a des conséquences directes sur la santé des personnels de l’éducation et sur celle des élèves. L’académie de Paris a ainsi écrit aux établissements scolaires et aux écoles le vendredi 25 mars 2022 pour alerter sur le dépassement du seuil de particules fines : les activités sportives de forte intensité sont déconseillées et il est recommandé d’apporter une attention toute particulière aux personnes vulnérables et aux enfants souffrant d’asthme. La situation s’était déjà produite en 2021 et dans plusieurs régions de France métropolitaine, suite à une recommandation du ministère.
Il est urgent d’agir sur les causes de cette pollution et l’Éducation nationale doit participer à cet effort.
Le ministère est responsable de milliers de trajets superflus tous les jours. Les suppressions de poste et les diminutions de dotations horaires amènent les personnels à se déplacer de plus en plus loin de chez elles et eux, et souvent sur plusieurs établissements pour pouvoir compléter un poste. C’est le cas du personnel médico-social, mais également du personnel enseignant, parfois contraint de se rendre dans trois, voire quatre établissements éloignés pour satisfaire aux obligations de service. Les titulaires remplaçant·es sont régulièrement affecté·es sans raison valable en dehors de leurs zones de remplacement. Pour la qualité du service proposé aux élèves, pour des conditions de travail acceptables et pour répondre à la crise climatique, il est indispensable de supprimer sans délai ces déplacements évitables et néfastes !
- L’Éducation nationale et l’Enseignement supérieur doivent recruter massivement, augmenter les moyens horaires des personnels enseignants et médico-sociaux, et ouvrir des écoles et des universités afin de rapprocher les élèves, les lycéen·nes et les étudiant·es de leurs lieux de formation.
- Il faut limiter les services partagés sur plusieurs établissements, et interdire les compléments inférieurs à 25% d’une obligation réglementaire de service.
- Les abonnements de transports publics doivent être pris en charge intégralement pour tou·tes les élèves, mais également pour les agent·es des établissements publics.
- Le ministère de l’Éducation nationale doit négocier des tarifs d’achats groupés de vélos pour tous les personnels.
SUD éducation appelle les personnels à consigner les dangers de la pollution de l’air lors des épisodes de pics de pollution dans les RSST (Registres Santé et Sécurité au Travail, accessible pour les personnels et usager·es dans tous les établissements).
Exemple de signalement dans le RSST :
“En [région], le taux de particules fines est supérieur au seuil réglementaire. Cette situation provoque chez moi une gêne respiratoire /une gêne cardiaque /un sentiment d’anxiété.”
SUD éducation revendique une politique ambitieuse en matière de transport pour aller vers plus de transports publics et gratuits avec :
- une augmentation à 400€ immédiatement comme pour les salarié·es du privé et à terme le montant de FMD doit être de 500€ ou plus pour les plus précaires, comme proposé par la Convention citoyenne pour le climat,
- le développement des transports en commun sur tout le territoire afin de permettre à tous les personnels de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur de pouvoir se rendre sur leur lieu de travail en transports en commun.
Mais aussi :
- des bâtiments scolaires et universitaires adaptés : végétalisation des cours de récréation, dépollution des sols, maîtrise de la consommation d’eau et d’énergie, diagnostics énergétiques communiqués au personnel et aux usager·es, production d’énergie renouvelable sur site.
- une restauration scolaire adaptée aux enjeux climatiques et favorisant les repas végétariens, végans, locaux et de saison.
- une révision de la carte des formations proposées en lycée professionnel avec des métiers véritablement durables.
- des objectifs de réductions des émissions de CO2 réellement contraignants pour l’État et les entreprises.
- une transformation écologique et sociale globale de la société.
Pour la reconversion écologique de l’école et de la société, il faut agir !
La crise écologique s’aggrave. Les épisodes de sécheresse et de canicule se multiplient et s’intensifient, entraînant des pénuries d’eau. En France, 72 % des nappes phréatiques étaient sous les normales de saison en août 2022. Les pluies augmentent dans les zones humides avec des risques accrus d’inondations. La montée des eaux, du fait notamment de la fonte des glaces, menace de nombreux territoires côtiers.
À l’échelle de la planète, les plus riches sont les principaux responsables de la crise écologique, et pourtant ce sont les plus pauvres qui en subissent et subiront les conséquences de plein fouet. En ce sens, le combat écologique fait partie intégrante de l’action syndicale. Dans l’éducation, il nous appartient de préparer les jeunes aux transformations qui nous attendent et de nous mobiliser pour imposer la reconversion écologique de l’école.
Les revendications de SUD éducation
→ Un plan de rénovation du bâti scolaire contre le gaspillage énergétique,
→ La réduction, l’amélioration de la gestion et du tri des déchets,
→ Le développement de restaurations scolaires qui promeuvent l’agroécologie,
→ Le développement et l’amélioration des transports en commun et leur gratuité,
→ Un usage raisonné, économe et autonome des outils numériques,
→ L’abandon des partenariats entre l’Éducation nationale et les grandes entreprises du numérique (Gafam) au profit du développement de logiciels libres,
→ L’intégration de la question écologique dans les programmes scolaires et dans la formation des personnels,
→ Une carte des formations ouverte sur les métiers de la reconversion écologique.
Greenwashing dans l’Éducation nationale : pour agir contre la crise écologique, les “petits gestes” ne suffisent pas !
Les 20 mesures annoncées en juin 2023 par le ministère de l’Éducation nationale tendent à verdir le système scolaire : montée en puissance des “éco-délégué·es” et de la labellisation E3D (École ou Établissement en Démarche globale de Développement durable), intégration de la transition écologique dans l’Enseignement moral et civique (EMC), mise en place d’un référentiel de compétences relatif à la transition écologique, formation de tous les personnels d’ici 2027 et maintenant plantation d’arbres en sixième…
Ces mesures sont très insuffisantes car elles se limitent à faire la promotion des “petits gestes” en responsabilisant les élèves et les personnels sans transformer le fonctionnement des écoles et des établissements scolaires. L’addition des petits gestes individuels est insuffisante pour limiter les émissions de CO2.
La politique des “petits gestes” est particulièrement injuste socialement : ce sont les classes populaires que l’école veut responsabiliser en leur inculquant les “petits gestes” alors que ce sont les plus grandes entreprises (Gazprom, Suncor, ExxonMobil, Total ou Shell) et les classes sociales les plus aisées qui polluent le plus. Ce sont aussi les plus riches qui ont les moyens d’affronter l’inflation résultant des pénuries, de se préparer aux risques, y compris par des moyens qui aggravent le problème, comme l’installation généralisée de systèmes de climatisation pendant les épisodes caniculaires. Au contraire, les habitant·es des quartiers populaires subissent déjà plus fortement la pollution de l’air, l’alimentation de mauvaise qualité, les passoires thermiques.
Pour SUD éducation, il faut s’attaquer aux causes de la crise écologique dans tous les domaines de la société, y compris à l’école. Face à la crise écologique, mobilisons-nous pour imposer une transformation de l’économie, qui cesse de prendre la croissance économique pour objectif, et imposer la réduction des inégalités sociales et le développement des services publics.
L’exemple de la pollution numérique dans l’Éducation nationale
Selon l’Ademe, la pollution numérique représenterait jusqu’à 2,5% des émissions de CO₂ totales en France, c’est-à-dire autant que le trafic aérien français. Cette pollution résulte de la fabrication des appareils et du fonctionnement du réseau internet. La consommation de streaming vidéo représente près de 1% des émissions mondiales de CO₂. Pourtant, la “stratégie numérique” déployée par l’Éducation nationale reste imperméable aux enjeux écologiques puisque le ministère renvoie aux collectivités territoriales la mise à disposition d’outils numériques. Celles-ci subissent le lobbying des géants du numérique comme Google et Microsoft. Dans certaines académies, les personnels et les élèves reçoivent des ordinateurs et des tablettes Windows bas de gamme avec une faible réparabilité.
Au contraire, le ministère devrait développer des logiciels libres à utiliser dans l’Éducation nationale et cesser les partenariats avec les entreprises polluantes.
Rénover le bâti scolaire : une urgence écologique, une urgence pour la santé des personnels et des élèves !
Avec 51 000 écoles, collèges et lycées, le bâti scolaire représente 45 % des bâtiments à la charge des collectivités territoriales. Or le bâti scolaire est largement montré du doigt : trop chaud en été, trop froid en hiver et particulièrement énergivore. La loi fixe pourtant un objectif de réduction de la consommation d’énergie pour les bâtiments publics de 40% d’ici 2030, 50% d’ici 2040, 60% d’ici 2050.
De plus, la présence d’amiante dans 80 % des lycées professionnels, 77 % des lycées généraux et technologiques, 73 % des collèges et 38% des écoles, exige des opérations de désamiantage importantes. La rénovation du bâti scolaire est une nécessité pour lutter contre la crise écologique en réduisant la consommation d’énergie, mais aussi pour améliorer les conditions de travail des personnels et d’étude des élèves et protéger leur santé. On estime le coût de la rénovation énergétique du bâti scolaire à 50 milliards d’euros or le gouvernement a débloqué un fonds vert de seulement 2 milliards d’euros !
Comment agir ?
Pour SUD éducation, il faut mettre notre employeur face à ses responsabilités et le contraindre à faire les travaux et les adaptations nécessaires pour protéger notre santé au travail. S’il fait trop chaud ou trop froid, alors il faut utiliser les outils de santé et sécurité au travail : le Registre Santé et Sécurité au Travail, le droit de retrait, les Formations spécialisées et construire des mobilisations ! Contactez le syndicat SUD éducation de votre département pour être accompagné·es !
SUD éducation a recensé les effets des températures trop élevées et trop faibles sur le corps ainsi que les recommandations de l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles · Santé et sécurité au travail.).
Attention : certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres au froid et à la chaleur.
Mobilisons-nous pour des restaurations scolaires et universitaires qui promeuvent l’agroécologie !
Parmi les 7 millions de repas servis chaque jour dans des restaurants collectifs, 33,7% sont servis dans le cadre scolaire et universitaire. L’alimentation est un enjeu central de la reconversion écologique et sociale de la société. Il faut changer radicalement de mode d’approvisionnement, transformer nos pratiques alimentaires et lutter contre le gaspillage. Néanmoins, on s’aperçoit que sur le terrain, nombre de cantines scolaires et universitaires sont très en retard et n’ont pas engagé les transformations nécessaires. Les cantines scolaires et universitaires dépendent des collectivités territoriales et des CROUS, la politique de territorialisation des missions de services publics (la restauration scolaire) renforce les inégalités sociales car les moyens des collectivités comme des CROUS sont très hétérogènes. Les collectivités ou les CROUS les plus pauvres ne parviennent pas à mettre en place une politique ambitieuse de transformation écologique des services de restauration, faute de moyens… quand cette restauration existe seulement, car en Guyane par exemple, la moitié des élèves de l’académie n’a accès à aucune cantine : il faut urgemment remédier à cela et permettre à chaque élève de bénéficier d’un repas équilibré !
Trop souvent, la reconversion écologique des cantines repose sur le volontarisme et l’engagement de quelques personnels sensibilisés aux enjeux environnementaux. Ces personnels se battent pour proposer une alimentation plus écologique alors qu’il faut une politique publique volontariste pour impulser partout ces transformations.
Quel impact environnemental pour les cantines scolaires et universitaires aujourd’hui ?
le coût environnemental du gaspillage alimentaire et des cantines centrales
En 2018, l’ADEME (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a dénoncé la situation des cantines scolaires : un établissement scolaire jette en moyenne 44 kilos de nourriture à chaque repas, soit 115 grammes par plateau. Ce sont les aliments dont l’impact énergétique est le plus important qui sont les plus jetés (la viande, le poisson). L’Ademe montre également que le gaspillage est moins important lorsque les repas sont préparés sur place que dans les cuisines centrales. L’Ademe estime le coût du gaspillage à 0,27 euros euro par repas dans les écoles, et cette somme s’élève à 0,36 euro par repas au collège.
Par ailleurs, les cantines centrales génèrent énormément de déchets liés à l’emballage des plats qui seront ensuite transportés et réchauffés dans les établissements scolaires, sans parler des déchets organiques qui ne sont que rarement compostés. Cela induit aussi des trajets supplémentaires et donc une pollution supplémentaire pour ces repas.
L’impact écologique de l’élevage
Selon une étude parue dans la revue Science, la filière élevage prise dans sa globalité est responsable de plus de 15 % des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine (51% selon d’autres sources, qui prennent en compte les émissions liées au transport), de 25 % de l’acidification des sols et de 74 % de l’eutrophisation (pollution qui nourrit trop et fait proliférer les algues) des espaces aquatiques.
Cela est encore plus vrai pour l’élevage intensif qui, outre les sévices qu’il inflige aux animaux, est la cause la plus importante de déforestation de l’Amazonie. Notons cependant que même en bio, extensif et local, le bilan carbone de l’élevage bovin est moins bon que celui de la culture de légumineuses (bio et locales également).
Selon cette même étude de la revue Science, l’adoption d’une alimentation entièrement végétalienne permettrait la réduction de 76 % des surfaces utilisées et de 49 % des émissions de gaz à effet de serre dues à la production alimentaire ; mais la seule réduction de 50% des aliments d’origine animale permettrait déjà de réduire de 51% les surfaces utilisées et de 36% les émissions de gaz à effet de serre. Des chercheurs de l’université d’Oxford, quant à eux, estiment que si les pays développés réduisent de 90% leur consommation de viande et de 60% leur consommation de lait et d’œufs d’ici 2050, cela permettrait de limiter à 1,5 °C la hausse de la température mondiale .
En outre, la production de protéines animales demande entre 1,5 et 2,5 fois plus d’eau que la production de protéines végétales, argument d’importance étant donné les enjeux actuels autour de l’eau (sécheresses, méga-bassines, barrages…)
En finir avec l’agriculture industrielle intensive
L’éducation à l’alimentation et le développement d’une alimentation issue des circuits courts sont des enjeux primordiaux pour garantir notre santé, celle des élèves et pour agir contre la crise environnementale. La plupart des produits servis dans les cantines sont issus de l’agriculture industrielle, qui selon les ONGs est responsable de près de 50% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. L’utilisation des énergies fossiles pour le transport des marchandises aggrave ce coût environnemental.
Cette agriculture entraîne également la déforestation de nombreuses zones de la planète, détruisant des réserves de carbone, une pollution des sols et des nappes phréatiques à cause de l’utilisation de pesticides et impacte fortement la santé des agriculteurices et de leur famille. La France est le troisième consommateur de pesticides dans le monde. Notons aussi les ravages de la culture intensive des palmiers à huile en Asie du Sud-Est pour la production d’huile destinée à l’exportation (y compris en France), qui provoque de nombreux dégâts (déforestation massive, contamination des sols, de l’eau et de l’air par des produits toxiques, extinction de diverses espèces animales). De plus, les conditions de travail dans ces exploitations sont souvent inacceptables.
Loi Egalim : une loi peu ambitieuse et sous-appliquée !
La loi « Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire » (Egalim) adoptée le 1er novembre 2018 prévoit, à partir du 1er janvier 2022, une obligation pour les cantines scolaires d’introduire un minimum de produits bio et de qualité. Celle-ci a été amendée et renforcée par la loi AGEC en février 2020, puis par la loi Climat et Résilience, publiée en août 2021. La loi EGALIM comprend 5 mesures qui ciblent la restauration collective d’établissements en charge d’une mission de service public :
“la diversification protéique, visant à promouvoir la diversité alimentaire et à réduire les impacts environnementaux de l’alimentation, par le biais d’une alimentation plus végétale.” : dans ce cadre, les cantines doivent proposer au moins une fois par semaine un menu végétarien. De plus, à compter du 1er janvier 2023, la restauration collective d’État (qui comprend les CROUS) doit proposer au moins un repas végétarien quotidien si plusieurs menus sont proposés ; cette obligation ne concerne pas les cantines scolaires qui relèvent des collectivités locales. Un repas végétarien a une empreinte environnementale 4 fois inférieure à un repas comprenant de la viande bovine. Par ailleurs, le Programme National Nutrition Santé recommande de diminuer la consommation de viande et de charcuterie pour aller vers une alimentation plus riche en végétaux. Selon Greenpeace, en 2020, 73 à 89% des villes proposaient dans leur cantine un menu végétarien hebdomadaire dans les cantines contre 59% des collèges et 52% des lycées.
“Des produits de qualité et/ou durables dans les assiettes, pour améliorer la qualité et durabilité des produits servis en restauration collective, et contribuer à la structuration de filières plus durables” : les restaurations scolaires ont pour obligation de servir, depuis le 1er janvier 2022, au moins 50% de produits répondant à des critères de qualité ou de durabilité (commerce équitable, label rouge, AOP, IGP) dont 20% de bio. Le pourcentage de produits « durables » doit même être de 100% pour la viande et le poisson dans la restauration collective d’Etat, ou de 60 % dans les collectivités territoriales.
Les objectifs d’au moins 20 % de bio dans la restauration collective à partir de 2022 n’ont pas été atteints faute de moyens suffisants. En 2021, nous n’en étions qu’à 23% de produits de qualité dont 10,6 % de bio .
“L’information des convives et l’affichage, afin d’engager les restaurants vis-à-vis de leurs convives et de contribuer à la sensibilisation de ceux-ci quant aux actions mises en œuvre”
“L’interdiction de certains contenants ou ustensiles en plastiques, afin de limiter les risques sanitaires et de réduire les quantités de déchets” : on peut exiger des restaurations scolaires publiques la suppression totale de l’utilisation du plastique à compter du 1er janvier 2025.
“La lutte contre le gaspillage alimentaire, afin de réduire les déchets et les coûts associés au gaspillage”.
Ces 5 mesures-cibles constituent une évolution sur laquelle s’appuyer, néanmoins on remarque que l’État n’a pas mis en œuvre les moyens nécessaires pour les appliquer, la situation reste très hétérogène selon les cantines et les personnels doivent se mobiliser pour obtenir des avancées.
Quelles possibilités d’action collective ?
des interpellations : motions et courriers des personnels !
La loi Egalim est peu ambitieuse ; néanmoins, nous pouvons l’utiliser pour mettre l’État et les services décentralisés face à leurs responsabilités et pour mobiliser les personnels.
La loi prévoit en effet des modalités de contrôle des produits proposés dans les restaurations collectives dont on peut se saisir pour mener des actions collectives sur le terrain.
La loi Egalim dispose que “Les gestionnaires, publics et privés, des services de restauration scolaire et universitaire […] sont tenus de respecter des règles, déterminées par décret, relatives à la qualité nutritionnelle des repas qu’ils proposent et de privilégier, lors du choix des produits entrant dans la composition de ces repas, les produits de saison. Les règles relatives à la qualité nutritionnelle des repas sont publiées sous la forme d’une charte affichée dans les services concernés.”
Vous pouvez entamer dans un premier temps des demandes de contrôle de la qualité de la nourriture conformément à la loi Egalim. Il est primordial de discuter collectivement avec tous les personnels de l’établissement ou de l’école des doutes que vous pouvez avoir sur la qualité nutritionnelle des repas afin de rédiger des courriers collectifs à votre hiérarchie et à la collectivité territoriale dont dépend votre service de restauration scolaire.
De même, la loi prévoit un accès renforcé à l’information au sujet de la qualité des produits.
“Article L230‑2 (Code rural et de la pêche maritime)
L’autorité administrative compétente de l’Etat peut, afin de disposer des éléments nécessaires à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique publique de l’alimentation, imposer aux producteurs, transformateurs et distributeurs de produits alimentaires, quelle que soit leur forme juridique, la transmission de données de nature technique, économique ou socio-économique relatives à la production, à l’importation, à la transformation, à la commercialisation et à la consommation de ces produits.”
Utilisons cet article pour exiger d’obtenir les informations quant à la provenance et la qualité des produits consommés dans les cantines scolaires et universitaires.
des mobilisations collectives !
Le gouvernement refuse de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour engager une véritable reconversion écologique de la société. Notre rôle d’organisation syndicale est de d’une part de dénoncer la vitrine verte de la politique gouvernementale et d’autre part de construire des résistances et des propositions sur le terrain pour impulser ce mouvement de reconversion écologique. Les courriers et motions peuvent permettre de construire du collectif pour ensuite organiser des réunions d’information syndicale, des réunions publiques, de contacter la presse, d’organiser des rassemblements…
Pour SUD éducation, il est primordial que les personnels élaborent sur leur lieu de travail leurs revendications. Construisons nos plateformes revendicatives !
Les revendications de SUD éducation pour des restaurations scolaires et universitaires agroécologiques
- L’élaboration d’au moins 2 repas végétariens ou végétaliens par semaine et un choix de menu (entre un menu végétarien/végétalien et l’autre, omnivore) pour les autres repas, en limitant la consommation de viande rouge.
- L’obligation d’une option végétalienne chaque jour dans toute restauration scolaire et universitaire.
- L’intégration, dans le plan de formation obligatoire de tous les personnels de restauration scolaire et universitaire, de la végétalisation des menus.
- La suppression de l’huile de palme des ingrédients utilisés dans les menus.
- La prise en compte de la préservation de la biodiversité et des conditions de travail dans le choix des fournisseurs de denrées
- Le renforcement des filières locales et biologiques dans la restauration scolaire avec pour objectif le 100 % bio, sans hausse du prix du repas pour les familles.
- La fin des cantines centrales et le retour à des cantines sur site, et la création d’une plateforme mettant en relation les producteurs bio et locaux et les établissements et mairies
- La présence d’un Restaurant Universitaire de taille adaptée au nombre d’étudiant·es sur tous les campus et d’une restauration collective pour toutes les écoles/collèges/lycées de France métropolitaine ET ultra-marine.
- La création poste d’agent·es fonctionnaires pour mettre en œuvre la reconversion écologique dans les cantines et les restaurants universitaires
6 - Les personnels handicapés : droits & conditions de travail
Le ministère de l‘Éducation nationale emploie 3,6% de personnels en situation de handicap. On est donc loin de l’obligation légale d’employer au moins 6% de travailleurs·euses en situation de handicap pour les entreprises d’au moins 20 salarié·es et les employeurs publics.
Bénéficier d’une RQTH (reconnaissance en qualité de travailleuse et travailleur handicapés) donne des droits mais ceux-ci sont parfois soumis à l’aval du médecin du travail.
Il existe aussi des dispositifs pour améliorer les conditions de travail des personnels en situation de handicap.
Cependant, les démarches pour en bénéficier sont souvent longues et complexes et ne sont pas toujours retenues par l’administration.
Définition du handicap selon la loi du 11 février 2005
La loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées du 11 février 2005 définit le handicap de la façon suivante :
« Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant ».
Pour obtenir une reconnaissance de travailleur·euse handicapé·e, il faut constituer un dossier auprès de la MDPH (maison départementale des personnes handicapées). Il peut être utile (mais pas obligatoire) de faire déterminer un taux d’incapacité. Par exemple, si le taux d’incapacité de la personne en situation de handicap est égal ou supérieur à 80%, celle-ci peut bénéficier d’avantages notamment fiscaux.
Droits des personnels en situation de handicap à l’Éducation nationale :
Le temps partiel de droit – Les personnels bénéficiaires de l’obligation d’emploi, après avis du médecin du travail, peuvent bénéficier d’un temps partiel de droit pour une année scolaire renouvelable deux fois.
SUD éducation combat la précarisation qu’induit l’administration en incitant les collègues en situation de handicap à demander des temps partiels de droits du fait de leur handicap plutôt que d’aménager leur poste de travail et d’alléger leur service. C’est bien à l’administration de prendre en charge les situations des personnels en situation de handicap, notamment en termes de rémunération, d’avancement et de préservation des droits à la retraite.
Départ à la retraite anticipée - Un·e agent·e peut partir à la retraite avant 62 ans (au plus tôt à partir de 55 ans) s’iel remplit certaines conditions de durée d’assurance retraite et de durée cotisée. Il faut pour cela être atteint·e d’un taux d’incapacité d’au moins 50% pendant les durées exigées. Dans le cas où iel remplit la durée d’assurance vieillesse exigée mais sans justifier de la reconnaissance administrative de son handicap pour ces périodes, iel peut valider sa demande à condition d’avoir une incapacité permanente d’au moins 80% au moment de la demande.
Droit à la formation - L’ensemble des formations sont accessibles aux agent·es en situation de handicap incluant la préparation aux concours. Si besoin, les formations sont aménagées en fonction du handicap (tiers-temps pour les concours, par exemple). Il existe aussi un droit à une formation spécifique destinée à compenser leur handicap.
Priorité pour les mutations - Une bonification de droit au titre du handicap de 100 points est accordée lors des mutations inter. Attention, elle n’est pas automatique ! Les agent·es concerné·es doivent fournir la notification MDPH à chaque demande. Une bonification sur dossier de 800 points (1er degré) ou 1000 points ( 2nd degré) peut être accordée après avis médical. Les critères d’attributions sont opaques. Le nombre de points de ces deux bonifications au titre du handicap attribué à l’intra varie selon les académies et portent sur des vœux larges. Les deux bonifications ne sont pas cumulables.
Conditions de travail des personnels en situation de handicap
En règle générale, quand une personne est confrontée à une situation médicale difficile, elle peut demander au médecin du travail des préconisations pour améliorer ses conditions de travail. Les préconisations du médecin ne sont pas des injonctions mais quand elles sont refusées par l’administration celle-ci doit motiver par écrit sa décision et en informer la F3SCT.
L’aménagement de poste - Il est à renouveler tous les ans. Il faut constituer un dossier à envoyer au médecin conseil du Recteur d’académie qui donnera un avis. Il peut constituer, par exemple, en une mise à disposition de matériel spécifique, une aide humaine ou un aménagement d’emploi du temps.
L’allègement de service - Il permet de réduire le temps de travail en conservant un salaire à plein traitement. C’est une mesure exceptionnelle qui est accordée aux agent·es qui doivent recevoir des traitements médicaux lourds mais qui souhaitent continuer leur activité.
Définition du projet professionnel - Il permet de faire un bilan de compétence pris en charge financièrement par le FIPHFP, fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique, mais seulement si l’agent·e ne peut plus exercer les fonctions pour lesquelles iel a été recruté·e et si les aménagements de poste ne sont plus possibles pour le maintien dans l’emploi.
Affectation sur un emploi de même grade - Si l’aménagement de poste est impossible ou insuffisant, la nouvelle affectation est prononcée après avis du comité médical après un CLM, un CLD ou un CMO de plus de six mois. Dans les autres cas, l’avis du médecin du travail peut suffire.
Affectation sur un poste adapté – Il existe deux types de poste adapté : de courte durée (un an renouvelable deux fois) et de longue durée (4 ans renouvelable sans limite).
Affectation sur un poste adapté au CNED - Elle est réservée aux enseignant·es atteint·es d’une affection chronique invalidante et définitivement inaptes à un enseignement devant élèves. L’aptitude à une utilisation de l’outil numérique est indispensable. Le nombre de postes au CNED est très limité.
Le reclassement - Il est possible en cas d’inaptitude temporaire ou définitive constatée par le conseil médical restreint. Si l’administration n’est pas en mesure de le proposer sur un autre emploi, l’agent·e est mis·e en retraite anticipée, L’agent·e a droit à une période de préparation au reclassement d’une durée maximale d’un an à plein traitement.
Si vous êtes confronté·e à des difficultés d’intégration, aux préjugés ou tout type d’incompréhension liés au handicap de la part de vos collègues ou chef·fes d’établissement vous pouvez demander au correspondant handicap de votre académie d’intervenir dans le cadre d’une formation pour sensibiliser l’ensemble des personnel au handicap sur votre lieu de travail.
L’obligation d’emploi des travailleurs et des travailleuses handicapé·es dans l’Éducation nationale, ça donne quoi ?
Dans l’Éducation nationale, on compte seulement 3,5 % de personnels handicapés. Ces personnels sont largement discriminés dans leur vie professionnelle. On compte peu de mesures d’adaptation et celles-ci sont sans cesse remises en cause et soumises à des réévaluations. Les personnels en situation de handicap sont trop souvent dépendant·es du bon vouloir de leur hiérarchie dans l’adaptation de leurs conditions de travail sans que la médecine du travail, réduite à peau de chagrin (80 médecins pour 1 million de personnels) ne puisse jouer réellement son rôle. Par ailleurs, la politique de rémunération au mérite et d’augmentation des heures supplémentaires est largement défavorable aux personnels handicapés dont l’augmentation du temps de travail nuit davantage à leur santé. Le manque d’adaptation des conditions de travail a pour conséquence une fatigue supplémentaire, pourtant les personnels handicapés sont plus mal noté·es par leur hiérarchie qui leur reproche plus souvent un manque d’investissement dans les projets de l’établissement par rapport à d’autres collègues valides.
Et du côté du personnel de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ?
Depuis 1987, l’État comme tout employeur se doit d’atteindre 6% d’agent·es en situation de handicap dans ses administrations. Et dans l’ESR comme dans la majorité des cas, on est loin du compte. Tout simplement parce que l’État a créé les conditions pour y déroger, en permettant aux établissements publics de cotiser aux FIPHFP (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique) et ne pas satisfaire ces 6%. Selon les bilans sociaux du ministère, le taux d’emploi de personnel en situation de handicap (PSH) tourne autour de 3%. Mais avec ici aussi des disparités tranchantes : moins de 1% des EC et C sont en situation de handicap.
Que ce soit via la voie normale du concours ou via la voie contractuelle spécifique (BOE) le bât blesse : en 2018 seuls.… 5 postes ont été pourvus pour des EC en situation de handicap. Ainsi, on le sait, souvent, sans intervention volontaire des organisations syndicales, la vigilance et la formation aux recrutements de PSH /personnels en situation de handicap par la voie normale ou la voie contractuelle restent bien insuffisantes dans l’ESR.
Pour l’ensemble des PSH, le droit à la compensation – article 11 de la loi du 11 février 2005 – est un dispositif spécifique ou un ensemble de mesures apportées à une personne bénéficiant d’une RQTH. Mais celle-ci ne se résume pas à une prestation financière ou à un aménagement technique de poste. Elle doit être appliquée tant en matériel adapté qu’en aménagement de temps de travail et d’objectifs assignés et/ou d’accompagnement humain, sans pour autant pénaliser les équipes.
Avec la dite « modernisation de la Fonction Publique », les suppressions de postes et le nombre d’agent·es en souffrance se multiplient, et parmi elles et eux se cachent notamment des PSH ou en arrêt de longue maladie. Que ce soit à travers le télétravail « imposé » ou le travail isolé, ces dispositifs, loin de trouver des solutions aux questions de handicap, restent trop souvent des palliatifs qui à terme contribuent à un éloignement des collectifs de travail et sont donc constitutifs de discriminations.
Renforcer l’accompagnement de proximité doit être une priorité dans les services : toute prise en charge ou compensation du handicap implique comme condition sine qua non de créer localement, voire sur chaque site, une fonction de référent·e ou correspondant·e, occupée par une personne compétente et suffisamment formée. Afin que le droit à la compensation soit appliqué dans toutes ses dimensions, les établissements doivent garantir :
Un·e référent·e handicap de proximité, en capacité d’intervenir sur chaque site pour s’assurer du bien-être au travail des PSH et de leurs collègues.
Un aménagement du temps de travail pour les PSH (journées de travail à durée réduite définie par la médecine de prévention, afin de tenir compte de la fatigue liée au handicap, non subie par les autres collègues)
Une réorganisation du travail et une adaptation des postes de travail intégrant aussi celui occupé en télétravail – pour cela, des moyens financiers nécessaires doivent donc être débloqués.
Le dégagement de moyens supplémentaires pour l’ensemble des professions impliquées par le suivi du handicap (médecine du travail, ergonomie, prévention…) et par la sauvegarde des missions des CHSCT, mises en péril par le gouvernement via la LTFP.
7 - Face à l’amiante, réagissons !
D’ici à 2025, l’amiante pourrait provoquer 100 000 morts en France. Mais combien parmi les personnels de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la recherche ? Entre 1998 et 2017, au moins 20 personnels contractent un mésothéliome pleural par an (source : Santé Publique France). Ce chiffre est largement minoré par la sous-déclaration des maladies provoquées par l’amiante, qui de surcroît se déclenchent après des dizaines d’années de latence. Et surtout le risque n’est pas pris en compte !
Il y a donc là un enjeu de santé publique majeur !
C’est pourquoi SUD éducation a lancé cet hiver une grande campagne contre l’amiante en milieu scolaire et universitaire.
C’est quoi l’amiante ?
L’amiante est une roche fibreuse qui possède de nombreuses qualités physiques : résistance à la chaleur, à l’eau, à la tension. C’est un matériau très friable, et donc facilement mélangeable : l’amiante peut se trouver dans n’importe quel matériau composite : plâtre, ciment, carton, textiles, colles.
Les fibres d’amiante sont extrêmement fines, et donc invisibles à l’œil nu. La dangerosité augmente avec la dégradation des matériaux, qui vont libérer les fibres d’amiante dans l’air. Ces fibres sont très volatiles et peuvent rester en suspension dans l’air pendant 24h.
Quels effets sur la santé ?
L’amiante est un matériau hautement cancérogène. L’inhalation ou l’ingestion d’une seule fibre d’amiante
peut suffire à provoquer des pathologies. Les maladies liés à l’amiante peuvent être mortelles et se
déclarer jusqu’à quarante ans après l’exposition. Les pathologies les plus connues liées à l’amiante sont :
– les plaques pleurales et l’asbestose (maladies pulmonaires)
– les cancers : du poumon, des ovaires, et le mésothéliome (le « cancer de l’amiante »).
Le Mésothéliome est un cancer mortel dont le taux de rémission n’excède pas 7% à 5 ans.
Où se cache-t-il ?
L’amiante étant potentiellement présent dans tout matériau composite, il peut se cacher partout : joints de fenêtres, enduit mural, protections coupe-feu, faux-plafonds, flocages, dalles vinyles au sol, colles diverses (pour la faïence, les dalles au sol,…), et bien entendu le très connu « fibro-ciment ».
Les éléments visibles les plus connus sont : le fibro-ciment, les dalles de sol dites « vinyles », les flocages.
Que dit la loi ? [dans un encadré texte en blanc sur fond rouge]
La France a interdit tout usage de l’amiante sur son territoire en 1997. Tout bâtiment dont le permis de construire a été délivré avant le 1er juillet 1997 est donc susceptible de contenir de l’amiante et doit respecter la réglementation spécifique au repérage de l’amiante.
Il existe 2 cadres réglementaires : le code de la santé publique et le code du travail.
Dans le Code de la santé publique, les articles R 1334 – 17, R 1334 – 18 et R 1334 – 29.5 obligent à la création et la mise à jour d’un « Dossier Technique Amiante ». Ce dossier doit contenir, de façon illimitée, tous les documents et les traces de toute action (travaux, modifications, …) sur les bâtiments. Il contient notamment les différents rapports de repérages de l’amiante.
La constitution et la mise à jour de ces DTA est de la responsabilité du propriétaire (mairie pour les écoles, département pour les collèges, région pour les lycées, État pour les universités), du donneur d’ordre ou du maître d’ouvrage.
Cependant, dans le cas de l’éducation nationale et de l’ESR, notre employeur a l’obligation de protéger la santé et d’assurer la sécurité des agent·es (Art. L4121‑1 et suivants du code du travail, applicables à la fonction publique d’État en vertu de l’Art. 3 du décret 82 – 453). Si l’employeur n’est pas en charge de la réalisation de ces documents, il a en revanche pour obligation de s’assurer que les DTA sont bien présents et à jour pour tous les bâtiments où interviennent des agent·es sous son autorité. Les agent·es et les syndicats sont donc légitimes à demander la communication des DTA à l’employeur.
Dans le Code du Travail, l’article R 4412 – 97 oblige le donneur d’ordre, le maître d’ouvrage ou le propriétaire à effectuer un Relevé Avant Travaux (RAT) pour tout type de travaux, même bénins, dans les bâtiments dont le permis de construire a été délivré avant le 1er juillet 1997.
Par contre, toujours en cas de travaux, l’employeur a une obligation qui lui est propre : le plan de prévention (Art. R4512‑6 à R4512-12 du Code du Travail). En particulier, l’article R 4512 – 11 oblige
l’employeur à joindre à ce plan de prévention tous les dossiers techniques, dont le DTA et le RAT.
Les chiffres dans l’Éducation nationale
85% des écoles et établissements scolaires ont été construits avant 1997, date de l’interdiction de l’amiante en France et sont donc concernés par ce risque. En 2016, l’Observatoire National de la Sécurité (ONS) a mené une grande enquête sur les Dossier Technique Amiante dans les écoles et établissements scolaires. Cet organe de contrôle, indépendant, a été supprimé par Blanquer en pleine crise sanitaire COVID. D’après cette enquête, dans près d’un tiers des établissements les Dossiers Techniques Amiante (DTA), pourtant obligatoires, ne sont pas présents. Cependant seul·es un tiers des écoles et établissements ont répondu à l’enquête de l’ONS, on peut donc raisonnablement présager que la grande majorité des établissements et écoles n’ayant pas répondu n’en ont pas non plus. Parmi les 70 % des écoles et établissements où ce dossier existe, 40% n’étaient pas actualisés depuis 2013. Dans ces écoles et établissements, 80% de lycées professionnels, 77% des lycées généraux et technologiques, 73 % des collèges et 38 % des écoles contiennent toujours de l’amiante.
Dans le cadre de notre campagne nationale, SUD éducation met à disposition différents matériels à destination de tous les personnels :
- le tract « Face à l’amiante, réagissons ! » (à illustrer car pas présent dans le document, si possible avec QR code)
- la fiche « Obtenir un DTA »
- la fiche « Lire un DTA »
- plusieurs visuels (affiches, images)
Comment agir à mon échelle ?
L’important est d’essayer dans un premier temps de construire du collectif autour du danger que représente l’amiante. On peut donc par exemple :
– Diffuser le tract et les fiches de SUD éducation sur mon lieu de travail et dans mon entourage
– Demander la tenue d’heure d’information syndicale ou réunion d’information syndicale sur la question
– Demander le DTA de mon lieu de travail, avec l’aide des fiches
– Me rapprocher de SUD éducation pour participer à la campagne nationale et être accompagné·e dans les démarches
Obtenir le DTA » : https://www.sudeducation.org/obtenir-un-dta-dossier-technique-amiante/
Lire le DTA » https://www.sudeducation.org/lire-un-dta-dossier-technique-amiante/