A travers les “vacances apprenantes”, Blanquer étend sa vision autoritaire et réactionnaire à l’éducation populaire

Blanquer semble vouloir étendre la main sur l’éducation populaire en proposant le dispositif de “vacances apprenantes” (classes ouvertes, écoles buissonnière, colonies apprenantes et loisirs apprenants) avec un budget de plus de 200 millions d’euros pour 700 000 élèves, voire un million dans les projections les plus maximalistes du ministre.

Pour vendre les « vacances apprenantes », le ministre de l’Éducation nationale instrumentalise la crise sanitaire en évoquant le retard pris par les élèves « décrocheurs ». Rappelons que durant le confinement aucune nouvelle notion n’était censée être abordée et qu’il est question de remédiation de septembre jusqu’aux vacances de la Toussaint pour tou-te-s les élèves. SUD éducation revendique également un allégement des programmes pour la rentrée.

Le ministre Blanquer prétend agir en faveur des classes populaires par cette nouvelle mesure. Mais rappelons que dans le même temps, les moyens d’encadrement continuent de baisser dans l’éducation prioritaire. Cette dernière est d’ailleurs dans le viseur du ministre, dans la foulée du rapport Mathiot-Azéma, qui a pour objet d’aboutir à la suppression pure et simple des REP.

Le projet de Jean-Michel Blanquer est excessivement ambitieux : il veut toucher 700 000 élèves mais ne semble pas s’être préoccupé du personnel qui encadrera tou-te-s les élèves. Pour l’école ouverte, Il estime que 25 000 personnes seraient nécessaires pour encadrer les 400 000 élèves attendu-e-s sur 2500 établissements scolaires ouverts pendant l’été. Les enseignant-e-s pourront-ils et elles refuser sans subir de pression ? Le volontariat pourra-t-il être maintenu avec de tels effectifs ?
Une fois de plus, Blanquer lance un projet sans l’avoir anticipé. Les personnels enseignants du 1er degré vont se retrouver une fois de plus avec une surcharge de travail due à l’organisation des “vacances apprenantes”, sans respect pour le travail fourni tout au long de l’année.

Blanquer étend son empire sur l’éducation populaire en imposant ses conditions aux associations qui s’associeraient au dispositif : obtention d’un label avec des subventions contre des cours, des activités scolaires, des contenus éducatifs. Il accorde un pouvoir supplémentaires aux DASEN qui auront en charge la labellisation des séjours proposés par les acteurs du secteur comme les colonies, les centres de loisirs, les associations d’éducation populaire, collectivités territoriales, structures privées, comités d’entreprise. Bien sûr, ce sont les associations dont le ministre est proche, comme “Agir pour l’école”, qui tireront leur épingle du jeu.

SUD éducation dénonce la mainmise de Blanquer sur l’éducation populaire. En imposant sa vision autoritaire de l’école, Blanquer semble vouloir détourner les colonies de vacances de ce qu’elles sont à savoir une autre forme d’apprentissage et semble déterminé à mettre fin à plus d’un siècle de pensées et d’actions sociales.