Motion d’actualité du conseil fédéral de décembre 2021

Le contexte est dominé actuellement par la montée des forces d’extrême droite, électorales ou non. Les agressions fascistes de camarades ou de cortèges se multiplient ces derniers mois dans tout le pays à un niveau très alarmant. Le climat d’impunité, la complaisance de la droite et la légitimation médiatique de ces discours permettent ces passages à l’acte et ancrent ces idées dans le débat public. Au-delà, la menace de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite se fait de plus en plus concrète. Il est de la responsabilité du mouvement social et de ses organisations interprofessionnelles d’organiser dès à présent une riposte de masse contre l’extrême-droite et la montée de ses idées notamment racistes, sexistes, xénophobes et contre les LGBTI+ :

  • Cela doit se traduire par des manifestations d’ampleur, la multiplication d’initiatives dans les localités où les organisations d’extrême-droite organisent leurs meetings, et en impulsant dès à présent des cadres unitaires à toutes les échelles permettant l’organisation de mobilisations de masse dans l’entre-deux-tours.
  • C’est le sens de l’engagement de SUD éducation dans son champ de syndicalisation, via une nécessaire intervention sur les lieux de travail : SUD continuera à porter auprès de ses partenaires de l’intersyndicale, et par son implication dans VISA, un cadre de mobilisation commun, à la suite de la tribune que nous avons impulsé avec la CGT, la FSU et l’UNSA-Education.
  • C’est également le sens de l’engagement des syndicalistes SUD-Solidaires dans les cadres de mobilisations antiracistes et en soutien aux migrant·es : manifestations du 18 décembre, grèves de travailleurs·euses sans papiers en cours comme à Chronopost Alfortville (94) ou au centre de tri postal DPD du Coudray-Montceaux (91), ou sur nos lieux de travail avec les mobilisations de RESF ou pour des conditions de logements dignes.

Dans notre secteur, le ministre poursuit dans la lignée qui caractérise son action depuis plusieurs mois :

  • Il minimise la crise sanitaire en refusant de mettre en œuvre les mesures nécessaires pour y faire face. Pire encore, le 25 novembre, Blanquer décidait de ne plus fermer les classes après un cas de Covid dans le 1er degré. Désormais, un test négatif suffit à un retour immédiat en classe. Cette décision est inefficace sur le plan sanitaire et dégrade une fois de plus nos conditions de travail : SUD éducation revendique le retour à la règle de fermeture de la classe dès le premier cas déclaré. Par ailleurs, l’administration en profite notamment pour banaliser le recours aux contractuel·les dans le 1er degré pour pallier le manque de remplaçant⋅es. Au-delà de la question des protocoles, c’est bien l’obtention d’un plan d’urgence qui permettra de faire face de manière durable à la crise sanitaire.
  • Le passage en force des réformes se poursuit, notamment avec le vote de la loi Rilhac, qui transformerait en profondeur le fonctionnement des écoles : il s’agit dorénavant d’en réclamer l’abrogation en poursuivant et en amplifiant la mobilisation des personnels. D’autres réformes structurelles, dénoncées par SUD éducation, poursuivent également la dégradation du service public d’éducation de la maternelle à l’université : la réforme de la formation, la disparition programmée des REP remplacées par les Contrats Locaux d’Accompagnement (CLA) sur projet. Les réformes sont mises en œuvre à marche forcée par les hiérarchies locales, dans le cadre de pressions inacceptables sur les personnels et au mépris des garanties statutaires : SUD éducation appelle les personnels à empêcher la mise en œuvre des auto-évaluations dans les EPLE et dans les écoles, et à poursuivre la mobilisation contre la mise en place des PLE en lycée.
  • Le projet de loi de finances 2022 consacre de nouvelles suppressions de postes à tous les échelons de l’Éducation nationale, et organise la dégradation du service public d’éducation au profit du secteur privé, notamment en retirant à l’école publique plusieurs centaines de millions d’euros sur le budget du MEN. Pour SUD éducation, les créations de postes dans l’éducation et le supérieur sont plus que jamais nécessaires.
  • La machine du tri social bat son plein avec l’arrivée à l’université des premier·es étudiant·es ayant fait tout leur lycée sous Blanquer, et est complétée actuellement par la mise en œuvre à marche forcée de “Trouve mon master” : SUD éducation réactivera prochainement le cadre unitaire qui existait contre Parcoursup pour continuer à combattre l’ensemble de ces réformes et obtenir leur abrogation.

Blanquer continue par ailleurs de se distinguer par ses prises de positions menaçantes et diffamantes envers les personnels, notamment en menaçant les personnels qui ne “respecteraient pas les valeurs de la République”, alors que lui-même les bafoue en permanence. Nous le réaffirmons, la laïcité est une conquête de notre camp social, pas celle des fossoyeurs de l’école publique. Notre campagne pour reprendre l’offensive pour la laïcité est plus que jamais d’actualité : pour la nationalisation de l’enseignement privé, contre les dévoiements racistes et islamophobes, pour le respect plein et entier de la loi 1905 et contre le retour du catholicisme d’État.

Enfin, l’institution ne prend pas la mesure des discriminations racistes et contre les LGBTI+ qui se jouent en son sein, et se limite à des coups de communication sans moyens mis à disposition : le drame du récent suicide de Dinah vient nous le rappeler.

Sur le front des luttes sociales, la dégradation des conditions d’existence des travailleurs et des travailleuses est une préoccupation immédiate particulièrement aiguë : inflation, développement de la précarité et licenciements de masse sont une réalité qui marquent l’actualité sociale. Des luttes, comme celles des Transdev ou des Bergams, se développent. La construction d’un rapport de force interprofessionnel sur les questions de salaires et d’emploi doit être à l’ordre du jour, en se donnant les moyens d’y parvenir. Cela implique la construction de perspectives de mobilisations à échéances suffisamment lointaines pour permettre de s’y préparer, et de faire le lien avec les revendications de notre propre secteur, sur les questions salariales et de précarité notamment. Une telle date pourrait servir de point d’appui majeur dans notre secteur : à nous de nous emparer des dates de grève prévues pour construire à la base, dans les Assemblées générales, les modalités d’action permettant de gagner.