Motion d’actualité du conseil fédéral de septembre 2021

En cet automne 2021, et alors que la crise sanitaire s’éternise, le gouvernement instrumentalise cette situation pour poursuivre son travail de casse sociale, au-delà de sa gestion non démocratique et chaotique de la crise sanitaire. La réforme des retraites est toujours sur la table. La casse de l’assurance-chômage se poursuit, pendant que les travailleurs et travailleuses subissent de plein fouet les effets de la crise. Dans l’Éducation nationale, le ministre a profité de la crise sanitaire pour accélérer l’augmentation de la part du contrôle continu dans le baccalauréat, faisant exploser les inégalités entre établissements et élèves. Il remet ainsi en cause, une nouvelle fois, la liberté pédagogique des équipes. Par ailleurs, le ministère a accéléré la mise en place d’un statut de directeur·trice avec la loi Rilhac, que Macron anticipe en annonçant une expérimentation en ce sens dans les écoles marseillaises. Pourtant, toutes ces réformes sont très largement rejetées par la profession.

La situation sanitaire demeure précaire. Le gouvernement ne se donne pas les moyens de combattre efficacement la pandémie par des politiques publiques ambitieuses et égalitaires. Il préfère la mise en place du passe sanitaire dont SUD éducation revendique l’abrogation, avec l’Union syndicale Solidaires.

De façon générale, le contexte sanitaire a été instrumentalisé par le ministère pour passer en force ses réformes. On a retrouvé une telle méthode chez des chef·fes d’établissement, comme chez les corps d’inspection qui soutiennent sans réserve toutes les dégradations dans les conditions d'enseignement. À cet égard, les effectifs sont une nouvelle fois à la hausse dans les classes en raison des suppressions de postes successives. Aucun moyen supplémentaire n’est dégagé pour pallier les inégalités scolaires. SUD éducation revendique toujours un plan d’urgence pour l’éducation.

Le ministère s’est livré à un véritable démantèlement du statut de la fonction publique en généralisant la contractualisation des métiers de l’Éducation nationale. Pour ce faire, il recourt désormais à des étudiant·es de 2e année de Master MEEF ou encore pire à des officines néo-libérales comme “Le choix de l’école”, dans un contexte de destruction de la formation initiale des enseignant·es. Conspuant les syndicats, en particulier SUD éducation, le Ministère mène une politique autoritaire et répressive et multiplie les entraves au droit syndical.

Après la grève du 23 septembre, une nouvelle échéance s’impose pour remobiliser notre camp social. Le 5 octobre doit être une date de convergence des secteurs en lutte, et permettre la construction d’un mouvement de grève qui s’ancre dans la durée.

L’exploitation des plus précaires s’accentue (services civiques, AED, AESH, Atsem). Les PIAL dégradent les conditions d’emploi des AESH et les conditions d’étude des élèves par gestion purement comptable des affectations. Après les succès des mobilisations de l’an passé, SUD éducation fait de la réussite de la date de grève du 19 octobre une priorité, et s’efforcera de renforcer les collectifs locaux d’AESH en lutte, afin d’inscrire cette mobilisation dans la durée pour gagner sur les revendications : fin des Pial, statut de fonctionnaire, augmentations de salaires.

Au sein du gouvernement, les ministres Blanquer et Vidal incarnent bien la jonction entre néo-libéralisme et conservatisme identitaire que l'on voit à l'œuvre aujourd'hui dans la politique gouvernementale. La récente campagne d’affichage dévoyant la laïcité en est un nouvel exemple.  Contre l’islamophobie et toutes les formes de discrimination, SUD éducation continuera à s’opposer à cette vision réactionnaire de l’école et mènera vigoureusement le combat pour la laïcité. SUD éducation dénonce les liens des ministres avec les sphères réactionnaires et mènera campagne pour la socialisation de l’enseignement privé.

Les attaques de Vidal contre les universitaires, loin d’être une simple manœuvre de diversion, jouent un rôle politique à part entière, dans un contexte général d’offensive raciste et autoritariste et participent à la stratégie de Macron d’aller sur les terrains de prédilection du RN et dans une entreprise de délégitimation de toute forme de critique, universitaire comme politique, sociale, syndicale, antiraciste, féministe, écologiste…

La banalisation dans le débat public des idées réactionnaires, racistes, xénophobes, intolérantes profite aux partis d’extrême-droite, et le gouvernement en porte une écrasante responsabilité. La multiplication de la diffusion d’expressions antisémites et conspirationnistes est particulièrement inquiétante. En cette année d’élections présidentielles, il faut réaffirmer notre mot d’ordre « l’extrême-droite est notre ennemi mortel » dans notre secteur, celui de l'Éducation nationale et de l'université, mais aussi en interpro, et en lien avec Vigilance syndicale antifasciste (VISA) comme dans le cadre unitaire issu de la manif du 12 juin dernier”. SUD éducation mènera des campagnes résolues sur cette question (notamment pour obtenir la fermeture des locaux fascistes) tout au long de l’année, et entamera des démarches en direction de l’intersyndicale à cet effet.