Motion d’actualité du Conseil Fédéral de septembre 2022

Les organisations syndicales SUD-Solidaires, CGT et FSU ont appelé à se mobiliser dès la rentrée pour des augmentations de salaires afin de faire face à une inflation alarmante. Se mobiliser pour les salaires c’est revendiquer une redistribution des richesses plus juste et plus écologique. SUD éducation va poursuivre le travail d’information des personnels sur les augmentations déjà gagnées grâce aux mobilisations menées par les personnels depuis la bataille des retraites qui avait mis au jour le problème des salaires dans l’Éducation nationale et l’Enseignement Supérieur et la Recherche, et sur les inégalités sociales qui s’aggravent. Nous devons parvenir à construire une mobilisation capable d’arracher de vraies victoires salariales pour les travailleurs et les travailleuses.

Pour SUD éducation, les revendications immédiates d’augmentation des salaires de 400€ en excluant toute obligation de services supplémentaires et d’un revenu minimum de 2 200€ bruts doivent être couplées de revendications égalitaires comme la refonte des grilles indiciaires, l’alignement des précaires sur les titulaires et bien évidemment d’indexation des salaires sur l’inflation. Dans l’immédiat, il est urgent d’imposer un blocage des prix.
Dans cette perspective de défense de nos intérêts de classe, SUD éducation avec son Union syndicale Solidaires ripostera fortement à toute nouvelle attaque sur notre régime des retraites, en préparant un mouvement de grève.

Pour SUD éducation la question des augmentations salariales et de l’inflation est entièrement liée à celles du partage des richesses, de la crise environnementale et de la guerre en Ukraine. SUD éducation fait de l’information des personnels quant aux mécanismes d’augmentation des prix et de spéculation et quant aux responsables de la crise environnementale, une priorité. Nous réclamons une augmentation des salaires pour des conditions de vie décentes et non pour encourager la surconsommation.
Nous avons à convaincre, à sensibiliser et à informer nos collègues sur la nécessaire transformation sociale et écologique de la société.
Avec la guerre déclenchée par le régime russe en Ukraine, le capitalisme s’adapte afin de ne pas remettre en cause les profits à travers la spéculation sur la hausse des prix des fluides et les pénuries de certains produits. Dans nos secteurs, l’Éducation nationale et les universités, la crise énergétique et le refus du gouvernement de développer des énergies renouvelables et respectueuses de l'environnement risquent de dégrader davantage les conditions de travail des personnels et d’étude des élèves. On peut craindre une aggravation des inégalités selon les territoires avec des collectivités territoriales incapables de s’approvisionner en matériel nécessaire et de chauffer des écoles et établissements déjà délabrés dans les départements les plus pauvres. Pour les familles populaires, en raison d’un risque d’augmentation des tarifs, l’accès aux cantines scolaires pourrait être menacé. Ce n’est pas à nous ni à nos élèves de payer l’inflation !

Dans un contexte où les attaques réactionnaires prennent toujours plus d’ampleur et se font plus violentes, l’arrivée au pouvoir du fascisme en Italie doit nous inciter à poursuivre et amplifier le travail mené pour défendre un antifascisme de combat et un syndicalisme qui lutte contre toutes les discriminations.
De plus, SUD éducation a entrepris une campagne d’information et de mobilisation des personnels contre les violences sexuelles et sexistes au travail. SUD éducation dénonce une rentrée catastrophique du point de vue de l’accueil des élèves et des personnels LGBTQIA+ et de la mise en place de l’éducation à la vie sexuelle et affective. Malgré la récente condamnation d’un enseignant pour harcèlement au collège Robespierre d’Epinay, on peut déplorer les manquements graves du rectorat qui a entravé les procédures entreprises par les victimes, remis en cause leur parole et failli à leur protection. Les personnels qui dénoncent les agissements sexistes, les agressions sexuelles et les pédocriminels sont rarement soutenus par la hiérarchie, voire subissent des pressions de celle-ci et se retrouvent souvent ostracisés par les collègues. La journée de lutte contre les violences faites aux femmes le 25 novembre 2022 devra permettre de poursuivre et d’amplifier la mobilisation. Commençons dès à présent à construire un 8 mars qui réponde aux enjeux sociaux et environnementaux de la période.

Depuis, la rentrée, le ministre Pap Ndiaye et le président Macron enchaînent les annonces concernant l’Éducation nationale. Malgré le changement de ministre, on retrouve le même projet libéral de soumission de l’école au capitalisme : destruction annoncée de l’enseignement professionnel sous statut scolaire, pré-orientation des élèves et ouverture toujours plus importante de l’école au monde de l’entreprise, financement des écoles et EPLE conditionné à l’élaboration de projets, absence de moyens pour l’éducation prioritaire. SUD éducation se montrera particulièrement vigilant afin d’informer au mieux les personnels des projets ministériels en cours et soutiendra les mobilisations locales.

Les récentes annonces concernant le lycée professionnel auront pour effet de transformer nos élèves en main d'œuvre corvéable et de creuser toujours plus les inégalités scolaires et sociales. SUD éducation est partie prenante de l’Intersyndicale de la voie professionnelle et mettra tout en œuvre pour réussir la première journée de grève du mardi 18 octobre. Nos équipes et nos syndicats, au plus près des AG dans les LP, porteront la nécessité d’une lutte dans la durée, par la grève, jusqu’au retrait total du projet Macron-Grandjean.

Par ailleurs, cette rentrée scolaire est à nouveau marquée par une carence de moyens pour assurer les remplacements dans le 1er, dans le 2nd degré, mais aussi dans l’administration créant de fait une dégradation importante des conditions de travail des personnels. Dès la rentrée, plusieurs établissements se sont mobilisés et cela a permis de déconstruire le discours ministériel en mettant en lumière les postes non pourvus ou encore l’explosion des effectifs notamment en STMG. L’école inclusive reste elle aussi sur le banc de touche, avec 4000 AESH supplémentaires recrutées, on est loin de satisfaire les besoins. SUD éducation porte une campagne pour gagner de vrais moyens afin que l’école inclusive ne soit pas qu’un slogan : pour un vrai statut pour les AESH, de véritables formations pour les personnels et la baisse du nombre d’élèves par classe. Nous rappelons également notre opposition à la mise en place des Pial qui continuent de dégrader les conditions de travail des collègues et la qualité de la prise en charge des élèves qui en ont besoin. À cela s’ajoute une maltraitance institutionnelle décomplexée. Comme à l’hôpital ou à Orange avant sa privatisation, l’institution brise ses personnels et ne considère plus les élèves comme une priorité. Cette technique managériale est bien orchestrée, c’est une volonté de l’État de laisser dépérir le service public d’éducation. Le ministère ne répare plus, il attend que ça casse.

Pap Ndiaye poursuit l’action de Blanquer en recrutant massivement des personnels contractuels pour pallier le manque de titulaires dès l’entrée dans le métier avec les étudiant·es contractuel·es ou encore avec des pratiques qui ont fait scandale comme les job dating. Les personnels contractuels doivent trouver en SUD éducation un outil pour améliorer leurs conditions de travail. Les récentes victoire concernant les AED en témoignent. Les mobilisations soutenues par SUD éducation ont permis l’ouverture de la CDIsation, nos équipes sur le terrain s’emploient à présent à faire respecter la loi, sans discussion, pour toutes celles et ceux qui réunissent les conditions d’ancienneté. De même, notre action en justice pour le paiement de l’indemnité REP/REP+ constitue une victoire et un véritable pas en avant dans l’égalité des droits.
La rentrée dans les universités se fait une fois de plus dans des conditions dégradées : manque de postes à tous les niveaux, de locaux, des personnels précarisés, une paupérisation étudiante qui devient la norme et des étudiant.es sans fac. Parallèlement, les chantiers de la ministre S. Retailleau sont de natures inquiétantes : mise en œuvre des décrets de la LPR, accentuation de l’autonomie des établissements, marchandisation de la recherche… Pour SUD éducation, il est urgent de changer de braquet pour un ESR émancipateur, le droit aux études et une recherche au service de toutes et tous. Dans l’immédiat, il faut supprimer Parcours sup et donner les moyens d’accueillir les étudiant·es.

La poursuite par Ndiaye de la politique de répression initiée par Blanquer constitue un fait majeur en cette rentrée. Kai Terada, professeur au lycée Joliot-Curie de Nanterre et militant de SUD éducation dans les Hauts-de-Seine, a été muté, ce jeudi 22 septembre "dans l'intérêt du service" alors même que son dossier disciplinaire est vide. Il s'agit d'une sanction déguisée, qui dispense de passer par une CAPA disciplinaire pendant laquelle Kai aurait pu se défendre. Cet arbitraire devient malheureusement habituel dans l'EN, après les multiples cas de répression sous le mandat de Blanquer, initié par les collègues du collège République à Bobigny (93). L'arrêté de mutation fait référence, sur la base des conclusions d'une mission d'inspection non communiquées à ce jour, à l'exercice d'un mandat syndical "au-delà de l'exercice normal" qui contribue à la "dégradation du climat au sein de la communauté éducative". C'est le droit de grève et plus globalement le droit syndical qui est attaqué. Cette répression anti-syndicale constitue un danger grave pour l'ensemble des personnels et pour la défense de nos conditions de travail. La mobilisation a vite pris une ampleur nationale, tant au niveau de l'intersyndicale que de la création d'un collectif des réprimé·es, "Sois prof et tais-toi", qui vise à mettre au jour cette politique de répression tous azimuts et à lutter pour y mettre un terme. Nous continuerons à nous mobiliser jusqu'à la réintégration de Kai dans son lycée. La rectrice a annoncé une mise sous tutelle de son établissement, avec notamment une nouvelle mission d'inspection pendant l'année scolaire afin d’y mettre au pas les personnels qui savent, depuis plusieurs années, se mobiliser pour lutter contre la perte de moyens alloués au détriment de la réussite des élèves.
Cette répression cache mal la casse d'un service public d'éducation de qualité qui se poursuit avec Pap NDiaye.

SUD éducation appelle l’ensemble des personnels à construire une grande journée d’action en soutien à Kai et à tou·tes les victimes de la répression anti-syndicale le 11 octobre : par la grève et par des rassemblements dans les territoires.
SUD éducation prendra contact avec les intersyndicales aux différents niveaux pour faire de cette journée une réussite dans les territoires. SUD éducation invite les personnels à s’emparer de cette journée de mobilisation pour protester contre toutes les situations de répression anti-syndicales qui existent localement.

Enfin, le mois de décembre 2022 sera marqué par les élections professionnelles dans l’Éducation nationale, comme dans toute la Fonction publique. Les personnels seront amenés à élire leur·es représentant·es au niveau ministériel et académique. C’est l’occasion pour SUD éducation de faire connaître son projet pour l’école et son projet de transformation sociale. Dans un contexte d’offensives libérales et de régressions sociales, il y a urgence à renforcer un syndicalisme combatif qui porte les revendications des personnels et défend les intérêts des personnels face au gouvernement. SUD éducation fait de ses élections un enjeu majeur pour renforcer nos idées, celles de la transformation sociale, de la lutte contre les inégalités et les discriminations.