Rentrée universitaire : l’enseignement supérieur et l’université encore fragilisés

Dans une interview au Figaro datée du 4 septembre, la ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) Frédérique Vidal affirme que "les établissements sont prêts à recevoir les étudiants". Alors que des vidéos d'amphis bondés avec des étudiant-e-s dans les travées circulent quelques jours à peine après la rentrée, la ministre ne prend pas l'ampleur de la crise qui se profile dans des universités déjà au bord de la rupture bien avant la crise sanitaire.

 

L'annonce très médiatique de 30 000 places supplémentaires, sans date par ailleurs d'annoncée, soit une hausse très faible de 1.8% ne saurait compenser les manques de places criantes que connaissent les universités. D'autant qu'avec un bac obtenu au contrôle continu en 2020 et un taux de réussite supérieur aux années précédentes, les effectifs en cette rentrée en sont plus conséquents (et alors que des milliers d’étudiant-e-s se trouvent encore sans réponses). Ce que Vidal anone, ce sont des formules creuses sur "l'hybridation" des cours entre présentiel et distanciel et l'accent mis sur le tout numérique comme solutions miracles : pansements dérisoires alors que l'université souffre d'un manque d'embauche de personnels enseignants et administratifs pour accompagner des étudiant-e-s fragilisé-e-s par 6 mois sans cours.

 

Les cours à distance durant le confinement (sans parler des examens en lignes) ont constitué, comme nous l'avions craint, un cheval de Troie pour la stratégie ministérielle et des établissements d'imposer leurs outils et leurs méthodes pédagogiques basées sur le recours croissant au numérique, au e-learning, à la "scénarisation", à la dématérialisation des savoirs et à l'individualisation des parcours. Penser comme la ministre qu'il faudrait choisir entre la numérisation des enseignements et des "cours magistraux traditionnels, où le professeur lit son cours face à un amphi d’étudiants qui ne posent pas de questions" est réducteur, méprisant et éloigné de la réalité.

 

Mme Vidal est par ailleurs bien la ministre de ce gouvernement libéral qui offre des cadeaux aux entreprises quand elle répond à la crise de l'université par des aides versées aux entreprises qui recruteraient des apprentis. L'université doit être un service public des savoirs ouvert à toutes et tous, pas le bassin d'emploi des entreprises locales ou des multinationales. À l’image du reste du gouvernement, la ministre verse aussi dans la réaction autoritaire. Elle dénonce des "petits groupes qui s'agitent" sur les campus, alors que justement, les étudiant-e-s s'emparent des questions politiques posées à notre société, dans des universités qui justement reprennent tout leur sens de lieux d'expression publique et intellectuelle.

 

Pour SUD éducation, cette rentrée particulière doit être synonyme d'annonces concrètes pour les universités: embauches massives de personnels, titularisation des personnels précaires, engagement financier massif, ouvertures de locaux, gratuité des masques, protocoles sanitaires clairs.