Déclaration liminaire – Audience du collectif RASED – 25 novembre 2020

Les organisations FCPE, SNUipp-FSU, SE-UNSA, CGT Educ’Action, Sud Education, SNPI-FSU, AFPEN, AGSAS, FNAME, FNAREN, organisations syndicales et associations professionnelles membres du Collectif National RASED, tiennent à vous alerter quant aux orientations ministérielles concernant la difficulté scolaire, particulièrement depuis la rentrée 2020.

Depuis plus de 10 ans, le collectif  RASED défend les principes de la réussite pour toutes et tous. Les dispositifs RASED sont à la croisée des chemins de l’école inclusive. Les enseignant·es spécialisé·es et les psychologues peuvent, grâce à leurs connaissances dans les domaines du développement de l’enfant et de la pédagogie, alliées à leurs compétences professionnelles spécifiques, accompagner tous les élèves fragilisé.e.s et leur permettre  de trouver une  place et un accompagnement au sein de  l’école inclusive.

La diminution des moyens alloués aux RASED et les fondements idéologiques qui régissent la gouvernance actuelle de l’Éducation Nationale ne font qu'aggraver la souffrance au travail et privent les élèves des aides nécessaires.

Depuis des années, les effectifs d'enseignant·es spécialisé·es se réduisent, les psychologues demeurent en nombre insuffisant, les Réseaux d'aide sont incomplets ou inexistants, les départs en formation sont bien trop rares pour répondre aux besoins du terrain, les missions sont détournées ou empêchées ... Cette réalité qui s'assombrit chaque année davantage tend à nous faire disparaître du paysage scolaire, petit à petit. De plus en plus de collègues ont un contact lointain ou plus de contact du tout avec un RASED. De fait, le travail de complémentarité professionnelle tellement nécessaire face à la difficulté scolaire ne peut plus se faire. Nous assistons à une destruction organisée et pernicieuse de ce dispositif.

 Cette rentrée particulière a exacerbé encore davantage les contradictions entre les discours de l’institution et les situations réelles. Alors même que les RASED auraient dû avoir une place renforcée pour assurer l'accompagnement des élèves les plus fragiles, mais aussi l'écoute des familles et le soutien aux équipes, des postes d'enseignant·es spécialisé·es et de psychologues ont encore été supprimés ou demeurent vacants. Les moyens d'action des Réseaux d'Aides continuent à se réduire.

Pire encore, des audits sur les RASED, dont on ne connaît pas la finalité mais qui laissent craindre une nouvelle étape dans le démantèlement de ces derniers, se mettent en œuvre dans des circonscriptions pilotes et dans l'urgence au moment où la disponibilité des personnels RASED devrait être centrée sur les inégalités scolaires exacerbées par le confinement du printemps.

Parce que nous défendons une certaine idée de l’école, celle d’une école publique qui lutte contre les inégalités, qui aide à devenir autonome, responsable et épanoui·e, qui refuse la standardisation et la normalisation dictées par les évaluations nationales, nos organisations réclament davantage de moyens en postes et en formation.

C'est en effet ainsi que les RASED pourront jouer un rôle majeur pour une véritable école inclusive.

La confusion qui s’opère de plus en plus entre élèves en situation de handicap et élèves en grandes difficultés à l'école amènent l’institution à nier le travail d’adaptation des personnels spécialisés, à médicaliser et à externaliser le traitement de la difficulté scolaire.

Pour terminer, la crise sanitaire révèle des dysfonctionnements quant à la réalisation des missions des personnels de l'ASH ou d'UPE2A. Dans plusieurs départements, les personnels des RASED sont empêchés de travailler (limitation des déplacements, co-intervention imposée), voire même « réquisitionnés » pour remplacer des PE absent.e.s.

Cette crise ne doit pas être le prétexte à des abus de pouvoir au détriment de la prise en charge des élèves qui rencontrent des difficultés importantes, ni à un détournement abusif des missions des personnels spécialisés au sein de l’École publique.