Entrée dans le métier d’enseignant·e, un parcours de combattant·e ! – Tract SUD éducation

La réforme du métier d’enseignant·e a mis en place de nouveaux statuts pour l’accès à la formation au métier. Avant, il y avait des étudiant·es qui préparaient les concours, puis à l’obtention de ceux-ci, ils et elles devenaient fonctionnaires stagiaires.

Désormais, et dans l’optique de la libéralisation du service public, cela n’est plus forcément le cas, avec la création de statuts de contractuel·les étudiant⋅es : « AED en préprofessionnalisation » et « Tiers-Temps Alternant·e ». Dans les établissements du  second degré comme dans les écoles, des personnels aux statuts largement différents vont se côtoyer et assurer, en responsabilité, des heures de cours devant élèves, avec ou sans tutorat présent.

 

A partir de la rentrée 2022, les entrant·es dans le métier présent·es en établissement seront réparti·es ainsi :

Etudiant·es Contractuel·les Fonctionnaires-stagiaires
Parcours Préparatoire au Professorat des Écoles (PPPE) 1er degré (licence pluridisciplinaire en « classe prépa » au lycée, à l’université + stages d’observation en écoles) AED prépro (étudiant.es avec contrat de 3 ans de la L2 au M1 ; observation + classe en responsabilité jusqu’à 6h en M1)

Salaire net =
- 707€ en L2
- 963€ en L3
- 980€ en M1

Lauréat·es du concours issu·es du Master MEEF (plein temps)

Salaire net = rémunération à taux plein

Stage d’Immersion et de Pratique Accompagnée – SIPA en M1 (INSPE Master MEEF + observation en écoles) Tiers-Temps alternant·es M1 et M2 (étudiant·e en contrat annuel à tiers-temps de service ;
6h 2nd degré et 8h 1er degré)Salaire net = 722€
Lauréat·es du concours issu·es des autres Masters (temps partiel + formation INSPE) salaires nets = rémunération à taux plein

 

Il va donc y avoir une "formation" des futur·es enseignant⋅es à deux vitesses. D'un côté des étudiant·es suffisamment aisée·es pour pouvoir se passer d'être contractuel·les, qui feront un stage SIPA et qui auront donc une bonne formation disciplinaire et universitaire, car ils et elles auront le temps de se consacrer à leurs études, mais très peu de formation pédagogique de terrain ; et les étudiant·es pour qui un revenu sera indispensable, qui seront contractuel·les à tiers-temps et devront être présent·es en établissement et assurer des cours, mais seront en difficulté pour suivre leurs études et valider leurs diplômes. Il sera également beaucoup plus difficile pour les étudiant·es contractuel·les de préparer convenablement le concours en assurant des cours à côté.

C’est donc une sélection socio-économique qui s'opère et il est très probable que les étudiant·es contractuel·les, ne pouvant sereinement suivre à la fois leurs cours à l’université et préparer leurs diplômes d’un côté, et assurer la construction de séquences pédagogiques et des heures de cours face à élèves de l’autre, ne puissent obtenir le concours. Ils et elles deviendront ainsi contractuel·les enseignant.es, en ayant d’ailleurs été formé·es pour cela.

Le ministère se crée ainsi à terme un « vivier » de contractuel·les auxquels il aura tout de suite accès pour combler les manques dans les établissements, qui vont grandissant. Associé à la baisse de postes au concours, cela confirme la précarisation du métier d’enseignant·e.

 

SUD éducation dénonce fermement ces nouvelles réformes qui, dans la continuité de la Loi de Transformation de la Fonction Publique, terminent de vider de leur sens le métier d’enseignant·e.

Nous revendiquons une vraie formation et un vrai statut pour nos collègues :

  • Abandon total des statuts d’étudiant.es contractuel·es ;
  • Formation et temps de décharge des enseignant·es tuteurs-tutrices pour assurer leur mission ;
  • Concours d’accès au métier d’enseignant·e à Bac+3 ;
  • Concours d’accès au métier d’enseignant·e à Bac+3 suivie de deux années de formation rémunérées, et entrée progressive dans le métier