Évaluations nationales au collège : le collège unique mérite mieux que ça !

On l’a compris, après l’école des “Savoirs fondamentaux” dans le premier degré et la réforme des lycées, la prochaine cible des réformes ministérielles est le collège unique. L’extension des évaluations nationales, décriées unanimement par les syndicats, vient justifier les pistes de travail du ministre Gabriel Attal : renforcement des “Savoirs fondamentaux” et mise en oeuvre de groupes de niveau en maths et en français au collège. Attal retient le pire des réformes Blanquer. On se demande à quoi sert la consultation “ exigence des savoirs “ qu’il a lancée lui-même s’il a déjà trouvé les mesures à prendre dès le mois de décembre.

 

Les résultats des évaluations nationales ne sont pas pertinents

Les personnels ont largement dénoncé le contenu et les conditions de passation de ces évaluations standardisées, éloignées des programmes et dont les critères sont très discutables. À nouveau les évaluations en français ont fait la part belle à la fluence alors même que les études scientifiques interrogent la pertinence de cet indicateur pour évaluer la compréhension de l’écrit. L’obsession pour la fluence met au jour la conception des apprentissages portée par le ministère de l’Éducation nationale depuis Blanquer : s’appuyer sur des exercices simples dont on peut mesurer les résultats. De même, l’évaluation de français en classe de quatrième est parlante : l’évaluation fait l’impasse sur l’expression écrite et porte en partie sur le programme de quatrième alors même que l’évaluation a lieu dans les premières semaines de l’année. 

 

Le ministre Attal s’inquiète des résultats des évaluations de quatrième qui mettent au jour des écarts importants entre les élèves scolarisés en éducation prioritaire et ceux du secteur public hors éducation prioritaire. Or ses réponses sont particulièrement inquiétantes : les groupes de niveau et un renforcement des “Savoirs fondamentaux” ne répondent pas ni aux besoins des élèves ni à ceux des personnels.

 

Les inégalité sociales et de genre sont la cause des inégalités scolaires

France stratégie qui est un think tank gouvernemental a publié très récemment l'enquête sur le “ Poids des héritages sur les parcours scolaires “. Ses conclusions sont très significatives et le ministre Attal devrait les prendre en compte. “ Des trois dimensions étudiées, l’origine sociale pèse le plus sur les trajectoires.

La dépendance de la réussite scolaire au milieu socioéconomique et culturel des élèves français figure parmi les plus élevées des pays de l’OCDE. Même avec de bons résultats en début de scolarité, les enfants de famille modeste ont des parcours en moyenne plus heurtés, aux débouchés nettement moins favorables. Les enfants des familles favorisées ont des scolarités plus longues, redoublent moins, sortent nettement moins souvent précocement du système scolaire, ont de meilleurs résultats aux examens, choisissent des orientations perçues comme « plus rentables » et « compensent » davantage d’éventuelles difficultés.

Significatif, le poids du genre est cependant moindre et ses e­ffets sont paradoxaux : les filles ont en moyenne de meilleurs résultats, mais elles s’orientent dans des parcours moins valorisés sur le marché du travail. Leurs plus faibles résultats en mathématiques ne suffisent pas à l’expliquer. Les écarts entre filles et garçons sont d’ailleurs plutôt moins prononcés en France qu’ailleurs, mais les premières désertent les filières scientifiques et industrielles. Par exemple, seuls 14 % des élèves en spécialité numérique et sciences de l’ingénieur sont des filles, alors qu’elles représentent 56 % des élèves de terminale générale.

Enfin, le poids propre de l’ascendance migratoire est modéré et à caractéristiques sociales données, globalement limité, voire inexistant. Les enfants d’immigrés sont souvent « des pauvres comme les autres » et leur trajectoire scolaire s’explique d’abord, comme pour les autres élèves, par les caractéristiques sociales de leurs parents. “

 

Des mesures qui vont accentuer les inégalités scolaires et de destin

Toutes les études montrent que les mesures prônées par Attal renforceront la ségrégation scolaire. De plus, la différenciation des cursus avec des heures de renforcement en français et en maths au détriment d’autres disciplines va creuser les écarts d’apprentissage entre celles et ceux qui auront un cursus complet et les autres qui auront un cursus réduit aux “ savoirs fondamentaux “. Le système éducatif français est déjà l’un des systèmes éducatifs où les élèves passent le plus de temps à étudier les mathématiques et sa langue. Ce sont au contraire les dédoublements de classe dans le premier degré qui ont permis d’améliorer le niveau des élèves. 

SUD éducation revendique des moyens supplémentaires pour baisser le nombre d’élèves par classe et pour pouvoir accompagner tous les élèves dans leur scolarité, qu’importe leurs difficultés. Contre la politique étriquée des “Savoirs fondamentaux”, SUD éducation revendique un collège unique dans lequel toutes les matières ont leur place sans mise en concurrence de celles-ci dans une optique disciplinaire et transdisciplinaire.