L’enquête Vidal sur l’”islamo-gauchisme” à l’université jamais suivie d’effets : SUD éducation salue une victoire pour la liberté d’enseignement et de recherche

Février 2021: alors que les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche et les étudiant·es font face aux conséquences du COVID et aux fermetures à répétition des campus, la ministre Frédérique Vidal annonce sur la chaîne d’extrême-droite Cnews qu’elle a demandé une enquête portant sur « l'ensemble des courants de recherche » menés dans les universités en lien avec « l'islamo-gauchisme ». Ces propos font suite aux attaques de son collègue de l’Éducation nationale Jean Michel Blanquer en octobre 2020 sur les présupposés “ravages” de l’islamo-gauchisme au sein des universités françaises.

 

Un effet d’annonce qui s’inscrit dans le cadre d’une campagne d’extrême-droite

La ministre sera désavouée par l’ensemble de la communauté universitaire, jusqu’à la pourtant très conservatrice Conférence des Présidents d’Université, mais aussi par le CNRS, diligenté par la ministre pour mener ces enquêtes, qui ne voyait rien de très sérieux dans cette formule relevant bien plus de l’agenda politique et de la théorie du complot que de quelconques recherches scientifiques.

Suite à la requête auprès du Conseil d’Etat de 6 collègues enseignant·es-chercheur·es, le journal Le Monde vient de dévoiler que cette très médiatique enquête de la ministre n’a finalement jamais été suivie d’effets. Rien de très étonnant ; nous avions d’ailleurs déjà dénoncé alors une campagne idéologique et politique visant principalement à instaurer un climat d’intimidation sur toutes recherches critiques en sciences sociales notamment.

Cette offensive de la part de Frédérique Vidal et Jean Michel Blanquer s’inscrivait par ailleurs dans un contexte de campagne plus large menée par la presse conservatrice et des officines néo-conservatrices et d’extrême-droite. A l’IEP de Grenoble, un laboratoire de recherche et des enseignant·es-chercheur·es avaient dû subir des pressions inacceptables de la part de pouvoirs publics (la région AURA) et de l’ensemble de la fachosphère, dégradant durablement et fortement les conditions de travail et d’études de l’ensemble des personnels et étudiant·es de l’IEP de Grenoble.

Mais nous ne nous y trompons pas, les propos alors tenus par Frédérique Vidal ne relèvent pas de la simple supercherie intellectuelle ou d’une seule manœuvre de diversion : ils jouent bien un rôle politique à part entière d’offensive réactionnaire, raciste et autoritaire. A chaque fois qu’un gouvernement décide de mettre en place des restrictions d’accès à l’ESR aux étudiant·es étranger·ères comme avec l’infâme “Bienvenue en France”, c’est faire le jeu de l’extrême-droite. A chaque fois que des universités accueillent dans leurs murs des colloques contre “la pensée décoloniale”, le “wokisme” ou  la “cancel culture”, c’est faire le jeu de l’extrême-droite. Quand des ministres reprennent à leur compte des concepts réactionnaires et intimident les chercheur·es et les universitaires, c’est faire le jeu de l’extrême-droite.

Et quand l’extrême-droite avance, les groupuscules ultra-réactionnaires violents se sentent en position de force pour mener leurs attaques. Ainsi, ces derniers jours, à Paris Assas, à Rennes, à Lyon et sur bien d’autres campus, des nervis fascistes ont attaqué violemment des étudiant·es et militant·es.

Pour SUD éducation, les libertés académiques et les libertés en recherche ne sont pas négociables et ne doivent en aucun cas faire l’objet de manœuvres politiciennes et d’offensives politiques. Il est temps de rendre aux chercheur·es le soin d’effectuer leurs recherches sans pressions politiques et sans injonctions idéologiques.