Ministère de l’Éducation nationale : y a‑t-il un·e pilote dans l’avion ?

La rentrée 2024 s’annonce déjà comme un véritable fiasco dans l’Éducation nationale : le manque de personnels est criant et la réforme du Choc des savoirs, qu’essaie d’imposer le ministère, désorganise les établissements scolaires. Le niveau de colère des personnels comme des parents d’élèves contre le ministère est exceptionnellement élevé et  mais le ministère de l’Éducation nationale n’a aucune réponse à apporter. 

L’école au coeur d’une bataille médiatique et carriériste pour Gabriel Attal

Depuis sa nomination en tant que ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal a instrumentalisé l’école pour séduire l’électorat d’extrême droite. De l’interdiction des abayas en septembre à l’annonce de l’expérimentation de l’uniforme et du Choc des savoirs, une réforme de tri social en décembre, la politique éducative de Gabriel Attal est tout droit issue du programme de l’extrême droite. À cela se sont ajoutées des annonces tous azimuts du Président de la République : ouverture des collèges jusqu’à 18h, enseignement du théâtre… sans qu’il ne soit question de les appliquer. Dans les écoles, la caporalisation des directeurs et directrices s’est renforcée.

Amélie Oudéa-Castéra a ensuite été incapable d’appliquer la réforme Choc des savoirs voulue par Attal. Ses propos dénigrants à l’encontre de l’école publique ont rouvert le sujet du financement de l’école privée par des fonds public mais aussi de la ségrégation sociale et scolaire qu’avait voulu enterrer un de ses prédécesseurs, Pap Ndiaye, en refermant le dossier de la mixité sociale aussi vite qu’il l’avait ouvert face aux pressions de l’enseignement privé défendu par le gouvernement. 

Le silence alarmant de Nicole Belloubet

Nicole Belloubet a été nommée pour éteindre l’incendie déclenché conjointement par Gabriel Attal et Amélie Oudéa-Castéra. Alors que ses prédécesseurs ont fait le choix de l’hyper-présence médiatique, Nicole Belloubet semble avoir disparu, laissant l’école se consumer. 

Alors que les personnels rejettent en bloc le Choc des savoirs et la mise en place des groupes à la rentrée, la ministre n’a participé à aucune instance de dialogue sociale depuis sa nomination. La réforme de la formation initiale avec le retour d’un concours à bac+3 doit commencer à s’appliquer à la rentrée 2024 sans qu’aucune réunion de présentation de la réforme ne soit prévue. 

Les organisations syndicales réclament de manière unitaire des concertations pour la mise en oeuvre d’une véritable école inclusive depuis un an sans que leur demande ne soit entendue. 

De même, lorsque les messageries des ENT des établissements scolaires et des écoles, pour celles qui en ont, ont été coupées suite à des vagues de piratage informatique, les personnels n’ont reçu aucune information officielle avant une dizaine de jours de la part de leur hiérarchie, laissant des rumeurs s’installer. SUD éducation le rappelle : lorsque des questions de santé ou de sécurité sont en jeu, le ministère doit communiquer aux personnels des informations et des consignes claires afin d’éviter les rumeurs et la désinformation qui génèrent de l’inquiétude voire même de l’angoisse. 

Enfin, dans plusieurs départements, les personnels et les parents d’élèves sont fortement mobilisés, c’est le cas en Seine-Saint-Denis où la mobilisation entame sa sixième semaine, mais aussi en Loire Atlantique qui connaît des manifestations fournies parents et personnels pour la défense de l’école publique. Or la Ministre sous-estime les mobilisations et ne prend pas la mesure de la colère sociale autour de l’école : l’absence de réponse est une forme de mépris. 

SUD éducation appelle les personnels à se mobiliser massivement le 2 avril contre la réforme du Choc des savoirs. Assez de mépris, si Belloubet et Attal ne nous entendent pas, alors crions plus fort !