La rentrée est marquée par la poursuite de l’inflation (augmentation des prix de l'énergie et des produits alimentaires) qui, contrairement à ce qu’affirment en chœur les ministres, ne marque pas le pas. Refusant de toucher aux profits des capitalistes, le gouvernement ne prend pas les mesures qui s’imposent. Les conséquences sont toujours plus graves pour une partie importante de la population, qui bascule dans la pauvreté et la précarité. L’inflation a été particulièrement ressentie par les familles au moment de l’achat des fournitures scolaires : l’école publique et gratuite est de plus en plus coûteuse pour les familles. À la rentrée, près de 2000 enfants étaient à la rue ainsi que des étudiant·es en raison du manque de logements et de leurs coûts prohibitifs. Les files devant les banques alimentaires s'allongent... et tout cela alors même que les profits des entreprises du CAC 40 n’ont jamais été aussi élevés. L’urgence est à l’augmentation des salaires et au partage des richesses : c’est le sens de l’engagement de SUD éducation et de l'Union syndicale Solidaires dans cette première journée de mobilisation du 13 octobre appelée par l’intersyndicale interprofessionnelle, qui doit en appeler d'autres. Bien que la réforme des retraites soit entrée en vigueur le 1er septembre, SUD éducation continuera à se mobiliser pour la retraite à 60 ans maximum avec 37,5 annuités.
Fin du monde, fin du mois, même combat : ce slogan n’a jamais été autant d’actualité qu’en cette période marquée par l’inflation et le dérèglement climatique. L’année 2023 est l’année la plus chaude jamais enregistrée. Le manque d’eau devient un problème d’une urgence absolue, en particulier à Mayotte. La rentrée scolaire se fait partout sous des températures record, alors même que le gouvernement refuse de mettre les moyens nécessaires pour la transition écologique et la rénovation thermique des établissements scolaires. SUD éducation porte, avec son Union syndicale Solidaires, des revendications concrètes à mettre en œuvre sur le lieu de travail pour lutter contre le dérèglement climatique. Cela passe par une politique ambitieuse et de réels moyens pour une rénovation de tout le bâti scolaire, qui ne doit être conditionnée à aucun projet pédagogique innovant. Cette rénovation doit également permettre l'éradication de l'amiante. Ce matériau cancérigène, mortel, est interdit depuis 1997 en France. Pourtant, l’Éducation nationale maintient l'omerta sur ce qui va devenir un scandale sanitaire majeur. Les collectivités territoriales sont structurellement sous-dotées pour faire face à ce défi comme à tous les enjeux du changement climatique.
Dans notre secteur, la rentrée est marquée par la mise en place du Pacte et par l'application de la loi Rilhac. Le Pacte est le fiasco annoncé par SUD éducation : il creuse les inégalités, favorise la mise en concurrence des enseignant·es et s'inscrit dans le démantèlement des statuts et de la fonction publique. En cela, il ne répond pas aux revendications des personnels et SUD éducation se félicite du refus massif des enseignant·es d'y participer. SUD éducation dénonce les pressions de nombreux·ses chef·fes d'établissement sur le remplacement de courte durée et s'oppose à la mise en place de formations hors temps scolaire dans le second degré.
Dans le même temps, le gouvernement poursuit la destruction de l’enseignement professionnel par la mise en place à marche forcée de sa réforme visant à satisfaire le besoin à court terme des entreprises. Le chantage au Pacte dans les lycées professionnels, qui constitue le support de la réforme, est inacceptable. Alors que le nouveau ministre Attal communique sans relâche, les personnels font le même constat que les années précédentes : effectifs surchargés, professeur·es non remplacé·es, postes non pourvus, mobilité impossible, manque de reconnaissance des AED... et de nombreux sujets sont évacués, notamment le mal-logement et les lycéen·nes sans affectation.
Du côté des élèves, le gouvernement annonce vouloir rendre le SNU obligatoire et confirme ainsi une politique de militarisation de la jeunesse. Dans les affaires de harcèlement, l'institution se montre maltraitante envers les élèves, les familles et les personnels alors que les moyens manquent pour faire face à ce fléau. Suite aux courriers indignes envoyés par l'ancienne Rectrice de l'académie de Versailles aux familles d'élèves harcelé·es, le ministre allume un contre-feu en générant du buzz concernant l'intervention de la police dans des établissements. Il est inadmissible que des élèves soient arrêté·es et menotté·es en cours, dans une école ou un établissement scolaire, pour en être extraits par les forces de l’ordre. SUD éducation rappelle la nécessité que l’école reste un lieu de sérénité qui permette l’apprentissage de toutes et de tous.
Concernant le baccalauréat, les revirements du ministère sont un aveu d'échec de la réforme et donnent raison aux personnels, qui ont obtenu satisfaction sur deux points, grâce aux mobilisations de SUD éducation aux côtés de l’intersyndicale : le report des épreuves de spécialité en juin et la baisse du nombre de textes aux épreuves anticipées de français à 16. Il faut désormais aller au bout du constat et retirer cette réforme inepte.
Les violences policières responsables du meurtre de Nahel en juin dernier ainsi que cette rentrée scolaire placée sous le signe de l'islamophobie illustrent un racisme systémique agressif et virulent. Loin de mener le travail nécessaire pour abolir les postures néo-colonialistes, le gouvernement, et notamment le ministère de l’Éducation nationale, a renforcé un racisme d’État qui exclut des élèves de l’École. Dès son entrée en fonction, Gabriel Attal s’est en effet lancé dans une campagne de harcèlement visant les élèves musulmanes ou perçues comme telles. Certaines « robes longues » ou « abayas », portées par les élèves deviennent à l’intérieur des écoles et établissements scolaires des « signes ostentatoires du prosélytisme religieux ». SUD éducation dénonce ce fantasme raciste, sexiste et complotiste, qui n’est qu’un nouvel avatar du maintien de l’idéologie coloniale. Une nouvelle fois, ce sont les corps des élèves musulmanes ou perçues comme musulmanes qu’il s’agit de contrôler, de brimer, de réprimer. L’interdiction des abayas est aussi un moyen de renforcer l’arbitraire des chef·fes d’établissement, qui décident au niveau local du degré d’oppression qu’ils et elles choisissent d’appliquer. SUD éducation exige l’égal accès à l’éducation pour toustes, sans discrimination.
De surcroît, lorsque les personnels dénoncent ces discriminations racistes et sexistes, iels subissent une violente répression syndicale comme par exemple au lycée Victor Hugo de Marseille où des personnels n'ont pas été renouvelé·es ou ont été muté·es dans l'intérêt du service. D'autres camarades subissent également cette répression syndicale comme au lycée Angela Davis de Saint-Denis (93).
« Sans moyens, l'école inclusive n’est qu’un slogan » : il n’est pas acceptable qu’en cette rentrée un quart des enfants handicapé·es ne soient pas scolarisé·es. Le ministère met en marche l’acte II de l’école inclusive dans une direction qui ne répond en rien à nos revendications et dégrade encore les conditions de travail des AESH, pourtant essentiel·les à l’école pour toutes et tous. Un vrai statut, un vrai salaire, une vraie formation, pour une école vraiment inclusive sont une priorité. C'est pourquoi SUD éducation appelle à la grève le 3 octobre.
Dans le supérieur, la ministre a d’ores et déjà annoncé une austérité budgétaire massive balayant les promesses de la LPPR . D'après elle, les personnels et les étudiant·es devront consentir à des efforts “qu’elle sait difficiles”. Cette rentrée s'est donc faite une fois de plus avec des bouts de ficelles après une année ponctuée par des réformes menées dans l'urgence (comme la plateforme MonMaster). Cela met des personnels toujours plus paupérisé·es et précarisé·es sous pression. Alors que le nombre d’étudiant·es a chuté de 3% en 2022, le taux d’encadrement et l'investissement continuent de chuter, marquant un décrochage massif de l’enseignement supérieur, au profit du privé. Et pendant ce temps, 2 0000 étudiant-es restent sans affectation à la rentrée.
SUD éducation a été à l’initiative d’un appel intersyndical à la mobilisation pour le droit à l’IVG le 28 septembre. Dans la poursuite de son investissement pour les droits des femmes, SUD éducation appellera, dans un cadre unitaire le plus large possible, à la mobilisation le 25 novembre, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Ces mobilisations ont permis d’avancer sur une partie des revendications : la publication de l’arrêté ministériel instaurant une cellule de veille ministérielle est ainsi une victoire de l’intersyndicale.
SUD éducation appellera également à se mobiliser à l’occasion de la journée du souvenir trans (TDOR) le 20 novembre.
Enfin, SUD éducation poursuivra son combat contre l'extrême droite et son entrisme dans les écoles et établissements scolaires, notamment par le biais des élections de parents d'élèves. SUD éducation dénonce par ailleurs l'alliance de circonstance entre les députés Horizons, Renaissance et Rassemblement national dans leur mépris des organisations syndicales et leur arrogance lors de l'audition sur la rentrée scolaire à l'Assemblée nationale.