Pics de pollution ? Il faut agir vite et changer de société !

Mise à jour en septembre 2023

SUD éducation porte des revendications pour la justice sociale et climatique dans le secteur de l’Éducation nationale et de l'enseignement supérieur. Zoom sur les revendications en matière de pollution de l’air.

La pollution de l’air représente le risque de santé lié à l’environnement le plus important en Europe. Elle est à l’origine chaque année de maladies cardiovasculaires et respiratoires graves : un rapport de l’Agence Européenne pour l’Environnement estime que 1 % des cas de cancer en Europe découlent de cette pollution, et la France n’est pas en reste puisque l’exposition aux particules fines y est responsable de 40 000 décès prématurés par an. C’est sans compter l’impact sur les écosystèmes terrestres et, aquatiques et sur le climat, qui subit également des conséquences de la présence de polluants dans l’atmosphère.

À certaines périodes de l’année, l’intensité des émissions polluantes (issues majoritairement de l’agriculture, de l’industrie, du chauffage résidentiel et du transport) et des couplée à des conditions météorologiques favorables (vents faibles, grand froid ou grand chaud) peuvent donner lieu à ce que l’on appelle des pics ou épisodes de pollution, dont le seuil est fixé par réglementation nationale. L’État alerte alors de la présence, dans l’air, d’un taux trop important d’un ou plusieurs des polluants suivants : les particules ou poussières en suspension (PM), les oxydes d’azote (NOx), le dioxyde de soufre (SO2), les composés organiques volatiles (COV), les métaux lourds, l’ozone (O3), l’ammoniac (NH3) et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).

On a par exemple assisté à la fin du mois de mars 2022 à de forts pics de pollution dans plusieurs régions. En Bretagne et en Île-de-France, un dépassement notable du seuil de particules fines a été constaté le 25 mars 2022. Les mois d’été et d’hiver ont eux aussi favorisé ces épisodes de pollution dans de nombreuses régions, et le mois de mars 2023 a fait écho à celui de l’année précédente.

Bien que, globalement, les émissions de tous les principaux polluants atmosphériques en France et dans l’Union européenne diminuent depuis 2005, ces pics de pollution sont récurrents, et ils le resteront tant que les autorités n’auront pas pris les mesures fortes nécessaires.

Il existe déjà plusieurs mesures législatives (européennes, françaises et locales) liées à la pollution de l’air : elles se traduisent par des objectifs, des taux réglementaires d’émission, la réduction de la vitesse sur les voies rapides, la circulation différenciée, la prise en charge d’une partie ou de la totalité des coûts des transports en commun, etc... En 2017, le Conseil d’État avait déjà ordonné au gouvernement d’agir contre la pollution atmosphérique. Malgré une forte baisse des émissions liée à la pandémie en 2020, on observe toujours des dépassements à Paris, Marseille-Aix, Lyon, Strasbourg, Grenoble, Toulouse, Reims et Fort-de-France. En août 2021, l’État est condamné à agir suite à une action en justice de l’association Les Amis de la Terre, sous peine d’une astreinte de 10 millions d’euros par semestre de retard. Le Ministère des Solidarités et de la Santé a également publié un document consacré aux épisodes de pollution et aux gestes à faire pour s’en prévenir.

Néanmoins ces actions sont encore insuffisantes puisque la pollution de l’air continue d’avoir des conséquences néfastes sur la santé des humains et sur l’environnement.

Les épisodes de pollution ne sont qu’un effet néfaste supplémentaire d’un modèle de production capitaliste et productiviste bien trop polluant, qui exploite ses salarié·es pour surproduire et accumuler des bénéfices au détriment des populations. Pourtant, des solutions globales et pérennes existent qui permettraient d’aboutir à une société à la fois respectueuse des êtres vivants et plus égalitaire, et qui permettrait de subvenir aux besoins de tous et de toutes. Tout ceci passe par une transformation radicale et positive de notre société (baisse du temps de travail, sobriété, production non-marchande et non-polluante, partage des richesses, reprise du contrôle de la production par les salarié·es….)

 

Les pics de pollution, la partie visible de la pollution de l'air

Si les pics de pollution engendrent des alertes concernant la pollution atmosphérique, celle-ci est en réalité permanente, et partout, puisqu'elle est charriée par le vent. Des chercheurs et chercheuses de l'Université d'Auckland en Nouvelle-Zélande ont ainsi établi en 2022 que les études antérieures sur la quantité de microplastiques flottant dans l'air (par exemple à Paris, Londres ou Hambourg) les sous-estimaient, faute d'outils pour capter les plus petits d'entre eux, qui sont aussi les plus dangereux pour notre santé puisqu'ils pénètrent plus facilement dans nos cellules. Une fois ces petits plastiques pris en compte, ce sont en fait 74 tonnes de microplastiques qui stagnent chaque année dans l'air d'Auckland, ce qui correspond à 3 millions de bouteilles en plastique. Quelle quantité de pollution le corps humain peut-il supporter, et à plus forte raison celui des enfants ?

Dans notre secteur
La pollution de l’air a des conséquences directes sur la santé des personnels de l’éducation et sur celle des élèves. L’académie de Paris a ainsi écrit aux établissements scolaires et aux écoles le vendredi 25 mars 2022 pour alerter sur le dépassement du seuil de particules fines : les activités sportives de forte intensité sont déconseillées et il est recommandé d’apporter une attention toute particulière aux personnes vulnérables et aux enfants souffrant d’asthme. La situation s’était déjà produite en 2021 et dans plusieurs régions de France métropolitaine, suite à une recommandation du ministère.
Il est urgent d’agir sur les causes de cette pollution et l’Éducation nationale doit participer à cet effort.
Le ministère est responsable de milliers de trajets superflus tous les jours. Les suppressions de poste et les diminutions de dotations horaires amènent les personnels à se déplacer de plus en plus loin de chez elles et eux, et souvent sur plusieurs établissements pour pouvoir compléter un poste. C’est le cas du personnel médico-social, mais également du personnel enseignant, parfois contraint de se rendre dans trois, voire quatre établissements éloignés pour satisfaire aux obligations de service. Les titulaires remplaçant·es sont régulièrement affecté·es sans raison valable en dehors de leurs zones de remplacement. Pour la qualité du service proposé aux élèves, pour des conditions de travail acceptables et pour répondre à la crise climatique, il est indispensable de supprimer sans délai ces déplacements évitables et néfastes ! 
- L’Éducation nationale et l'Enseignement supérieur doivent recruter massivement, augmenter les moyens horaires des personnels enseignants et médico-sociaux, et ouvrir des écoles et des universités afin de rapprocher les élèves, les lycéen·nes et les étudiant·es de leurs lieux de formation. 
- Il faut limiter les services partagés sur plusieurs établissements, et interdire les compléments inférieurs à 25% d’une obligation réglementaire de service.
- Les abonnements de transports publics doivent être pris en charge intégralement pour tou·tes les élèves , mais également pour les agent·es des établissements publics.
- Le ministère de l’Éducation nationale doit négocier des tarifs d’achats groupés de vélos pour tous les personnels.
SUD éducation appelle les personnels à consigner les dangers de la pollution de l’air lors des épisodes de pics de pollution dans les RSST (Registres Santé et Sécurité au Travail, accessible pour les personnels et usager·es dans tous les établissements).
Exemple de signalement dans le RSST :

“En [région], le taux de particules fines est supérieur au seuil réglementaire. Cette situation provoque chez moi une gêne respiratoire / une gêne cardiaque / un sentiment d’anxiété.”

SUD Éducation revendique une politique ambitieuse en matière de transport pour aller vers plus de transports publics et gratuits avec :

  • une augmentation à 400€ immédiatement comme pour les salarié·es du privé et à terme le montant de FMD doit être de 500€ ou plus pour les plus précaires, comme proposé par la Convention citoyenne pour le climat,
  • le développement des transports en commun sur tout le territoire afin de permettre à tous les personnels de l’Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur de pouvoir se rendre sur leur lieu de travail en transports en commun.

Mais aussi :

  • des bâtiments scolaires et universitaires adaptés : végétalisation des cours de récréation, dépollution des sols, maîtrise de la consommation d’eau et d’énergie, diagnostics énergétiques communiqués au personnel et aux usager·es, production d’énergie renouvelable sur site.
  •  une restauration scolaire adaptée aux enjeux climatique et favorisant les repas végétariens, végans, locaux et de saison.
  •  une révision de la carte des formations proposées en lycée professionnel avec des métiers véritablement durables.
  •  des objectifs de réductions des émissions de CO2 réellement contraignants pour l’État et les entreprises.
  •  une transformation écologique et sociale globale de la société.
Sources:
Pour vous renseigner sur la qualité de l’air dans votre ville, en direct : 
Bourgogne-Franche-Comté : https://www.atmo-bfc.org/accueil
Centre-Val de Loire: https://www.ligair.fr/
Hauts-de-France : https://www.atmo-hdf.fr/
Pays de la Loire : https://www.airpl.org/
Provence-Alpes-Côte-d’Azur : https://www.atmosud.org/