Plate-forme revendicative pour lutter contre les discriminations lesbophobes, homophobes, biphobes, transphobes, intersexophobes en milieu scolaire et universitaire

1.PRÉAMBULE

Le Collectif contre les LGBTIphobies en milieu scolaire et universitaire s'est créé en 2004 à la suite d'une table ronde réunie lors du Printemps des associations, organisé par l'InterLGBT sur le thème de l'éducation, à laquelle participait une partie de ses membres actuels. Encouragées par les conclusions de cette rencontre, et faisant le constat collectif du manque de prise en compte des questions de discriminations LGBTI dans le milieu de l'Éducation nationale, certaines des organisations ont décidé de poursuivre la réflexion ensemble et de conjuguer leurs forces et leur représentativité au service de ces thématiques sociétales.
Le Collectif éducation LGBT est aujourd'hui constitué de 11 organisations et syndicats représentant l'ensemble de la communauté éducative : parents d'élèves - personnels -lycéen·nes - étudiant·es : FCPE, Ferc-CGT, FSU, Sgen-CFDT et Fep-CFDT, SUD éducation, UNSA Éducation, FIDL, Solidaires étudiant-e-s, USL, UNEF, l’Union
étudiante.

Si, ces dernières années, grâce à la diversité des engagements revendicatifs, les questions LGBTI ont gagné une meilleure visibilité sociétale en France, le monde de l'éducation, lui, est resté en marge de ce phénomène et n'a connu que de timides avancées sur le sujet. Par ailleurs, on observe des replis identitaires et des attaques réactionnaires qui mettent à mal les avancées acquises au fil des dernières années. C'est pourquoi, dans le cadre de leur engagement contre l'ensemble des discriminations, toutes les organisations signataires de ce texte unissent leurs forces. Elles s'attachent depuis la création du Collectif à lutter contre les discriminations liées à l'orientation sexuelle et à l'identité de genre, et pour l'égalité de traitement dans le système éducatif. [Elles sont à l’origine d’initiatives unitaires régulières.] Elles s'adressent aux jeunes, aux membres du personnel des établissements publics et privés sous contrat, aux parents d'élèves.

Son action s'exerce auprès des Ministères couvrant les champs de l'Éducation Nationale, le Collectif entend sensibiliser tous les acteurs du service public de l'éducation et de l’enseignement supérieur. Le Collectif agit également auprès de l’ensemble des acteurs institutionnels intervenant dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement supérieur (Défenseur des Droits, Conseil supérieur des programmes, rectorats, réseaux privés sous contrat…).

🡺 Le Collectif éducation LGBTI réaffirme que le service public d'éducation ne peut pas se cantonner aux simples savoirs disciplinaires. Il doit aborder des domaines plus larges, notamment celui de l'apprentissage de la vie en société et de la découverte de la diversité des formes d'attirances affectives ou amoureuses, des revendications d'être et de genre par les élèves, et ce de la maternelle à l'université. C'est cette éducation qui débouchera sur l'acceptation de toutes et tous sans discriminations ni stéréotypes et préjugés.
L'éducation à la sexualité ne saurait être restreinte à la simple « mécanique » de l'acte sexuel, ou à la seule hétérosexualité. Elle doit être ouverte sur l'ensemble des questionnements que peuvent se poser les jeunes : les sentiments, le genre, les orientations sexuelles ou l'identité de genre, et étendue à l'éducation à l'identité, sortant des schémas binaires stricts de genre. Elle ne doit pas être assumée par les seul·es infirmières scolaires qui, lorsqu’ielles sont présent·es dans les établissements, manquent souvent de disponibilité pour la mettre réellement en œuvre. L'adolescence est une période charnière dans la vie et la construction d'un·e jeune et peut dans certains cas s'avérer difficile. Le mal-être qui en découle peut alors entraîner parfois certain·es adolescent·es et jeunes adultes jusqu'au suicide. Différentes études statistiques1 montrent que ce phénomène est amplifié chez les jeunes LGBTI lorsqu'ils/elles ne se sentent pas accepté·es par leur famille ou par leur entourage direct, dans la vie de tous les jours, phénomène dont le plus fort taux est constaté en collège. Les difficultés sont accentuées par l’absence de modèles positifs et diversifiés ainsi que l’accroissement du (cyber)harcèlement dans et hors des établissements.

🡺 Les personnes en questionnement sur leur identité de genre se sentent plus à l'étroit dans les normes dominantes, sachant que leur revendication personnelle peut s'étendre d'un simple emprunt au sexe dit « opposé » des codes d'apparences, comportementaux ou vestimentaires jusqu'à l'abandon total du sexe assigné civilement à la naissance.
L'insuffisance de données statistiques, due au manque d'enquêtes et d'études réelles, participe vraisemblablement à la méconnaissance qu'ont nos institutions en ce domaine et freine de fait une réelle réflexion et la prise en compte du vécu des personnes concernées. Toutefois, une prise de conscience s’est amorcée dans la société, et l’identité de genre a été intégrée dans les critères de discrimination. Depuis quelques années, le Collectif est sollicité de façon récurrente sur ces questions, notamment concernant les élèves et étudiant·es trans. Il réaffirme que la transphobie doit faire l'objet d'une attention particulière de la part des institutions pour éviter la souffrance des individus, aussi bien des jeunes en questionnement que des adultes concerné·es.

🡺 Aussi bien en ce qui concerne la protection des personnels que les actions d'éducation et de prévention en direction de la communauté scolaire et universitaire, il est nécessaire que les ministères :
🡺 s'inspirent des travaux et expériences menés à l'étranger
🡺 s'appuient sur les préconisations du Défenseur des Droits et de l'UNESCO
🡺 Dans cette plate-forme différents thèmes revendicatifs ou d'actions seront exposés :
🡺 La nécessité pour le Collectif de s'appuyer sur les quelques études1 déjà réalisées et la demande que d'autres, plus spécifiques au milieu scolaire et universitaire, soient mises en place sur les discriminations LGBTI ;
🡺 La participation à l'élaboration et à la diffusion d'études thématiques ;
🡺 La nécessité d'actions éducatives régulières dans le cadre scolaire et universitaire, dès l'école maternelle, et la volonté qu'une très large information soit faite auprès de tou-tes les élèves, de leurs parents et des personnels ;
🡺 L'affirmation du réel besoin d'une formation sur l'ensemble des discriminations, mais en particulier sur le sexisme et les LGBTIphobies, pour les élèves comme pour l'ensemble des personnels, y compris d'encadrement et administratifs ;
🡺 La nécessité de défendre et accompagner les personnes touchées par ces discriminations tant individuellement que collectivement ;
🡺 Le besoin de travail en partenariat avec d'autres institutions et avec le milieu associatif.