1. Egalité des sexes
  2. Interpro, chô­mage et flexibilité
  3. Hiérarchie et évaluation
  4. Service public /​fonc­tion publique
  5. Motion inter­na­tio­nale
  6. Pour la libre cir­cu­la­tion des personnes
  7. Elections pro­fes­sion­nelles et liber­tés syndicales
  8. Libertés et droits
  9. Laïcité : un com­bat d’aujourd’hui
  10. Quelle école nous voulons
  11. Plate-forme reven­di­ca­tive de SUD Education
  12. POUR L’ÉGALITÉ DES DROITS, DONNONS-NOUS LES MOYENS D’EXIGER

1 – Egalité des sexes

1) Dans la fonc­tion publique, et dans l’Éducation natio­nale en par­ti­cu­lier, les dis­cri­mi­na­tions sexuelles sont sta­tu­tai­re­ment pros­crites puisque les condi­tions d’accès aux dif­fé­rents emplois et les rému­né­ra­tions sont les mêmes pour tous.

La dif­fé­ren­cia­tion s’opère par l’accès inégal aux postes les mieux payés, que ce soit par des filières inégales (cf en annexe le cas des OEA, ouvriers d’entretien et d’accueil), ou par l’accession d’un plus grand nombre d’hommes aux fonc­tions d’encadrement et de direc­tion les mieux rémunérées.

2) A part le cas des OEA, dont SUD édu­ca­tion demande la trans­for­ma­tion en OP, l’infériorité sala­riale des femmes dans l’EN est une situa­tion de fait.

Ce serait « d’elles-mêmes » que les femmes mani­fes­te­raient moins d’ambition pour les postes les plus éle­vés et les mieux rému­né­rés. La néces­saire « conci­lia­tion entre vie fami­liale et vie pro­fes­sion­nelle » les ren­drait moins dis­po­nibles au tra­vail, à tel point que le métier d’enseignant a pu appa­raître comme un métier à mi- temps per­met­tant de s’occuper des enfants avec un salaire d’appoint, d’où sa fémi­ni­sa­tion. En effet, ce sont très majo­ri­tai­re­ment les femmes qui choi­sissent l’enseignement. Mais en réa­li­té, la « fémi­ni­sa­tion » du métier ne s’est pro­duite que parce que les hommes quittent ce métier pour d’autres, mieux recon­nus et/​ou plus lucratifs.

3) SUD édu­ca­tion réfute la notion de « besoins spé­ci­fiques des femmes » et pense que les femmes, qui en tant que telles, ont été pri­vées pen­dant des siècles de droits poli­tiques, civils, sociaux, et de droits du tra­vail équi­va­lents à ceux des hommes, doivent pou­voir exer­cer libre­ment ces droits nou­vel­le­ment acquis.

4) Ce qui, dans nos socié­tés, pose un pro­blème, c’est l’idéologie de la dif­fé­rence en tant que pro­duit des rap­ports de domi­na­tion, notam­ment de sexe.

C’est parce que le droit issu de la révo­lu­tion de 1789 a construit une « nature femme » qu’elles ont pu être exclues du sta­tut d’individu et des droits qu’il entraî­nait, et qu’elles se sont vu attri­buer par la force des fonc­tions sociales « propres à leur sexe » et les « besoins » homo­gènes liés à ces fonctions.

5) Abolir ces struc­tures de domi­na­tion et d’oppression qui frappent les femmes est tou­jours à l’ordre du jour.
C’est parce qu’il milite pour une autre socié­té, dans laquelle l’exploitation serait ban­nie, que SUD édu­ca­tion remet fon­da­men­ta­le­ment en cause toutes les divi­sions du tra­vail, y com­pris donc la divi­sion sexuée du travail.

6) Traiter cor­rec­te­ment ce pro­blème est d’autant plus impor­tant que, comme nous l’avons déjà sou­li­gné, de nom­breuses branches dans les métiers de l’Éducation Nationale sont lar­ge­ment fémi­ni­sées et que nous oeu­vrons dans un sys­tème de repro­duc­tion des inéga­li­tés sociales, en par­ti­cu­lier celles qui s’exercent contre les filles, tant par des modèles de com­por­te­ment tou­jours dif­fu­sés par de nom­breux manuels sco­laires que par la sélec­tion et l’orientation dans cer­taines filières.

Dans tous ces domaines le temps des recherches et des enquêtes est pas­sé. Toutes les études néces­saires existent, nous en sommes au temps de l’action politique.

7) Dans la vie syn­di­cale, nous ne pen­sons pas que des « com­mis­sions femmes », que l’application de quo­tas ou des places réser­vées aux femmes dans les postes de res­pon­sa­bi­li­té, soient une réponse adap­tée à la vio­lence sym­bo­lique qui frappe les femmes, au sein du syn­di­cat comme dans l’ensemble de la société.

A titre tran­si­toire, des amé­na­ge­ments concer­nant les jours, les horaires et les moda­li­tés des réunions ryth­mant la vie syn­di­cale, sont sans doute néces­saires pour faci­li­ter la par­ti­ci­pa­tion et l’engagement de tous. On sait bien que ce sont les femmes qui majo­ri­tai­re­ment assurent une double jour­née et vivent de plus en plus sou­vent seules avec des enfants. Méfions-nous des consé­quences réelles de mesures qui ne résolvent pas la par­ti­ci­pa­tion des syn­di­quées à la vie poli­tique, syn­di­cale et asso­cia­tive géné­rale, entiè­re­ment, ou presque, orga­ni­sée par les hommes. Méfions-nous éga­le­ment de leur sens : péren­ni­sées, elles enté­ri­ne­raient au lieu de la com­battre la répar­ti­tion sociale sexuée des charges de la vie domes­tique et privée.

8) C’est sur les faits que SUD Éducation veut être jugé, dans ce domaine comme dans les autres. Promouvoir l’adhésion, l’activité, la par­ti­ci­pa­tion et l’engagement des femmes à toutes les tâches et tous les éche­lons du syn­di­cat est l’affaire de tous et nous devrons en mesu­rer pério­di­que­ment les effets.

Lors de notre pre­mier congrès, un état des lieux sera fait. Des conclu­sions en seront tirées. Le plus rapi­de­ment pos­sible, nous devrons par­ve­nir au même pour­cen­tage de femmes et d’hommes dans toutes les fonc­tions et dans tous les éche­lons du syn­di­cat. Un syn­di­ca­lisme de trans­for­ma­tion sociale passe aujourd’hui for­cé­ment par là.

2 – Interpro, chômage et flexibilité

I Pour en finir avec l’isolement et le corporatisme.

I.1 A la créa­tion de SUD édu­ca­tion, les adhé­rents ont déci­dé de rompre avec le syn­di­ca­lisme tra­di­tion­nel dans l’Éducation natio­nale, son « auto­no­mie » qui l’a iso­lé de la pro­blé­ma­tique de l’ensemble des tra­vailleurs, et sa logique cor­po­ra­tiste qui imprègne jusqu’aux sphères les plus combatives.

I.2 Le syn­di­ca­lisme ensei­gnant issu de l’éclatement de 47 s’est, de fait, pla­cé en dehors des confé­dé­ra­tions ouvrières et souffre ter­ri­ble­ment de « défor­ma­tion professionnelle ».

Il reven­dique un rôle incon­tour­nable dans une réuni­fi­ca­tion hypo­thé­tique, en faveur de laquelle il n’a, au demeu­rant, sus­ci­té aucune ini­tia­tive, et il cultive un cor­po­ra­tisme ensei­gnant excluant de ses pré­oc­cu­pa­tions la plu­part des non – ensei­gnants de l’Éducation natio­nale. Il se pose en don­neur de leçon, mul­ti­plie, sur le papier, les décla­ra­tions et sou­tiens divers, et se conçoit en « édu­ca­teur des masses ».

I.3 Dans la Fonction publique, et l’Éducation natio­nale en par­ti­cu­lier, les assem­blées syn­di­cales n’ayant jamais eu à trai­ter de « plans de licen­cie­ments », de « dégrais­sages », la conscience syn­di­cale liée à la ques­tion du chô­mage y est vécue comme un élé­ment exté­rieur, et le syn­di­ca­lisme de l’Éducation natio­nale est appa­ru inca­pable d’apprécier le chô­mage et la pré­ca­ri­té comme phé­no­mènes de masse se déve­lop­pant dans son sec­teur d’intervention. Ceci peut expli­quer la tra­di­tion­nelle pas­si­vi­té du milieu ensei­gnant face à l’explosion de la pré­ca­ri­té : main­tien du recru­te­ment de nou­veaux CES et MA, embauche mas­sive d’emplois jeunes et de vaca­taires, sous-trai­tance sur la base de CDI, voire CDD et contrats d’intérim.

I.4 Restant en cela aveugle, il a été inca­pable de réagir à hau­teur de l’enjeu, face aux licen­cie­ments mas­sifs de ses tra­vailleurs à sta­tuts pré­caires. Cet aveu­gle­ment ne gêne en rien les syn­di­cats majo­ri­taires dans l’éducation pour affir­mer leur soli­da­ri­té avec les luttes des plus dému­nis… des autres secteurs.

I.5 L’Éducation natio­nale et son syn­di­ca­lisme vivent la ques­tion de l’emploi sur le modèle qui reste celui des années 70, c’est-à-dire une période où le chô­mage s’arrête aux portes de la Fonction publique. 50 années d’autonomie syn­di­cale ne sont pas étran­gères à cette non-conscience sociale.

II L’unité

II.1 Depuis quelques années, par sa mon­dia­li­sa­tion, l’économie capi­ta­liste prend une forme nou­velle, encore plus bar­bare, et c’est au nom de ce nou­veau phé­no­mène, que l’on en appelle, une fois de plus, au « bon sens » des tra­vailleurs pour accep­ter res­tric­tions, pri­va­tions, déré­gle­men­ta­tion, chô­mage, (etc.).

II.2 L’élaboration, dans le cadre de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique, de l’Accord Multilatéral d’Investissement, véri­table bombe anti-sociale, est la der­nière expres­sion de la ten­dance actuelle.

II.3 Les dépla­ce­ments suc­ces­sifs de la pro­duc­tion vers les zones où le coût du tra­vail sala­rié est le plus bas, où il y a le moins de charges sociales et de contraintes en matières de droit du tra­vail, conduit à une attaque en règle des acquis de tous les tra­vailleurs et à terme, à un Droit du tra­vail comme à une pro­tec­tion sociale à minima.

II.4 L’organisation du tra­vail subit des modi­fi­ca­tions dans le même sens : recru­des­cence de la pré­ca­ri­té et de la flexi­bi­li­té, mul­ti­pli­ca­tion des contrats pré­caires, temps par­tiel impo­sé, annua­li­sa­tion du temps de tra­vail, vagues de licen­cie­ments… dans la pro­duc­tion comme dans les ser­vices, dans les sec­teurs pri­vés comme le sec­teur public.

II.5 Face à la logique libé­rale qui veut dres­ser les tra­vailleurs les uns contre les autres, fran­çais contre immi­grés, fonc­tion­naires contre sala­riés du pri­vé, Rmistes et chô­meurs contre sala­riés, pay­sans contre cita­dins… une prio­ri­té : l’unité.

SUD Éducation tis­se­ra les liens inter­pro­fes­sion­nels et recher­che­ra les conver­gences avec les tra­vailleurs du public comme du pri­vé, pri­vés d’emploi ou pas.

C’est le sens de la par­ti­ci­pa­tion de SUD Éducation à l’Union syn­di­cale Groupe des dix.

II.6 Pour une renais­sance du syn­di­ca­lisme de masse et de classe.
La dyna­mique de revi­ta­li­sa­tion des Bourses du tra­vail coïn­cide en effet avec une prio­ri­té qui condi­tionne le renou­veau et le déve­lop­pe­ment du syn­di­ca­lisme en France :

II.6.a Nous devons nous don­ner les moyens d’organiser les tra­vailleurs pré­caires, les inté­ri­maires, les tra­vailleurs des PME pour dépla­cer le centre de gra­vi­té du syn­di­ca­lisme du public ou pri­vé. L’initiative de l’aide aux tra­vailleurs du pri­vé incom­bant de fait aux syn­di­cats du public.

II.6.b Nous devons orga­ni­ser les sec­teurs lais­sés pour compte par le syn­di­ca­lisme ins­ti­tu­tion­nel et consti­tuer un pôle de lutte et de soli­da­ri­té contre les formes modernes de ges­tion de la main d’oeuvre et d’exploitation
Cela passe sans nul doute par le main­tien à tout prix des liens syn­di­caux dans une période carac­té­ri­sée par le déve­lop­pe­ment de la pré­ca­ri­té et du chô­mage de masse. Nous devons nous effor­cer de revi­ta­li­ser les struc­tures syn­di­cales ter­ri­to­riales : Unions locales et Bourses du travail.

II.7 Pour un syn­di­ca­lisme avec les tra­vailleurs immigrés.

Travailleurs à part entière, la défense et les reven­di­ca­tions spé­ci­fiques à leur sta­tut d’étrangers doivent être prises en compte par les orga­ni­sa­tions syndicales.

Nous nous inquié­tons très sou­vent des consé­quences de l’irruption du FN dans le champ social et de l’application de la ligne Mégret, qui s’oriente vers une stra­té­gie proche de ses consorts ita­liens : l’implantation syn­di­cale et sociale (cf. les 150 listes CFNT aux der­nières prud’homales).

Nous nous inquié­tons encore des ravages du racisme et de la xéno­pho­bie chez les tra­vailleurs. Pour les com­battre, la plu­part du temps, nous nous conten­tons d’une atti­tude sui­viste par rap­port au front répu­bli­cain, appa­rais­sant publi­que­ment à la traîne des orga­ni­sa­tions poli­tiques au pou­voir dans ce pays, qui visent à com­battre le fas­cisme au nom de la répu­blique bour­geoise, en le rédui­sant à un simple pro­blème moral, alors que ce sont pré­ci­sé­ment les effets sociaux du régime qui pro­voquent le déve­lop­pe­ment du fascisme.

Or, dans ce cadre, quoi de plus effi­cace que de syn­di­quer ensemble les tra­vailleurs fran­çais et immi­grés et de per­mettre enfin à ces der­niers de s’organiser sur leurs lieux de tra­vail, et non plus exclu­si­ve­ment dans les luttes de sans – papiers.

II.8. SUD Éducation est favo­rable à l’organisation des chô­meurs dans le même cadre syn­di­cal que les tra­vailleurs qui ne sont pas pri­vés d’emploi.

III Lutter contre la précarité

III.1. Mobilité et flexi­bi­li­té sont deve­nues les nou­velles règles d’or de la pro­duc­ti­vi­té du tra­vail, et faute de s’organiser à l’intérieur des entre­prises sous le contrôle des sala­riés, elles conduisent à la pré­ca­ri­té de l’emploi, à la fra­gi­li­sa­tion des acquis sociaux (rebap­ti­sés pour l’occasion : rigi­di­té) et des exis­tences individuelles.

Ces modi­fi­ca­tions ne pou­vaient pas res­ter aux portes de la Fonction publique. Tous les rap­ports de l’OCDE viennent stig­ma­ti­ser le retard de la France en matière de flexi­bi­li­té dans le sec­teur public. La logique qui pré­vaut aujourd’hui est bien celle de la pri­va­ti­sa­tion des pro­fits et de la socia­li­sa­tion des pertes, avec à la clef le cas­sage /​contour­ne­ment du sta­tut du fonc­tion­naire. L’exemple des Télécoms avec la jux­ta­po­si­tion de » tra­vailleurs publics » et de » tra­vailleurs pri­vés » est éclai­rant sur un ave­nir pos­sible pour l’ensemble des Fonctions publiques.

La géné­ra­li­sa­tion de l’insécurité sala­riale qui découle de cette logique libé­rale touche l’ensemble du sec­teur public et l’Éducation natio­nale n’est pas épargnée.

III.2. Avec plus de 100 000 non titu­laires (vaca­taires, CES, MA, Emplois-jeunes…) l’Éducation natio­nale est aujourd’hui le plus gros exploi­teur de tra­vailleurs à sta­tuts pré­caires. Pourtant, les orga­ni­sa­tions syn­di­cales n’ont pas su appré­hen­der (voire pas vou­lu syn­di­quer) ces per­son­nels, toutes acca­pa­rées qu’elles étaient à reven­di­quer et à orga­ni­ser des tra­vailleurs que la droite appelle » protégés « .

III.3. Avec 20% de postes en moins aux concours d’entrée dans l’Education natio­nale pour la ren­trée 97, 7% encore en moins pour la ren­trée 98, et l’approche d’une période de forts départs en retraite, il paraît évident que le recours à l’auxiliariat sera de nou­veau d’actualité d’ici 3 à 5ans.
La poli­tique actuelle et les besoins à moyen terme montrent que l’Education natio­nale entend deve­nir la pre­mière agence d’intérim du pays en gérant les flux sco­laires par le recours à une flexi­bi­li­té externe forte, la flexi­bi­li­té interne per­met­tant un pre­mier col­ma­tage. L’avenir semble donc là aus­si voué à une coha­bi­ta­tion aux pro­por­tions sans cesse crois­santes entre des fonc­tion­naires dont le sta­tut se fra­gi­lise et d’autres tra­vailleurs qui rentrent et sortent au fil des besoins.

III.4 Face au phé­no­mène mas­sif que consti­tue la pré­ca­ri­sa­tion de l’emploi, le syn­di­ca­lisme en géné­ral et plus par­ti­cu­liè­re­ment dans l’Éducation natio­nale, doit opé­rer une muta­tion reven­di­ca­tive néces­saire. Prendre plei­ne­ment en charge la ques­tion du chô­mage et de la pré­ca­ri­té doit per­mettre une amorce nou­velle dans la défense du ser­vice public. Il est pour cela néces­saire de sub­sti­tuer une approche sur l’emploi, à celle tou­jours plus étroite sur les qualifications.

III.5 La défense des non titu­laires de l’Éducation natio­nale mis au chô­mage par Bayrou, mal réem­bau­chés ou pas réem­bau­chés du tout par Allègre, consti­tue un véri­table test pour le syn­di­ca­lisme des ensei­gnants, un test sur sa capa­ci­té à sor­tir des pro­blé­ma­tiques internes à l’Éducation natio­nale. En conti­nuant à s’accrocher reli­gieu­se­ment à la logique des concours, (voir à ce sujet les résul­tats catas­tro­phiques des concours réser­vés aux MA), les syn­di­cats » repré­sen­ta­tifs » ont mon­tré leur inca­pa­ci­té à fran­chir l’obstacle épis­té­mo­lo­gique que consti­tue la ques­tion du chô­mage dans leur sec­teur d’intervention. Ils ont choi­si d’en res­ter à une vieille logique syn­di­cale dans laquelle on croit engran­ger des acquis alors qu’il n’y a plus rien à engran­ger. Pour l’occasion, engran­ger s’apparente plus à regar­der les hommes tom­ber, et la signa­ture du Protocole Perben en 1996 par la plu­part des orga­ni­sa­tions syn­di­cales est signi­fi­ca­tive de cette approche qui fait, sur le fond, l’économie de la ques­tion du chômage.

III.6 Les syn­di­cats locaux SUD Éducation ont par­tout essayé de rompre avec cette logique cor­po­ra­tiste qui laisse croire aux pré­caires de l’Éducation natio­nale qu’en lut­tant pour l’augmentation des salaires des titu­laires, ils ver­ront leur sort s’améliorer.

III.7 SUD Éducation a mis et met­tra au centre de son com­bat la lutte contre la pré­ca­ri­té dans l’Éducation natio­nale comme ailleurs. Cet enga­ge­ment n’est pas un sup­plé­ment d’âme. Il ne s’agit pas d’une soli­da­ri­té morale, mais d’un enga­ge­ment mili­tant contre ce qui repré­sente la nou­velle norme de l’emploi que le capi­ta­lisme veut mettre en place dans l’Éducation natio­nale comme par­tout , et qu’on ne peut s’en sor­tir que tous ensemble, encore titu­laires ou déjà désta­bi­li­sés. C’est pour­quoi SUD Éducation ne se contente pas de » sou­te­nir » les pré­caires, mais lutte avec eux et offre de les orga­ni­ser.
C’est bien le sens de notre enga­ge­ment dans les récentes luttes des chômeurs.

III.8 SUD Éducation reven­dique et se bat pour le droit au tra­vail pour toutes et tous, pour la garan­tie de l’emploi, pour la pro­tec­tion sta­tu­taire et le droit à la retraite. C’est pour­quoi nous refu­sons le recru­te­ment de tout pré­caire sans garan­tie d’emploi ni de sta­tut : nous nous oppo­sons à l’embauche de CES, nous condam­nons réso­lu­ment le dis­po­si­tif emploi-jeunes de la loi Aubry. Nous vou­lons agir pour la créa­tion d’emplois bud­gé­taires et statutaires.

SUD Éducation exige la titu­la­ri­sa­tion immé­diate et sans condi­tion – ni concours, ni dis­cri­mi­na­tion de natio­na­li­té – de tous les actuels non – titu­laires ensei­gnants, ATOSS et IATOS de l’Éducation natio­nale. Cela implique l’abrogation de la loi Perben et des dis­po­si­tions qui, actuel­le­ment, inter­disent cer­tains accès de la Fonction publique, (1er et 2e degré par exemple) pour les non ‑titu­laires étrangers.

III.9 SUD Éducation reven­dique l’arrêt du recru­te­ment de nou­veaux emplois pré­caires (MA, contrac­tuels, emplois – jeunes) et entend obte­nir, pour les actuels aides – édu­ca­teurs, un contrat de droit public, avec tous les droits indi­vi­duels et col­lec­tifs affé­rents, un temps de ser­vice équi­valent à celui des ensei­gnants des écoles et des sur­veillants d’externat dans les col­lèges, le droit et le béné­fice effec­tif d’une for­ma­tion qua­li­fiante débou­chant sur une garan­tie d’emploi défi­ni­tif pour ceux qui le souhaitent.

III.10 SUD Éducation fait de la satis­fac­tion de ces reven­di­ca­tions la prio­ri­té de son action, en y consa­crant l’investissement maté­riel, finan­cier et mili­tant néces­saire, en infor­mant et mobi­li­sant pour abou­tir.
C’est le sens de notre enga­ge­ment syn­di­cal contre le libéralisme.

IV Lutter contre l’annualisation

IV.1 Depuis 1994, les per­son­nels ouvriers et de labo­ra­toire sont confron­tés à l’annualisation du temps de tra­vail et à la flexi­bi­li­té horaire.
Le décret n° 94 – 725 du 24 août 1994, l’arrêté Éducation natio­nale du 25 avril 1995, ain­si que les cir­cu­laires minis­té­rielles n°94223 du 31 août 1994, n° 9408445 de sep­tembre 1994, et celle du 7 février 1995, fixent à 1677 le nombre d’heures devant être assu­rées chaque année par tout personnel.
Cet horaire glo­bal doit être effec­tué à rai­son de 43 semaines de 39 heures. Il peut être modu­lé sur l’ensemble de l’année, le tra­vail heb­do­ma­daire pou­vant varier de 35h à 43h, et l’amplitude jusqu’à 11 heures par jour.
Dans les cas où les 1677 heures n’ont pas pu être effec­tuées dans l’année, des chefs zélés décident de faire effec­tuer les heures res­tantes pen­dant les vacances d’été, ce qui ampute d’une semaine ou deux les vacances aux­quelles le per­son­nel ouvrier a droit. Le refus d’effectuer les heures res­tantes pou­vant entraî­ner des rete­nues sur salaire.
Ces docu­ments offi­ciels disent vou­loir répondre à la « moder­ni­sa­tion des modes de cal­cul actuels d’organisation du tra­vail », y vont de « l’intérêt du ser­vice public » et manient volon­tai­re­ment contra­dic­tions et impré­ci­sions. Ils laissent la porte ouverte à tous les abus de pou­voir, ce qui pro­voque une mul­ti­tude de conflits locaux, sans qu’aucun syn­di­cat n’essaye de coor­don­ner les luttes.
Cette for­mi­dable atteinte aux sta­tuts des per­son­nels ouvriers a été votée et sou­te­nue au CTPN du 7/​7/​1994 par la FEN et le SGEN-CFDT, les autres syn­di­cats ayant voté contre.

IV.2 Depuis 1994, les pro­fes­seurs de Lycées pro­fes­sion­nels second degré (PLP2) ont eux aus­si été annua­li­sés, du moins dans les textes. C’est-à-dire que les heures de cours offi­cielles (18 heures pour les dis­ci­plines géné­rales et 23 pour les ate­liers) seront cal­cu­lées au niveau annuel. Ainsi, les heures libé­rées lors des départs des élèves en stage d’entreprise devront être uti­li­sées soit en rem­pla­ce­ment de pro­fes­seurs absents, soit en sou­tien sco­laire, soit en cours en début d’année. Il faut rap­pe­ler que ces périodes de stage doivent per­mettre aux pro­fes­seurs de pré­pa­rer des pro­jets, mais sur­tout de suivre leurs élèves en entre­prises. Ce qui est d’autant plus utile pour sur­veiller les patrons afin qu’ils forment réel­le­ment leurs sta­giaires et ne les trans­forment pas en main‑d’oeuvre gratuite.

Cette réforme a été mise en place dans très peu d’établissements, les direc­tions pré­fé­rant s’affronter en pre­mier lieu aux IATOS. Cependant, son appli­ca­tion glo­bale devient de plus en plus une menace avec la nou­velle poli­tique menée par Allègre et ses adjoints.

IV.3 Cette ques­tion n’est pas propre à l’enseignement. Lors des der­nières dis­cus­sions sur la reva­lo­ri­sa­tion des salaires dans la Fonction publique, le minis­tère a fait com­prendre que la réduc­tion du temps de tra­vail pro­mise par Jospin ne serait appli­quée qu’en échange de l’annualisation.

De même, le patro­nat est en train d’essayer d’imposer cette annua­li­sa­tion, liée sou­vent à la loi Aubry sur les 35 heures, dans les entre­prises sous-trai­tantes de l’Éducation natio­nale (can­tines, net­toyage…), et plus glo­ba­le­ment dans l’ensemble des branches économiques.

3 – Hiérarchie et évaluation

L’ Éducation, comme le reste de la Fonction Publique, fonc­tionne sur un modèle auto­ri­taire, pyra­mi­dal et infan­ti­li­sant. La hié­rar­chie exerce son pou­voir sur les horaires, les condi­tions de tra­vail, l’emploi et les sta­tuts des personnels.

Des réponses satis­fai­santes à l’évolution des pra­tiques pro­fes­sion­nelles ne peuvent se conce­voir qu’au tra­vers de pra­tiques col­lec­tives asso­ciant l’ensemble des personnels.

C’est pour­quoi Sud Éducation s’oppose aux sys­tèmes d’évaluation de tous les personnels.

Nous lut­tons pour la sup­pres­sion de l’inspection, de la nota­tion et de toute forme de divi­sion des per­son­nels qui vise à main­te­nir la hié­rar­chie. De même Sud Éducation s’oppose à la hié­rar­chi­sa­tion des métiers et à la mul­ti­pli­ci­té des corps et des grades.

Sud Éducation sou­tient les per­son­nels qui refusent de se sou­mettre à cette forme d’évaluation.

Sud Éducation s’opposera à tout pro­jet visant à ren­for­cer la hié­rar­chie et la divi­sion des per­son­nels ( rap­port Pair, créa­tion d’établissements sco­laires du 1er degré diri­gés par un chef d’établissement….)

4 – Service public /​fonction publique

1/​Le mou­ve­ment actuel de restruc­tu­ra­tion et de pri­va­ti­sa­tion des ser­vices publics met sou­vent en cause très sévè­re­ment des pos­si­bi­li­tés et des droits acquis par l’ensemble des tra­vailleurs en matière de san­té, de sco­la­ri­sa­tion, de ser­vices de base (eau, élec­tri­ci­té, trans­ports, ex – PTT, etc.)

2/​Ce mou­ve­ment conduit aus­si à des attaques très rudes contre la majo­ri­té des sala­riés des ser­vices publics en matière de sta­bi­li­té de l’emploi, de salaires, de condi­tions de tra­vail, etc. Au cours de leurs déve­lop­pe­ments his­to­riques, les tra­vailleurs se sont bat­tus pour la recon­nais­sance des droits fon­da­men­taux de la per­sonne et la garan­tie de leur exer­cice : droit à la san­té, à la pro­tec­tion sociale, droit à l’éducation…

3/​Cependant, pou­vons-nous nous conten­ter de « défendre le ser­vice public » en oubliant sa fonc­tion et sa place dans la socié­té ? Rappelons que l’État recouvre trois domaines distincts :
en pre­mier lieu, l’appareil d’État pro­pre­ment dit. C’est l’armée, la police, la jus­tice, les pri­sons, etc. : la machine répres­sive d’État.
l’État a par ailleurs assu­mé, au fur et à mesure que se déve­lop­pait le capi­ta­lisme, toute une série de fonc­tions direc­te­ment éco­no­miques (indus­trielles, finan­cières, etc.) allant de la SNCF, de l’EDF ou des télé­com­mu­ni­ca­tions jusqu’au « Trésor public », à la « Caisse des dépôts et consi­gna­tions », en pas­sant par les entre­prises et banques nationalisées.
enfin, il a pris en charge des fonc­tions direc­te­ment de » ser­vice public « . C’est-‡-dire des fonc­tions liées à la repro­duc­tion de la force de tra­vail dans une éco­no­mie qui avait besoin d’une main‑d’oeuvre opé­ra­tion­nelle : c’est le sec­teur de l’éducation /​for­ma­tion et celui de la san­té et de la pro­tec­tion sociale.

4 /​Ensemble, avec le Groupe des 10, avec les autres syn­di­cats, avec les asso­cia­tions, nous lut­tons contre la sou­mis­sion des ser­vices aux impé­ra­tifs de pro­fit, pour la défense et l’extension des ser­vices publics, afin qu’ils soient effec­ti­ve­ment mis au ser­vice des tra­vailleurs et de la majo­ri­té de la popu­la­tion, et non des patrons et des financiers.

5/​En ce qui concerne l’Éducation Nationale, nous ne pen­sons donc pas que l’école, en soi, serait libé­ra­trice ou por­teuse d’un pro­grès qui échap­pe­rait aux réa­li­tés éco­no­miques et sociales de la socié­té qui la façonne

6/​Dans une telle socié­té, l’extension du rôle de l’État peut-elle être le moyen d’améliorer la vie des tra­vailleurs sans que les fon­de­ments éco­no­miques de cette socié­té soient remis en cause ? Capitalisme pri­vé ou capi­ta­lisme d’ état, c’est tou­jours le capitalisme.

7/​Cependant, Maastricht, Amsterdam, Luxembourg…, avec leurs cri­tères de conver­gence, tra­duisent la néces­si­té pour la bour­geoi­sie de pas­ser à l’offensive. Ces trai­tés exigent que ne coexistent pas en Europe des sys­tèmes pro­té­gés par des sta­tuts, comme en France, et des sys­tèmes, comme le sys­tème bri­tan­nique, où ces sta­tuts ont été, de longue date, dis­lo­qués. SUD Éducation n’entend pas réduire sa pro­blé­ma­tique à une approche fran­co-fran­çaise et sou­haite déve­lop­per les soli­da­ri­tés néces­saires avec les orga­ni­sa­tions syn­di­cales des autres pays.

8/​Comment peut-on aujourd’hui défendre les ser­vices publics ? Nous devons y défendre tous les acquis véri­tables, ceux qui ont un carac­tère col­lec­tif et éga­li­taire et pré­servent les inté­rêts et condi­tions de vie des tra­vailleurs, de leurs famille, des pré­caires, des immi­grés où qu’ils soient sur le ter­ri­toire, et non ceux liés à l’accumulation du capi­tal. Nous devons exi­ger la créa­tion de nou­veaux ser­vices publics, créa­tion qui s’impose pour tenir compte de l’évolution de la socié­té et des nou­veaux besoins sociaux et col­lec­tifs (petite enfance, grand âge et dépen­dance…) ; La dis­tri­bu­tion de l’eau ne doit pas être un géné­ra­teur de plus-value, nous reven­di­quons son inté­gra­tion au ser­vice public.

9/​Comment peut-on aujourd’hui défendre le sta­tut de fonc­tion­naire ?
Ce sta­tut sert sou­vent aujourd’hui d’alibi à des reven­di­ca­tions cor­po­ra­tistes (par exemple quand il sert de pré­texte au refus de la titu­la­ri­sa­tion des MA sans concours), ou fran­che­ment réac­tion­naires (quand il enté­rine l’accès inégal au tra­vail des étran­gers qui ne peuvent être titu­laires dans la Fonction Publique). Cependant, il exprime aus­si le droit de tous au tra­vail, à un emploi stable et pro­té­gé par des lois et un sta­tut. C’est en ce sens qu’il doit être éten­du à tous et défen­du, dans l’Éducation Nationale, en l’ouvrant à tous les étran­gers, en fai­sant un véri­table outil de lutte contre le chô­mage, la pré­ca­ri­té et pour les droits du tra­vail. Au ser­vice public doit cor­res­pondre un sta­tut de la Fonction Publique (Fonction Publique d’État, Territoriale, Hospitalière).

10/​Le droit à l’éducation, l’accès aux savoirs, consti­tuent un enjeu poli­tique majeur qui doit être posé et débat­tu comme tel, donc syn­di­ca­le­ment, dans un cadre inter­pro­fes­sion­nel réunis­sant tra­vailleurs, pré­caires, chô­meurs du public et du privé.

5 – Motion internationale

PREAMBULE

L’évolution du capi­ta­lisme nous impose plus que jamais une orga­ni­sa­tion du mou­ve­ment syn­di­cal sur une base inter­na­tio­nale. Délocalisations per­ma­nentes, sur­ex­ploi­ta­tion des tra­vailleurs en par­ti­cu­lier des tra­vailleurs immi­grés, liber­té des inves­tis­se­ments à tra­vers le monde, mul­ti­pli­ca­tions des conflits armés… néces­sitent le regrou­pe­ment des tra­vailleurs au delà des frontières.

La consti­tu­tion d’un réseau syn­di­cal inter­na­tio­nal n’est pas un gad­get. Nous en avons immé­dia­te­ment besoin.

1) Dès son ori­gine, SUD Éducation s’est clai­re­ment situé contre la logique poli­tique néo­li­bé­rale mise en oeuvre en
par­ti­cu­lier au niveau euro­péen dans les trai­tés de Maastricht et d’Amsterdam

1a. SUD Éducation a par­ti­ci­pé acti­ve­ment à la pré­pa­ra­tion des Marches euro­péennes contre le chô­mage, la pré­ca­ri­té et les exclu­sions, et se féli­cite du suc­cès de la mani­fes­ta­tion d’Amsterdam du 14/​06/​97.

1b. SUD Éducation a déci­dé de pour­suivre l’action dans le cadre du Réseau des Marches euro­péennes contre le chô­mage, la pré­ca­ri­té et les exclusions.

SUD Éducation a par­ti­ci­pé à l’élaboration de la motion consti­tu­tive du réseau éla­bo­rée à Luxembourg le 05/​10/​97. SUD édu­ca­tion est signa­taire de cette motion (texte publié dans le jour­nal natio­nal n’2) et constate avec inté­rêt que les posi­tions prises sont plus clai­re­ment anti-capi­ta­listes que dans les textes pré­cé­dents (Appel de Florence et contri­bu­tion reven­di­ca­tive de Bruxelles).

1c. SUD Éducation pren­dra donc toute sa place dans ce réseau, en recher­chant au maxi­mum des conver­gences au niveau des syn­di­cats repré­sen­tés et en par­ti­ci­pant à la réus­site des mani­fes­ta­tions d’ores et déjà envi­sa­gées : Assises de Bruxelles, mani­fes­ta­tion de Cardiff en juin 98 …

2) SUD édu­ca­tion a recher­ché à consti­tuer un réseau ouvert aux syn­di­cats de l’éducation enga­gés clai­re­ment dans la lutte contre la logique capi­ta­liste de pri­va­ti­sa­tion et de mise en concur­rence de l’enseignement.

Ce réseau a pour but de confron­ter nos ana­lyses et nos expé­riences afin d’envisager une riposte conjointe au niveau euro­péen à la poli­tique basée sur les cri­tères de conver­gences éta­blis par les dif­fé­rents accords et trai­tés enga­geant les pays de l’ UE.

2a. Le texte éta­bli à Grenade lors de la pre­mière réunion euro­péenne des syn­di­cats de l’éducation à laquelle ont par­ti­ci­pé la CGT espa­gnole, la CNT (France), le STEs (Espagne), SUD édu­ca­tion et l’UNICOBAS Scuola_​ARCA (Italie) est une base d’entente qui a déjà per­mis de déve­lop­per des soli­da­ri­tés actives lors de diverses actions ( MA, loi Bassanini, lutte des chô­meurs etc … ). Ce texte a été publié dans le jour­nal natio­nal n° 1.

2b. Des contacts régu­liers ont été éta­blis avec d’autres syn­di­cats non pré­sents à Grenade comme la SAC (Suède). Sud édu­ca­tion conti­nue­ra à déve­lop­per le réseau euro­péen des syn­di­cats euro­péens de l’éducation ini­tié à Grenade en mul­ti­pliant les échanges et les solidarités.

2c. SUD édu­ca­tion pro­pose d’organiser une action com­mune d’ampleur contre la poli­tique néo­li­bé­rale de l’ Union
Européenne.

3) Sud Éducation a, dès son ori­gine, sou­te­nu les mou­ve­ments des sans papiers en France pour la régu­la­ri­sa­tion de tous. Dans le même temps, il a recher­ché à éta­blir des contacts avec tous ceux qui à l’échelle euro­péenne com­battent contre les accords de Schengen et pour la libre cir­cu­la­tion des hommes et des femmes.

3a Dans ce sens, SUD édu­ca­tion a par­ti­ci­pé aux deux pre­miers fes­ti­vals inter-eth­niques orga­ni­sés à Rome par l’Association natio­nale anti­ra­ciste du 3 février qui regroupe 27 orga­ni­sa­tions poli­tiques, cultu­relles et syn­di­cales ita­liennes. Sud Éducation a par­ti­ci­pé au pre­mier congrès de cette asso­cia­tion les 14 et 15 février 98 et envoyé une délé­ga­tion le 1er mai à Rome.

3b. SUD Éducation a comme pers­pec­tive la créa­tion d’un réseau fran­çais et euro­péen d’organisations qui prennent clai­re­ment posi­tion contre toute poli­tique de maî­trise des flux migra­toires, pour la libre cir­cu­la­tion des per­sonnes et contre les accords de Schengen.

4) SUD Éducation a appor­té et appor­te­ra son sou­tien à tous ceux et à toutes les orga­ni­sa­tions qui luttent contre l’ oppres­sion quelle qu’en soit la forme et pour la liber­té. Dans ce sens, SUD édu­ca­tion a par­ti­ci­pé aux actions de soli­da­ri­té avec le Chiapas, de lutte contre tous les ter­ro­rismes en Algérie, contre la répres­sion au Maroc et en Guyane…

4a. Sud édu­ca­tion a appor­té son sou­tien mili­tant et finan­cier à la lutte menée par les dockers de Liverpool.

5) Sud édu­ca­tion, d’une manière géné­rale, cherche à renouer avec les prin­cipes inter­na­tio­na­listes délais­sés par les syn­di­cats tra­di­tion­nels au nom du réa­lisme et d’intérêts partisans.

6 – Pour la libre circulation des personnes

Pour SUD-Education, la libre cir­cu­la­tion des per­sonnes est un prin­cipe fon­da­men­tal. Vouloir l’encadrer de manière mal­thu­sienne, comme le font depuis main­te­nant plus de vingt ans les gou­ver­ne­ments de droite ou de gauche, ne peut que favo­ri­ser les thèses déma­go­giques de l’extrême droite qui font por­ter aux immi­grés la res­pon­sa­bi­li­té du chômage.

Depuis sa créa­tion, SUD-Education, par soli­da­ri­té, s’est donc réso­lu­ment pla­cé aux côtés des sans-papiers, sou­te­nant acti­ve­ment ces der­niers dans leurs luttes et leurs reven­di­ca­tions, récla­mant et exi­geant avec eux l’abrogation des Lois Pasqua-Debré, dénon­çant, en la matière, les demi-mesures et les erre­ments du gou­ver­ne­ment de la gauche plurielle.

Pour SUD-Education, ce sou­tien est tota­le­ment légi­time puisqu’il se fonde sur les valeurs de l’internationalisme qui honorent l’histoire du mou­ve­ment ouvrier.

Bien que, dans le contexte actuel, la défense du prin­cipe de la libre cir­cu­la­tion des per­sonnes soit un com­bat dif­fi­cile, SUD Éducation agi­ra à chaque fois que celui-ci sera remis en cause d’une manière ou d’une autre. Il est en effet du devoir d’une orga­ni­sa­tion syn­di­cale de l’éducation, qui plus est por­teuse d’un vrai pro­jet de trans­for­ma­tion sociale, de rele­ver un tel défi.

Sud-Education se doit de mener une action, à la fois exem­plaire et péda­go­gique, vis-à-vis de tous les membres de la com­mu­nau­té édu­ca­tive, des sala­riés et de l’ensemble du monde du travail.

Cette action doit avoir pour but de rap­pe­ler tout d’abord qu’émigrer n’est pas une déci­sion facile, car c’est avant tout la misère, ou la situa­tion poli­tique, qui poussent hommes et femmes à quit­ter la région, le pays où ils sont nés et où ils ont leurs attaches familiales.

Elle devra rap­pe­ler ensuite, que les flux migra­toires actuels sont pour l’essentiel une consé­quence des pro­fondes inéga­li­tés de déve­lop­pe­ment, de la très scan­da­leuse et inégale répar­ti­tion des richesses mon­diales, mais qu’ils sont aus­si le moyen de garan­tir l’intégrité phy­sique des per­sonnes pour­chas­sées pour leurs convic­tions poli­tiques, phi­lo­so­phiques ou reli­gieuses, per­sonnes que la France, fidèle à sa répu­ta­tion de terre d’asile, se doit d’accueillir.

Parce que notre volon­té de trans­for­ma­tion sociale ne se limite pas au cadre trop étroit de la nation, SUD-Education soutiendra :
les poli­tiques qui com­battent réel­le­ment les dés­équi­libres éco­no­miques et sociaux entre les peuples du nord et du sud, afin de favo­ri­ser une juste et équi­table répar­ti­tion des richesses mondiales,
les poli­tiques qui com­battent toutes les formes d’oppression et favo­risent la libre cir­cu­la­tion des personnes.

Comme pre­mière étape de cette lutte, SUD édu­ca­tion com­bat pour des papiers pour tous les sans-papiers.

7 – Elections professionnelles et libertés syndicales

La Fédération des syn­di­cats SUD Éducation s’est consti­tuée notam­ment par oppo­si­tion à un syn­di­ca­lisme qui fait de la par­ti­ci­pa­tion aux élec­tions pro­fes­sion­nelles et aux com­mis­sions pari­taires son acti­vi­té pri­vi­lé­giée, voire unique. Elle est consciente que les batailles impor­tantes se gagnent non dans les salons minis­té­riels ou rec­to­raux, mais dans la mobi­li­sa­tion et l’action de tous les personnels.

La Fédération pré­sente néan­moins des listes dans tous les corps aux élec­tions natio­nales et aca­dé­miques, car ces élec­tions sont un moyen par­mi d’autres de mesu­rer l’audience d’une orga­ni­sa­tion syn­di­cale et ouvrent des droits syn­di­caux (décharges, etc.) qui faci­litent l’ensemble de l’activité syn­di­cale et n’induisent pas une adhé­sion au pari­ta­risme comme orien­ta­tion syn­di­cale. Ses élus sié­ge­ront en CAPD, CAPA, CAPN, CTP… ces com­mis­sions pou­vant per­mettre la défense des per­son­nels face à l’arbitraire de l’administration.

La Fédération s’engage à exer­cer un contrôle étroit du res­pect des man­dats don­nés aux com­mis­saires pari­taires natio­naux et à rendre publique l’intégralité des inter­ven­tions non – confi­den­tielles de l’administration et des élus.

L’article 94 de la loi du 16 décembre 1996 (dite » Loi Perben « ) a ins­ti­tué en droit de la fonc­tion publique la règle du mono­pole des orga­ni­sa­tions syn­di­cales » repré­sen­ta­tives » pour la pré­sen­ta­tion de listes de can­di­da­tures au pre­mier tour des élec­tions des repré­sen­tants du per­son­nel dans les CAP et les CTP. La » repré­sen­ta­ti­vi­té » des orga­ni­sa­tions syn­di­cales est mani­fes­te­ment défi­nie de façon à inter­dire d’élections pro­fes­sion­nelles tout nou­veau syn­di­cat. SUD édu­ca­tion a déjà été vic­time de cette loi scé­lé­rate par deux fois en 1997 (deux listes natio­nales inva­li­dées). La pour­suite d’une poli­tique d’interprétation res­tric­tive de cette loi par le minis­tère et les tri­bu­naux admi­nis­tra­tifs peut mena­cer gra­ve­ment et à court terme SUD édu­ca­tion dans son exis­tence même.

Aussi la Fédération s’engage-t-elle à tout mettre en oeuvre dès 1998 pour :
Se défendre au plan juri­dique avec la plus grande effi­ca­ci­té devant les TA.
Informer et mobi­li­ser lar­ge­ment les per­son­nels de l’E.N.
Obtenir la prise en compte et le déve­lop­pe­ment effec­tif de cette lutte par le G 10.
Obtenir dans cette lutte pour les liber­tés syn­di­cales le concours effec­tif du plus grand nombre. La Fédération reven­dique l’abrogation de cet amendement.

8 – Libertés et droits

SUD-Éducation, dans son orien­ta­tion et dans son com­bat quo­ti­dien, arti­cule la défense des inté­rêts maté­riels et moraux des tra­vailleurs, le com­bat pour une autre socié­té avec la lutte pour garan­tir la pleine appli­ca­tion des liber­tés démocratiques.

SUD-Éducation est atta­ché de manière inflexible à la liber­té de pen­ser, à la liber­té d’expression, à la liber­té d’association et à la liber­té de grève et de mani­fes­ta­tion, mais aus­si à la liber­té pour tous d’aller et de venir et de séjour­ner dans le pays de son choix. Libertés que chaque gou­ver­ne­ment de droite comme de gauche tente de res­treindre, soit au nom de l’intérêt supé­rieur de l’Etat, soit en uti­li­sant le pré­texte fal­la­cieux de faire le jeu de l’extrême-droite.

C’est au contraire la res­tric­tion des liber­tés démo­cra­tiques et la cen­sure qui font le lit des par­tis liberticides.

SUD-Éducation a, depuis sa créa­tion, mili­té pour le déve­lop­pe­ment des droits des tra­vailleurs. Il a tou­jours été au côté des sala­riés, des chô­meurs, des immi­grés et de tous les exclus et mino­ri­tés, pour reven­di­quer avec toutes les orga­ni­sa­tions et asso­cia­tions qui les défendent :
le droit au travail
le plein exer­cice des droits poli­tiques et syn­di­caux dans la Cité et dans l’entreprise
le droit au logement
le droit à la santé
le droit à l’avortement
le droit à des papiers pour tous.

Pour SUD-Éducation, le com­bat pour les liber­tés et les droits n’est pas un com­bat de plus, mais l’expression de la pré­fi­gu­ra­tion du fonc­tion­ne­ment démo­cra­tique de « l’autre socié­té » que nous voulons.

9 – Laïcité : un combat d’aujourd’hui

La laï­ci­té est une condi­tion essen­tielle des liber­tés. Par crainte de paraître dépas­sées, au pré­texte de l’adaptation au monde moderne, nombre d’organisations trouvent plus judi­cieux de s’en tenir à la stricte défense des ser­vices publics. C’est à notre avis une erreur.

Sur ce ter­rain, trop d’occasions ont été gâchées, des suites lamen­tables don­nées au rap­port de force éta­bli le 16 Janvier 1994 aux ren­dez-vous man­qués lorsque le pré­sident de la République en visite au Vatican assure le pape de l’attachement de la « fille aînée de l’Église » à son mes­sage, ou lors des 2 visites pas­to­rales de Jean-Paul II en 96 et en 97 où la loi de sépa­ra­tion de l’Église et de l’État a été lar­ge­ment piétinée.

La défense du prin­cipe de laï­ci­té est aujourd’hui néces­saire pour contrer la dérive libé­rale, le repli sur soi, le com­mu­nau­ta­risme reli­gieux ou eth­nique, le rétré­cis­se­ment des aspi­ra­tions popu­laires, qui laissent le champ libre à la venue au pou­voir de nos­tal­giques de la » puri­fi­ca­tion natio­na­liste » déjà en marche dans quatre villes du Sud de la France.

De par le monde, d’Algérie, d’Afghanistan, d’Iran, des USA, de Pologne, d’Alsace, de Moselle, des regards se tournent vers le prin­cipe de laï­ci­té, le consi­dé­rant comme le moyen de contrer le clé­ri­ca­lisme triom­phant, qui s’en prend aux droits élé­men­taires, ren­voie les peuples à des pra­tiques d’un autre âge, dont les pre­mières vic­times sont le plus sou­vent des femmes, et étouffe les avan­cées éman­ci­pa­trices (tra­vail des femmes, contra­cep­tion, avortement…).

La défense d’une laï­ci­té sans com­pro­mis est donc pour SUD Education une néces­si­té pour assu­rer la coexis­tence des citoyens dans notre pays, mais aus­si pour sou­te­nir dans le monde entier toutes les femmes et tous les hommes dont les liber­tés fon­da­men­tales sont entravées.

Cet enga­ge­ment a bien évi­dem­ment des consé­quences pour l’école.

Une seule école : l’école laïque.

La laï­ci­té, c’est la conquête de l’autonomie de l’individu contre toutes les tutelles . La laï­ci­té, c’est le refus du clé­ri­ca­lisme, le refus de voir les auto­ri­tés reli­gieuses se mêler de la ges­tion de la cité et de ses ins­ti­tu­tions. L’évolution de la socié­té mar­chande nous conduit à nous oppo­ser éga­le­ment aux puis­sances finan­cières qui, par l’intermédiaire du par­rai­nage, entendent peser sur le sys­tème édu­ca­tif public.

De là nous sommes oppo­sés à l’existence d’établissements pri­vés qui enferment cha­cun dans une com­mu­nau­té défi­nie par l’origine sociale ou reli­gieuse des parents, voire l’origine eth­nique. Cette concep­tion s’oppose à la socia­li­sa­tion, à la for­ma­tion de l’esprit cri­tique et tend à trans­for­mer la socié­té en jux­ta­po­si­tion de com­mu­nau­tés concur­rentes.
L’école ne doit pas deve­nir un lieu qui exa­cerbe les dif­fé­rences, elle doit être un espace laïque où l’individu peut se déve­lop­per libre­ment au contact des autres et par l’usage du dia­logue pour deve­nir un citoyen. Lutter pour la laï­ci­té, c’est lut­ter quo­ti­dien­ne­ment pour que tous les enfants trouvent et gardent une place dans le ser­vice public d’éducation, capable de diver­si­fier les pra­tiques pédagogiques.

Démocratie à l’école.

Pour SUD Éducation, il s’agit éga­le­ment de défendre une école où les dif­fé­rences puissent par leur expres­sion concou­rir à une construc­tion com­mune, à un être-ensemble, et non pas conduire à des replis iden­ti­taires et mino­ri­taires qui désertent l’espace com­mun. Le repli iden­ti­taire et reli­gieux s’exacerbe là où les indi­vi­dus ne sont plus impli­qués acti­ve­ment dans la construc­tion col­lec­tive. SUD Éducation consi­dère donc comme essen­tielle la lutte pour une réelle démo­cra­tie à l’école.

Critique des idéologies.

La lutte pour la laï­ci­té doit prendre la forme d’une lutte contre les idéo­lo­gies, qui entravent la pen­sée cri­tique. Il s’agit de faire com­prendre leur méca­nisme, leur infil­tra­tion et la résis­tance qu’elles opposent à toute cri­tique. Mais si cette ana­lyse a peu à peu été admise en ce qui concerne les idéo­lo­gies reli­gieuses, il n’y a guère de place aujourd’hui pour une cri­tique de l’ idéo­lo­gie néo-libé­rale domi­nante qui, par la déses­pé­rance qu’elle entraîne pour beau­coup, nour­rit la fuite vers l’irrationnel et le religieux.

La défense de l’école publique contre l’intrusion de tout inté­rêt pri­vé, et contre sa trans­for­ma­tion en vaste entre­prise à gérer, sup­pose l’analyse cri­tique en amont de l’idéologie néo-libé­rale des­truc­trice de toute démo­cra­tie . Quelle place don­ner à cette ana­lyse dans le cadre de l’école actuelle ?Telle est la ques­tion que Sud Éducation doit prendre en charge.

La défense de la laï­ci­té ne peut se réduire, comme le deman­dait le pro­jet d’ Allègre sur l’instruction civique en classe de ter­mi­nale, à rap­pe­ler aux élèves qu’ils n’ont pas arbo­rer de signes reli­gieux osten­ta­toires, ni non plus à exer­cer le moindre pro­sé­ly­tisme. Que vaut ce rap­pel des devoirs de citoyen dans un contexte de déni de la démo­cra­tie, dans un contexte où per­sonne n’a plus tout à fait son mot à dire face à la dérive de l’école vers des modèles de concur­rence et de rentabilité ?

Nous affir­mons que l’éducation sco­laire est une fonc­tion publique qui ne peut se dérou­ler que dans un espace public et donc laïque.
La seule reven­di­ca­tion qui satis­fasse notre exi­gence laïque est l’appropriation par le domaine public, sans indem­ni­té ni rachat , des éta­blis­se­ments confes­sion­nels, patro­naux et com­mer­ciaux ; C’est la reven­di­ca­tion d’un ser­vice public, unique, démo­cra­tique, et laïque d’éducation.

Dès main­te­nant, SUD Éducation lut­te­ra pour que les fonds publics ne servent plus à finan­cer les écoles privées.

SUD Éducation s’engage à réac­ti­ver le débat laïque, à relan­cer l’action sur ce dos­sier, et à oeu­vrer à la consti­tu­tion d’un mou­ve­ment laïque, et à par­ti­ci­per sur ses bases à la lutte pour la laïcité.

10 – Quelle école nous voulons

1- La cri­tique de l’école de Jules Ferry n’est plus à faire, ni celle de l’école en tant qu’appareil idéo­lo­gique d’Etat. La mas­si­fi­ca­tion n’aura rien eu à voir avec une démo­cra­ti­sa­tion de l’école, le sys­tème édu­ca­tif est plus sélec­tif que jamais et sa fonc­tion de repro­duc­tion sociale se per­pé­tue. Certes, cette repro­duc­tion est un phé­no­mène contra­dic­toire dans ses effets (appren­tis­sage de la lec­ture pour la masse de la popu­la­tion, accès à la culture …), mais ces contra­dic­tions évo­luent en fonc­tion de l’état de la socié­té. Progressiste quand la socié­té pro­gresse, l’école ren­force les inéga­li­tés quand la crise frappe, ce qui est le cas aujourd’hui.

Ne nous y trom­pons pas : vou­loir atté­nuer la rigueur de la sélec­tion au sein d’une école dont c’est pré­ci­sé­ment la fonc­tion est illu­soire. C’est une lutte cepen­dant nécessaire.

L’école sert, en effet, de cour­roie de trans­mis­sion à » la pen­sée unique » et forme des élites asser­vies à une socié­té libé­rale qui recherche le pro­fit pour une mino­ri­té de pos­sé­dants et qui est sou­mise à la pres­sion domi­nante des mar­chés. Elle ne peut faire autre­ment que de cau­tion­ner l’instabilité de l’emploi, la pré­ca­ri­té et le chô­mage. Elle livre donc les jeunes pieds et poings liés aux pou­voirs établis.

2- L’école est aujourd’hui vécue et dési­gnée comme res­pon­sable des maux dont souffre la popu­la­tion, ce qui per­met des mani­pu­la­tions de toutes sortes. Dans ce cadre, les décla­ra­tions déma­go­giques d’Allègre sur les ensei­gnants consti­tuent un véri­table pro­jet. Il s’agit en effet de séduire l’opinion publique pour agir en posi­tion de force et, en s’assurant le sou­tien des asso­cia­tions de parents, d’enfoncer des coins dans un front syn­di­cal déjà consi­dé­ra­ble­ment atone.

Il s’agit à terme de pro­fes­sion­na­li­ser l’éducation pour répondre aux besoins à court terme de l’économie capi­ta­liste. Dans le même temps, on vise à trans­for­mer la fonc­tion d’enseignant aus­si bien que celle des per­son­nels ouvriers, tech­niques, admi­nis­tra­tifs, de ser­vice ain­si que de recherche et de formation :
en agent de contrôle social par un exa­men pro­fes­sion­nel de « morale civique » don­nant lieu à un ensei­gne­ment dis­ci­pli­naire dans le secondaire.
en « agent d’ambiance » char­gé d’amoindrir les ten­sions sociales et la vio­lence qui en découle, sou­te­nu s’il le faut par des » emplois jeunes » trans­for­més en agent de sécurité.
en for­ma­teur, char­gé de pré­pa­rer une main‑d’oeuvre docile mais effi­cace par son savoir-faire repro­duc­tible, sous le contrôle de professionnels.

Afin de garan­tir cette trans­for­ma­tion du rôle de l’enseignant, on renforce :
l’arbitraire du recru­te­ment des per­son­nels en le « déconcentrant »
les pré­ro­ga­tives et le pou­voir de la hiérarchie
la régle­men­ta­tion et la mise sous sur­veillance des acti­vi­tés pédagogiques
l’avancement au mérite

3- dans ce contexte, il est déci­dé­ment urgent d’oeuvrer pour
une école :

qui forme des citoyens libres, des indi­vi­dus cri­tiques, conscients de la plu­ra­li­té des modes de pen­sée, à même d’analyser la socié­té dans laquelle ils vivent et d’agir pour la transformer.
qui forme des citoyens égaux au sein d’une ins­ti­tu­tion laïque où l’individu peut s’enrichir au contact des autres, de leurs ori­gines, de leurs sin­gu­la­ri­tés et de la diver­si­té de leurs situa­tions, et dans laquelle les droits sont les mêmes pour tous.
qui par la gra­tui­té réelle per­mette l’accès de tous à un véri­table ser­vice Public d’Education pré­ser­vé des pres­sions de toutes sortes.
qui valo­rise un ensei­gne­ment géné­ral appro­fon­di et rigou­reux dis­po­sant de moyens équi­va­lents pour tous, sans filières, sans ghet­toï­sa­tion selon les zones géo­gra­phiques, ce qui sup­pose le refus de la concur­rence entre les indi­vi­dus, les pro­jets et les établissements.
qui défi­nisse les exi­gences au regard des fins ration­nelles et poli­tiques à pour­suivre et refuse donc de répondre à des besoins d’adaptation des élèves à la pres­sion sociale du moment.
qui four­nisse à tous les élèves les outils d’un tra­vail intel­lec­tuel cohé­rent et métho­dique, qui cesse de frac­tion­ner le savoir en le rédui­sant à des pro­cé­dure ou des tech­niques qui ne visent pas à fon­der un juge­ment, mais réduisent l’élève à être éva­lué selon des objec­tifs par­tiels sur les­quels il n’a pas prise, où les connais­sances dans les domaines de la san­té, de la psy­cho­lo­gie de l’enfant et des méthodes d’apprentissage puissent être mises en œuvre dès que nécessaire.

Dont les per­son­nels auront la res­pon­sa­bi­li­té recon­nue de déter­mi­ner les moyens néces­saires ( en effec­tifs, en équi­pe­ments, en locaux …) pour assu­rer vrai­ment l’égalité.
qui ouvre à chaque élève de vrais lieux de réflexion, d’expression, de déci­sion, de com­mu­ni­ca­tion et de coopération.

4- L’école que nous vou­lons c’est l’école d’une autre Société.
parce que nous ne croyons pas au carac­tère iné­luc­table de la mon­dia­li­sa­tion assor­tie de son cor­tège de pré­ca­ri­té et de misère.
parce que nous lut­tons pour la réap­pro­pria­tion de la digni­té et des droits fon­da­men­taux des individus.
parce que l’émancipation, c’est aus­si le fruit de l’expérience de la soli­da­ri­té acquise auprès des exclus, des pré­caires et des sans-papiers.

5- En conclu­sion, nous ne sau­rions être un syn­di­cat cor­po­ra­tiste voué à la défense exclu­sive d’une cer­taine caté­go­rie de sala­riés. Nous reven­di­quons donc une démarche inter-caté­go­rielle, uni­taire et inter­pro­fes­sion­nelle, mais aux côtés des chô­meurs, des sans-droits, et des sans-recours dont le nombre ne fait que croître, vic­times d’un sys­tème qu’il n’est bien enten­du pas ques­tion de cogérer.

Ce qui nous unit, c’est la convic­tion que notre syn­di­cat a un rôle à jouer dans les luttes sociales en vue de la trans­for­ma­tion d’un sys­tème qui a mon­tré toute sa per­ver­si­té. Cela nous impose de construire un cadre pour l’amplification du dia­logue démo­cra­tique où cha­cun se recon­naî­tra dans les déci­sions et les actions, et par­ti­ci­pe­ra d’une volon­té col­lec­tive pour l’école, d’une volon­té créa­trice de liber­té pour l’avenir social.

11 – Plate-forme revendicative de SUD Education

La plate-forme de SUD-Éducation exprime notre volon­té de construire un syn­di­ca­lisme de lutte, d’agir sur la recom­po­si­tion syn­di­cale et notre refus de com­pi­ler des reven­di­ca­tions catégorielles.

Défendre les inté­rêts et faire abou­tir les reven­di­ca­tions de tous les per­son­nels de l’Education Nationale de la mater­nelle à l’université, ensei­gnants, ATOSS, et IATOSS, aides-édu­ca­teurs, en acti­vi­té et retrai­tés, titu­laires, non-titu­laires, pré­caires et deman­deurs d’emploi,
défendre le Service Public dans son ensemble, et pro­mou­voir un ensei­gne­ment public, laïque et gra­tuit qui assure l’accueil, l’éducation, l’instruction, et le déve­lop­pe­ment pour cha­cun et pour tous, obte­nir les moyens de nos ambi­tions, lut­ter contre l’échec sco­laire, la divi­sion hié­rar­chique et catégorielle …
contri­buer à l’émergence d’une socié­té juste, éga­li­taire, et com­battre l’exploitation, le racisme, la course aux arme­ments, le pillage du tiers monde, le chô­mage, l’exclusion et la misère pour garan­tir et déve­lop­per les droits de l’homme, le droit des femmes, des enfants, des immi­grés, le droit à l’emploi, au loge­ment et à la santé …

Cela implique une cohé­rence entre nos reven­di­ca­tions pour :

-l’ensemble des tra­vailleurs (dont chô­meurs et précaires),
– les per­son­nels de notre champ de syndicalisation,
– les enfants/​les jeunes.

Cela implique un sou­ci constant d’étudier les inci­dences de nos reven­di­ca­tions à ces trois niveaux et un rôle d’information interne (péda­go­gique, inter­ca­té­go­riel) et externe (inter­pro­fes­sion­nel et associatif).

Cela implique d’articuler les reven­di­ca­tions géné­rales ou abso­lues, de fond ou de prin­cipe, voire uto­piques encore pour cer­taines, et les reven­di­ca­tions immé­diates, dans l’urgence du contexte, à l’intérieur des contraintes exis­tantes. (Cela implique, par exemple, de faire le lien entre les reven­di­ca­tions rele­vant de la trans­for­ma­tion du droit et celles rele­vant de l’application d’un droit existant).

Cela implique aus­si d’associer des pro­po­si­tions (en terme de moyens d’action, de débats, d’information, de for­ma­tion …) à nos revendication

1- DÉFENDRE LES INTÉRÊTS DES TRAVAILLEURS DANS LA SOCIÉTÉ

La pré­ca­ri­té et le chô­mage sont les consé­quences logiques et habi­le­ment modu­lées du sys­tème capi­ta­liste qui, en exploi­tant, en divi­sant et en fra­gi­li­sant tou­jours plus les indi­vi­dus, les pré­pare à accep­ter comme iné­luc­table la mise en place, insi­dieuse ou bru­tale, d’un nou­veau type d’exploitation.
Les droits à un reve­nu et à une acti­vi­té sont des droits fon­da­men­taux au même titre que les droits élé­men­taires de loge­ment, de san­té, d’éducation et de culture. Refusons la pré­ca­ri­sa­tion déjà ins­tal­lée et les mesures de flexi­bi­li­té impo­sées au nom du profit.

Nous lut­tons :
pour la résorp­tion du chô­mage, pour que le tra­vail soit répar­ti entre tous, par une dimi­nu­tion signi­fi­ca­tive du temps de tra­vail sans perte de salaire ni flexi­bi­li­té impo­sée aux tra­vailleurs : une loi rédui­sant immé­dia­te­ment le temps de tra­vail à 32 h maxi­mum et impo­sant des embauches cor­res­pon­dantes. Nous refu­sons que la dimi­nu­tion du temps de tra­vail entraîne des contre­par­ties qui seraient des reculs pour les tra­vailleurs (annua­li­sa­tion, baisse ou stag­na­tion des salaires) ; nous veille­rons à ce qu’aucune nor­ma­li­sa­tion euro­péenne ne se fasse sur la base des posi­tions et des droits les moins avan­cés pour les tra­vailleurs et nous nous mobi­li­se­rons dans ce sens avec les tra­vailleurs et chô­meurs des autres pays.
pour le droit à un reve­nu décent pour tous ;
contre toute dis­cri­mi­na­tion fon­dée sur l’âge, le sexe, l’origine eth­nique ou sociale ;
pour le droit syn­di­cal, son exer­cice dans le cadre des acquis impo­sés par le mou­ve­ment ouvrier jusqu’à nos jours (droit de grève, de réunion, d’information et de for­ma­tion, d’affichage…), sa défense contre la volon­té de mise sous tutelle du syn­di­ca­lisme déjà illus­trée par les lois Perben de décembre 96 (lois liber­ti­cides qui visent à ins­tau­rer un modèle dépo­sé du syndicat).

2- DÉFENDRE LE SERVICE PUBLIC

Au nom de la concur­rence et du pro­fit, à la Poste, à France Telecom, à la SNCF, dans la Santé, les chan­tiers navals et l’Éducation Nationale… qu’ils soient indus­triels, com­mer­ciaux ou admi­nis­tra­tifs, les Services publics sont déré­gle­men­tés, cas­sés, privatisés.
Dans la Fonction Publique, et notam­ment dans l’Éducation Nationale, la pré­ca­ri­sa­tion de l’emploi est ins­tal­lée et s’aggrave. l’austérité bud­gé­taire, le pro­ces­sus de mise en concur­rence des éta­blis­se­ments sco­laires, les CLE, les pro­jets conte­nus dans le rap­port Pair, etc … consti­tuent une remise en cause inquié­tante de l’école publique.
Dans tous les pays euro­péens, les mêmes poli­tiques « libé­rales » pro­duisent les mêmes effets. Ensemble, avec le Groupe des 10, avec les autres syn­di­cats, avec les asso­cia­tions, nous lut­tons contre la sou­mis­sion des ser­vices publics aux impé­ra­tifs du pro­fit. Pour la défense et l’extension des ser­vices publics, afin qu’ils soient effec­ti­ve­ment mis au ser­vice des tra­vailleurs et de la majo­ri­té de la popu­la­tion, et non des patrons et des financiers.

3- DANS NOTRE CHAMP DE SYNDICALISATION, QUELLE ÉCOLE ?

Nous nous ins­cri­vons dans la lutte pour une école (école : terme employé dans ces textes pour tout éta­blis­se­ment sco­laire et même uni­ver­si­taire) où tout soit fon­dé sur le déve­lop­pe­ment des facul­tés de l’élève, où cha­cun béné­fi­cie d’un droit égal à s’instruire au lieu d’être le jouet de la sélection.

Cette école à fon­der en droit est une école PUBLIQUE, LAÏQUE, ET GRATUITE.

Nous affir­mons que l’éducation sco­laire est une fonc­tion publique qui ne peut se dérou­ler que dans un espace public.
Nous sommes oppo­sés à l’existence d’établissements pri­vés, sub­ven­tion­nés par l’État, écoles qui enferment cha­cun dans une com­mu­nau­té défi­nie par l’origine sociale ou la reli­gion des parents, voire l’origine ethnique.

L’école ne doit pas deve­nir un lieu qui exa­cerbe les dif­fé­rences, elle doit être un espace laïque où l’individu peut se déve­lop­per libre­ment au contact des autres, par l’usage du dia­logue et l’exercice de l’esprit cri­tique pour deve­nir un citoyen.

Lutter pour la laï­ci­té, c’est lut­ter contre l’intrusion dans les éta­blis­se­ments de tout inté­rêt pri­vé, qu’il soit reli­gieux ou com­mer­cial, et que pour que l’école reste ouverte à tous, fran­çais et étran­gers, quelles que soient leur ori­gine et leur situation.

C’est aus­si lut­ter pour que les pro­grammes soient des pro­grammes natio­naux, sans notion de « pro­gramme mini­mum » qui tend à réser­ver cer­tains appren­tis­sages à la sélec­tion insi­dieuse et pré­ma­tu­rée d’une élite sous forme d’options diverses.

C’est aus­si lut­ter pour que le temps sco­laire ne soit pas amé­na­gé en fonc­tion des inté­rêts exté­rieurs à l’école.
Respecter la laï­ci­té, c’est aus­si com­battre l’idéologie du tout com­mer­cial qui consi­dère l’école comme un mar­ché à conqué­rir (mar­ché de main‑d’oeuvre, mar­ché de consommateurs…).

L’école est le pre­mier lieu de vie après la famille. Elle inau­gure sou­vent la ren­contre de l’individu avec la socié­té, elle a de ce fait pour fonc­tion de for­mer sans défor­mer ni confor­mer. Elle doit pré­pa­rer à une entrée ulté­rieure dans la vie sociale. Au moment où la pau­pé­ri­sa­tion frappe de plus en plus d’élèves et de familles, fra­gi­li­sant par­fois le lien à l’école, l’État doit assu­rer la gra­tui­té réelle de la sco­la­ri­té (maté­riel, livres, équi­pe­ments, trans­ports, accès à la culture, can­tines sco­laires …) L’Éducation Nationale doit créer des postes d’assistantes sociales, d’infirmières, de méde­cins, de conseillers d’orientation en nombre suf­fi­sant ; elle doit déve­lop­per dans le pre­mier degré et créer dans le second degré le per­son­nel néces­saire à l’aide aux élèves en dif­fi­cul­té de tout ordre.

Centrer notre réflexion, notre lutte et nos reven­di­ca­tions sur ceux qui ont besoin de plus, c’est amé­lio­rer le sys­tème édu­ca­tif pour tous.

Car, si nous savons qu’on ne chan­ge­ra pas l’école sans chan­ger la socié­té, nous savons aus­si que nous pou­vons être les acteurs pri­vi­lé­giés d’un chan­ge­ment dans l’école, comme pro­fes­sion­nels de l’éducation, comme syn­di­ca­listes et comme citoyens.

Jamais il n’y a eu autant de jeunes sco­la­ri­sés ; jamais le sys­tème édu­ca­tif n’a été aus­si bru­ta­le­ment sélec­tif. Sous cou­vert de « démo­cra­ti­sa­tion », la fonc­tion sociale de repro­duc­tion de ce sys­tème conti­nue de s’accomplir. Or cette mas­si­fi­ca­tion n’a rien à voir avec la démo­cra­ti­sa­tion de l’école.

DANS LE SERVICE PUBLIC D’ÉDUCATION AUSSI

La com­pé­ti­tion éco­no­mique, la puis­sance de l’argent, la pri­va­ti­sa­tion touchent l’Éducation Nationale au même titre que les autres ser­vices publics.

Dénonçons la baisse de recru­te­ment et la dégra­da­tion géné­rale des condi­tions de tra­vail (ATOSS, IATOSS/​sup, et ensei­gnants). Avec, natio­na­le­ment, 45 000 MA dont un tiers actuel­le­ment au chô­mage ou « dis­pa­rus » des sta­tis­tiques, 60 000 CES et des mil­liers de contrac­tuels, vaca­taires, ins­ti­tu­teurs sup­pléants, aides-édu­ca­teurs…), l’Education natio­nale pour­suit et sys­té­ma­tise sa poli­tique de pré­ca­ri­sa­tion et de flexibilité.

Dénonçons l’existence et la mul­ti­pli­ca­tion des contrats pré­caires, l’exploitation des auxi­liaires, l’instabilité pro­fes­sion­nelle crois­sante (Titulaires Académiques entre autres).

Dénonçons cet inac­cep­table mode de ges­tion du per­son­nel qui sup­prime bru­ta­le­ment et mas­si­ve­ment des postes bud­gé­taires et envoie au chô­mage, à la pré­ca­ri­té et à l’exclusion des mil­liers d’auxiliaires, contrac­tuels, sup­pléants, CES, ensei­gnants (dont des mil­liers de MA non réem­ployés cette année, 4 000 MA étran­gers inter­dits de toute pers­pec­tive de titu­la­ri­sa­tion et livrés aux aléas des lois contre les étran­gers), tout en main­te­nant un nombre exor­bi­tant d’heures supplémentaires.

Dénonçons la dupli­ci­té du pro­to­cole Perben (mai 96) « pro­po­sant » la résorp­tion de l’auxiliariat au sein de la Fonction publique sur 4 ans. Celle-ci, assu­jet­tie à une série de condi­tions inac­cep­tables écarte, de fait, de nom­breux non-titulaires :
avoir tra­vaillé quatre ans à temps plein sur les huit der­nières années
avoir été en poste entre le 1er jan­vier et le 31 mai 1996
ne pas être rétri­bué sur « fonds propres »,
obten­tion d’un concours dont le nombre de places est sen­si­ble­ment équi­valent aux postes bud­gé­tai­re­ment vacants ; alors même que 30 000 sup­pres­sions d’emploi sont prévues.
Conditions inad­mis­sibles puisqu’incompatibles avec la situa­tion même de tra­vailleur précaire.

Protocole dou­ble­ment scan­da­leux, car si nous pou­vons « com­prendre » la logique d’un sys­tème, nous ne pour­rons jamais accep­ter la signa­ture par les syn­di­cats : CFDT, FO, FSU, UNSA ( FEN). De même, nous ne pou­vons accep­ter que l’actuel gou­ver­ne­ment et l’actuelle majo­ri­té par­le­men­taire refusent d’abroger la loi Perben et de titu­la­ri­ser les non-titulaires.

12 – POUR L’ÉGALITÉ DES DROITS, DONNONS-NOUS LES MOYENS D’EXIGER

A) POUR L’EMPLOI

  • la trans­pa­rence, à tous niveaux, des moyens de gestion ;
  • l’augmentation signi­fi­ca­tive du bud­get, la créa­tion mas­sive d’emplois ;
  • l’arrêt défi­ni­tif du recours à l’auxiliariat, aux CES, du dis­po­si­tif emplois-jeunes ;
  • la titu­la­ri­sa­tion pure et simple, sans concours ni autre bar­rage, de tous les non-titu­laires, fran­çais et étran­gers, qu’ils soient en acti­vi­té ou au chô­mage (auxi­liaires, sup­pléants et contractuels…) ;
  • la garan­tie d’un emploi stable et sta­tu­taire pour les aides-éducateurs ;
  • la trans­for­ma­tion des heures sup­plé­men­taires et des emplois occu­pés par tous les pré­caires en postes budgétaires ;
  • la créa­tion de postes néces­saires pour : 
    • réduire l’horaire heb­do­ma­daire de travail,
    • per­mettre le tra­vail en équipe et en inter­dis­ci­pli­na­ri­té, et dans le pre­mier degré, le libre choix par l’équipe de son orga­ni­sa­tion et de son fonctionnement
    • accor­der des décharges sur le ser­vice face aux élèves pour toute fonc­tion particulière,
    • réduire les effec­tifs des classes (15 élèves en petite sec­tion de mater­nelle, 20 en ZEP, 25 pour le reste)
  • Auto-limi­ta­tion dans le pre­mier degré et dénon­cia­tion du sys­tème de la DHG dans le second ;
  • per­mettre le tra­vail avec des petits groupes ou des classes dédoublées ;
  • per­mettre l’existence des Aides Spécialisées (AIS) à tous les niveaux d’enseignement par la for­ma­tion d’un per­son­nel spé­cia­li­sé cor­res­pon­dant aux besoins réels ;
  • per­mettre une pré­sence conti­nue et néces­saire, dans tous les éta­blis­se­ments, de per­son­nel péri­sco­laire et non-ensei­gnant (méde­cin, infir­mière, assis­tante sociale, conseiller d’orientation, conseiller d’éducation, docu­men­ta­liste, ouvriers et agents administratifs…),
  • Exigeons pour tous une recons­ti­tu­tion de car­rière sur une échelle unique et le pas­sage de tous et toutes au rythme le plus favorable.

B ) POUR LE STATUT : CORPS UNIQUE

  • Nous nous pro­non­çons pour la fusion des corps de sta­tuts com­pa­rables, chez les ATOSS et IATOSS\sup comme chez les ensei­gnants (pro­fes­seurs des écoles et ins­ti­tu­teurs par exemple).
  • Nous reven­di­quons un corps unique d’enseignants :
    • même for­ma­tion et tronc com­mun, quel que soit le niveau d’intervention ;
    • for­ma­tion ini­tiale et for­ma­tion conti­nue adap­tées à la demande de tous les per­son­nels en les asso­ciant à leur déroulement ;
    • même sta­tut, source d’unité des personnels ;
    • même temps de tra­vail com­pre­nant : la « pré­sence face aux élèves », la concer­ta­tion, le sui­vi indi­vi­dua­li­sé, les rela­tions avec les partenaires…
    • échelle unique de salaire de la mater­nelle à l’université.

C) SALAIRES

  • Rejetons la com­pé­ti­tion et la divi­sion à tous niveaux : 
    • non à la mul­ti­pli­ca­tion des sta­tuts, des grades ;
    • non au sys­tème des pro­mo­tions au choix, des hors-classes, des classes exceptionnelles ;
    • non à l’inflation des primes et indem­ni­tés diverses géné­ra­trices de divisions.
  • Revendiquons des aug­men­ta­tions uni­formes en points d’indice et non en pour­cen­tage qui accen­tuent les écarts salariaux.
  • Imposons une aug­men­ta­tion sala­riale pour tous. Pas moins de 8500 F net de salaire en début de carrière.

D) HIERARCHIE

L’éducation fonc­tionne sur un modèle pyra­mi­dal, auto­ri­taire ou pater­na­liste … infantilisant !
La hié­rar­chie, cour­roie de trans­mis­sion idéo­lo­gique, a pour seul uni­vers pape­ras­se­ries, aléas bud­gé­taires et sta­tis­tiques, pou­voir exor­bi­tant sur les horaires, les condi­tions de tra­vail, voire l’emploi et le statut.
Elle n’impulse plus depuis long­temps la moindre nova­tion péda­go­gique, hor­mis par­ti­ci­per à trans­for­mer en phé­no­mènes de « mode » des évo­lu­tions tech­no­lo­giques qui seraient néces­saires (mini­tel, inter­net, réseaux, langues vivantes …)
Nous dénon­çons donc l’inspection et les pou­voirs de la hiérarchie.
Nous lut­tons pour leur suppression.
Nous récla­mons de même la sup­pres­sion de la notation.
Nous condam­nons l’autoritarisme des « chefs » d’établissement et de ser­vice, le ren­for­ce­ment de leur pou­voir, nous reven­di­quons une ges­tion collégiale.
Nous nous oppo­sons à toute ten­ta­tive de retour des « maîtres-direc­teurs » et à la créa­tion d’un sta­tut de chef d’établissement dans le pre­mier degré.

E) CONDITIONS DE TRAVAIL

Nous reven­di­quons les moyens humains pour faire fonc­tion­ner les éta­blis­se­ments (voir EMPLOI)
Nous reven­di­quons la four­ni­ture de moyens maté­riels pour faire fonc­tion­ner les éta­blis­se­ments : fax, répon­deur, mini­tel, pho­to­co­pieur, infor­ma­tique moderne et docu­men­ta­tion, ate­liers et labo­ra­toires, fran­chise postale …
Nous reven­di­quons la four­ni­ture de moyens maté­riels pour les per­son­nels ATOSS dans les éta­blis­se­ments et les admi­nis­tra­tions cen­trales : auto-laveuses, cha­riots de ménage, net­toyeurs vapeur, pro­duits d’entretien, … et des équi­pe­ments sani­taires (douches).
Nous reven­di­quons un entre­tien réel et une réha­bi­li­ta­tion archi­tec­tu­rale qui rendent les éta­blis­se­ments attrac­tifs, accueillants, fonc­tion­nels… respectables !
Nous reven­di­quons une réelle méde­cine du tra­vail et des comi­tés d’hygiène et de sécu­ri­té pour tous les lieux pro­fes­sion­nels ain­si que pour leurs usagers.

SUD Éducation s’inscrit dans la lutte pour une école publique et laïque :
Nous affir­mons que l’éducation est une fonc­tion publique qui ne peut se dérou­ler que dans un espace public.
Nous sommes oppo­sés à l’existence d’établissements pri­vés (sub­ven­tion­nés ou pas par l’Etat) dans la mesure où ces écoles enferment cha­cun dans une com­mu­nau­té défi­nie par l’origine sociale ou la reli­gion des parents, voire l’origine ethnique.
La lutte pour la laï­ci­té s’inscrivant dans la lutte contre les idéo­lo­gies et l’endoctrinement, nous nous oppo­sons à l’obscurantisme en ce qui concerne tout par­ti­cu­liè­re­ment le rôle des femmes, la place des enfants et leurs droits, la sexua­li­té, la morale, mais aus­si à l’infiltration dans les dis­cours et les pra­tiques de l’idéologie du mar­ché, pré­ten­due « culture » d’entreprise, etc..

Sud édu­ca­tion s’inscrit dans la lutte pour une école démo­cra­tique, c’est-à-dire une école qui donne à tous le droit et les moyens de s’instruire, d’accéder aux savoirs et savoirs-faire néces­saires à l’autonomie et à la par­ti­ci­pa­tion à la démo­cra­tie, et non pas une école qui en convo­quant tout le monde ne par­vient qu’à légi­ti­mer sur des cri­tères sco­laires et non plus ouver­te­ment sociaux la réus­site d’une élite, l’exclusion des plus pauvres et l’entrée d’un grand nombre dans la recherche concur­ren­tielle d’emplois de plus en plus précaires.

Nous ne sommes pas dupes de la contra­dic­tion à vou­loir réduire la sélec­tion dans une école dont l’objectif est pré­ci­sé­ment d’en pro­duire en sub­sti­tuant la mas­si­fi­ca­tion à la démo­cra­ti­sa­tion. Mais dans un tel contexte, l’école démo­cra­tique est l’utopie néces­saire qui doit gui­der les résis­tances à oppo­ser aux effets désas­treux du modèle libé­ral, aux dis­cours qui tentent de le légi­ti­mer et aux pra­tiques qui en découlent : non seule­ment la sou­mis­sion de l’école aux seules exi­gences des entre­prises, mais aus­si l’instauration d’une école sur le modèle même de l’entreprise (cri­tères de rentabilité).

Nous lut­tons donc pour une école réel­le­ment gra­tuite (trans­ports, four­ni­ture de livres et de maté­riel, can­tine) qui offre à tous les équi­pe­ments néces­saires (lieux ouverts d’information, de for­ma­tion et de recherche), mais aus­si les per­son­nels et leurs connais­sances (assis­tantes sociales, méde­cins sco­laires et infir­mières, ensei­gnants titu­laires , ATOSS etc.).

Cette lutte doit mettre à jour les incon­sé­quences des dis­cours gou­ver­ne­men­taux qui leurrent effron­té­ment en pré­ten­dant réa­li­ser cette école pour tous, alors que dans la pra­tique sont relé­guées des marges de pau­vre­té et d’exclusion (ce que dénonce le mou­ve­ment de la Seine Saint-Denis).

Dans le même esprit, nous lut­tons pour des pro­grammes natio­naux, sans notion de « pro­gramme mini­mum » qui, sous cou­vert de rendre l’instruction plus acces­sible à tous, tend en réa­li­té à réser­ver cer­tains appren­tis­sages à la sélec­tion insi­dieuse et pré­ma­tu­rée d’une élite sous forme d’options diverses, ou qui conduit à un cli­vage entre ceux qui devront se conten­ter du mini­mum et ceux qui pour­ront se payer d’autres ensei­gne­ments parallèles.

Notre tra­vail consiste à débus­quer là encore les dis­cours idéo­lo­giques et/​ou mys­ti­fi­ca­teurs des gou­ver­ne­ments dont la poli­tique est iden­tique mal­gré de grands effets de manche.

Sud Éducation lutte enfin pour une école de la démo­cra­tie, ce qui est sou­vent occul­té dans le dis­cours sur la démo­cra­ti­sa­tion de l’école. Une école de la démo­cra­tie, cela veut dire que l’on s’oppose à l’apprentissage de la sou­mis­sion à l’autorité, à la hié­rar­chie. Le refus de la hié­rar­chie ne peut concer­ner les seuls ensei­gnants ou agents. Nous lut­tons pour une école dans laquelle les élèves puisent s’exercer à la démo­cra­tie et non pas seule­ment, comme le réclame le dis­cours actuel, apprennent à res­pec­ter les valeurs républicaines.

A cause du manque de moyens, à cause de la pré­ca­ri­té et du chô­mage, les ensei­gnants sont conduits à des situa­tions impos­sibles dont les élèves sont les vic­times. Les sanc­tions dis­ci­pli­naires aux­quelles on a recours ne régle­ront pas les pro­blèmes qui ne sont, la plu­part du temps, que le symp­tôme de la relé­ga­tion et de la misère.

SUD Éducation consi­dère que ces solu­tions ne sont pas satis­fai­santes et que l’on peut prendre une autre direc­tion : une édu­ca­tion pro­gres­sive à la démo­cra­tie, c’est-à-dire la for­ma­tion des élèves à la par­ti­ci­pa­tion effec­tive au fonc­tion­ne­ment de l’école. Or les condi­tions de cet appren­tis­sage sont à la fois la sup­pres­sion de la pré­ca­ri­té et l’augmentation des moyens, la prise en charge dif­fé­ren­ciée (péda­go­gique et médi­co-psy­cho­lo­gique) des élèves.

Nous pen­sons que c’est aus­si le seul moyen pour lut­ter contre ce que tout le monde déplore sans vou­loir y remé­dier : l’école deve­nant pres­ta­taire de ser­vice, les élèves se trans­for­mant en flux de consom­ma­teurs ano­nymes, parce que l’on ne donne jamais la pos­si­bi­li­té réelle d’un autre sta­tut. Cela veut dire aus­si que nous lut­tons contre le gigan­tisme des éta­blis­se­ments (la lutte pour la réduc­tion du nombre d’élèves par classe doit s’accompagner d’une lutte pour la réduc­tion du nombre d’élèves par struc­ture scolaire).

C’est en repen­sant ain­si le sens de la démo­cra­tie, que l’on peut redon­ner une cohé­rence aux recherches sur les pro­grammes, les conte­nus, et les appren­tis­sages néces­saires. La lutte pour une école où tout soit fait pour le « déve­lop­pe­ment des facul­tés de l’élève » doit lever l’ambiguïté sur les fina­li­tés : un déve­lop­pe­ment des facul­tés non pas pour « gagner la guerre éco­no­mique », mais un déve­lop­pe­ment pour l’autonomie et la par­ti­ci­pa­tion au politique.