Orientation syndicale

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I. Contexte poli­tique et économique

I.1 Depuis le pre­mier congrès fédé­ral en 1998, les ten­dances à l’œuvre dans l’économie et la socié­té se sont confir­mées. Ce que l’on appelle selon les cas néo-libé­ra­lisme, mon­dia­li­sa­tion ou glo­ba­li­sa­tion s’est trou­vé ren­for­cé. Au-delà des mots, il s’agit de l’évolution actuelle du capi­ta­lisme dans laquelle les ins­ti­tu­tions carac­té­ris­tiques du capi­tal finan­cier (banques, fonds de pen­sion, etc.) ont acquis une posi­tion hégémonique.

I.2 Cette “évo­lu­tion ultra-libé­rale” a été pré­pa­rée, expli­quée, jus­ti­fiée par une cam­pagne idéo­lo­gique sans pré­cé­dent. Initiée dans les uni­ver­si­tés (amé­ri­caines sou­vent), déve­lop­pée par des cercles intel­lec­tuels influents, relayée par des groupes de pres­sion, popu­la­ri­sée par des grands médias, cette offen­sive idéo­lo­gique s’est orga­ni­sée autour de deux axes prin­ci­paux. D’une part, la géné­ra­li­sa­tion du dis­cours éco­no­mique pré­ten­dant déga­ger des lois abs­traites et uni­ver­selles (les pré­ten­dues lois “ natu­relles ” du mar­ché) qui s’imposeraient aux acteurs sociaux comme autant de contraintes indis­cu­tables. D’autre part un véri­table ren­ver­se­ment du sens des mots qui fait appe­ler pro­grès un retour au capi­ta­lisme sau­vage et bap­tise moder­ni­té la dis­pa­ri­tion des der­nières conquêtes ouvrières. Dès lors, pour­quoi le mar­ché ne devien­drait-il pas la condi­tion néces­saire et suf­fi­sante de la démo­cra­tie, voire même son sub­sti­tut ? L’ultime ava­tar de cette vul­gate ultra-libé­rale récla­mant aujourd’hui le déman­tè­le­ment des der­nières ins­ti­tu­tions de pro­tec­tion sociale ou de ser­vice public : la san­té et l’école au pre­mier chef, afin de mer­can­ti­li­ser les seuls espaces col­lec­tifs échap­pant encore aux logiques marchandes.

I.3 Pour le patro­nat, il a d’abord fal­lu ren­ver­ser le rap­port de forces qui avait per­mis aux sala­riés des pays riches d’obtenir au cours des “Trente glo­rieuses” un cer­tain nombre d’avancées sociales (sys­tème de sécu­ri­té sociale, rela­tive redis­tri­bu­tion des reve­nus, fis­ca­li­té pro­gres­sive, indexa­tion des reve­nus, contrats de tra­vail à durée indé­ter­mi­née…). De plus, il lui était néces­saire de modi­fier le par­tage des richesses afin d’augmenter la part ver­sée au capital.

I.4 L’ouverture des fron­tières aux échanges de mar­chan­dises, l’internationalisation de la pro­duc­tion, la libé­ra­li­sa­tion des flux de capi­taux, en un mot la mon­dia­li­sa­tion néo-libé­rale sont deve­nus à la fois le moyen, le pré­texte et la légi­ti­ma­tion d’une nou­velle forme d’accumulation capi­ta­liste. Pour cela les patro­nats ont obte­nu le concours zélé des gou­ver­ne­ments de toutes obé­diences. Au nom de la com­pé­ti­ti­vi­té, déré­gu­la­tion et déré­gle­men­ta­tion sont deve­nus l’alpha et l’oméga des poli­tiques menées un peu par­tout dans le monde. Les ins­ti­tu­tions euro­péennes ont assu­ré le relais, les orga­ni­sa­tions éco­no­miques inter­na­tio­nales (OMC, OCDE, FMI, Banque Mondiale…) en ont été les maîtres d’oeuvre.

I.5 Les logiques finan­cières l’emportent sur les logiques indus­trielles et la prio­ri­té est don­née à la recherche de valeur pour les action­naires. L’introduction de nou­veaux cri­tères de ges­tion pri­vi­lé­giant des gains tou­jours plus éle­vés de pro­duc­ti­vi­té s’est tra­duite par une poli­tique agres­sive contre l’emploi (restruc­tu­ra­tions et délo­ca­li­sa­tions) et les sala­riés (par la trans­for­ma­tion des rap­ports de tra­vail, la mul­ti­pli­ca­tion des sta­tuts pré­caires, la flexi­bi­li­sa­tion). Les consé­quences sont connues : chô­mage de masse pour les uns, déve­lop­pe­ment des inéga­li­tés pour les autres, lorsque ce ne sont pas les deux à la fois. Quant aux mar­chés finan­ciers, non seule­ment ils dominent le fonc­tion­ne­ment de l’économie (orien­ta­tion des inves­tis­se­ments, par­tage inégal de la valeur ajou­tée), mais ils sont eux-mêmes deve­nus l’objet d’une forme nou­velle de féti­chisme, créant les condi­tions de la for­ma­tion d’une bulle finan­cière, grosse d’une crise avec son lot de faillites, de licen­cie­ments, d’appauvrissement généralisé.

II. CONSEQUENCES

II.1 Les consé­quences en sont connues :

  • explo­sion de la pré­ca­ri­té, aggra­va­tion et dégra­da­tion des condi­tions de vie et de tra­vail des auxi­liaires, contrac­tuels et vaca­taires, créa­tion des emploi-jeunes, nou­velles normes de contrats de tra­vail sou­hai­tées par le MEDEF ; Dans les domaines de l’emploi, du loge­ment et des loi­sirs, les ségré­ga­tions et la pré­ca­ri­sa­tion crois­sante de popu­la­tions de plus en plus nom­breuses ne peuvent s’analyser comme une simple consé­quence des poli­tiques néo-libé­rale : elle joue un rôle d’amplification des restruc­tu­ra­tions par la pres­sion exer­cée sur les popu­la­tions béné­fi­ciant encore de cer­taines garan­ties issues d’un siècle de mou­ve­ment social et de l’intérêt bien com­pris du capitalisme.
  • remise en cause des acquis sociaux (attaques contre les retraites par répar­ti­tion au pro­fit de l’épargne sala­riale, annua­li­sa­tion et flexi­bi­li­té mises en place par les lois Aubry, assu­rance chô­mage remise en cause par la signa­ture du PARE, gel des salaires)

II.2 Le libé­ra­lisme a fini par faire pas­ser l’idée que le Service Public serait un frein au déve­lop­pe­ment éco­no­mique, celui-ci étant pré­sen­té comme une fin en soi et non comme un moyen d’améliorer les condi­tions de vie et de tra­vail. Le dogme de la réduc­tion des défi­cits bud­gé­taire et donc du gel de l’emploi public jus­ti­fie la sup­pres­sion des moyens pré­vus pour la collectivité.

II.3 Ce qui se joue aujourd’hui, c’est, entre autres, l’avenir du ser­vice public d’éducation. L’enjeu dépasse la simple exi­gence d’une aug­men­ta­tion des moyens. Cela ne signi­fie pas qu’il faille renon­cer aux reven­di­ca­tions quan­ti­ta­tives. “L’autre école” que nous vou­lons devra dis­po­ser d’un bud­get à la hau­teur de ses ambi­tions. Une hausse des cré­dits est néces­saire, elle n’est pas suffisante.

II.4 De la même façon, la solu­tion des pro­blèmes socio-éco­no­miques actuels (chô­mage, exten­sion des inéga­li­tés…) ne peut venir d’un retour à la poli­tique key­né­sienne. Ce serait tom­ber dans l’illusion d’un État régu­la­teur, por­teur de valeurs uni­ver­selles et véhi­cule par nature de pro­grès démo­cra­tiques. Cependant, même si l’État reste un ins­tru­ment au ser­vice des forces sociales qui dominent la socié­té, nous savons qu’il est aus­si le lieu d’un rap­port de forces, qu’on peut arra­cher des conces­sions aux classes diri­geantes, qu’un cer­tain nombre d’avancées ont été obte­nues après 1945 et qu’il est pos­sible de les recon­qué­rir ou d’en gagner de nouvelles.

II. 5 La reven­di­ca­tion sala­riale a qua­si­ment dis­pa­ru de l’arsenal syn­di­cal depuis deux décen­nies, parce qu’il deve­nait hon­teux pour un sala­rié en acti­vi­té de reven­di­quer une aug­men­ta­tion alors que le nombre de chô­meurs crois­sait. Outre une culpa­bi­li­té de mau­vais aloi, c’était le refus de faire peser sur le seul patro­nat la res­pon­sa­bi­li­té du chô­mage. D’une cer­taine manière c’était refu­ser de dire au patro­nat qu’il était le seul res­pon­sable du non-par­tage du tra­vail et qu’il devait en payer les consé­quences, c’est à dire dis­tri­buer la même quan­ti­té de salaire glo­bal (direct et socia­li­sé). Au lieu de cela le mou­ve­ment syn­di­cal a culti­vé la culpa­bi­li­té (à des degrés divers) et a prô­né le par­tage du tra­vail et du salaire. Les tra­vailleurs se sont trou­vés désar­més quand les libé­raux leur ont pro­po­sé les 35 heures sauce Aubry. Il fal­lait que cha­cun y mette du sien, il fal­lait la contre­par­tie de la flexi­bi­li­té et de l’annualisation, sans qu’on ne voie venir, évi­dem­ment, d’embauches sup­plé­men­taires ou alors exo­né­rées. La plu­part des créa­tions d’emplois ces der­nières années ont été des créa­tions d’emplois pré­caires et sub­ven­tion­nés par les autres sala­riés au tra­vers de l’impôt.

III. L’ALTERNATIVE SYNDICALE

III.1 Dans ce contexte, les syn­di­cats inféo­dés à la gauche au pou­voir ont anes­thé­sié la com­ba­ti­vi­té de la classe ouvrière et plus lar­ge­ment des sala­riés pour lais­ser les mains libres à un gou­ver­ne­ment qui a fait pas­ser des mesures qui auraient été jugées inac­cep­tables de la part d’un gou­ver­ne­ment de droite. D’où ce sen­ti­ment de tra­hi­son mêlé aux régres­sions sociales enre­gis­trées depuis une ving­taine d’années. L’échec de la “gauche d’Etat” conver­tie à des degrés divers au néo-libé­ra­lisme ou com­plice d’une poli­tique fran­che­ment libé­rale, la fra­gi­li­sa­tion de la socié­té civile et la fai­blesse du mou­ve­ment social, l’absence d’alternative poli­tique et la défiance vis à vis des poli­ti­ciens ont, en par­tie, déter­mi­né l’ascension de l’extrême-droite et de la “réac­tion triom­phante” ? Fascisme et pou­ja­disme se nour­rissent avant tout du déses­poir de l’individu iso­lé, de la frus­tra­tion et de la dépolitisation.

III.2 Face à cette situa­tion, trois atti­tudes syn­di­cales sont possibles

Un syn­di­ca­lisme d’accompagnement qui au nom de fa moder­ni­té et du renon­ce­ment à com­battre la capi­ta­lisme, devient à la fois un corps sépa­ré des sala­riés et des chô­meurs, un allié objec­tif quand ce n’est pas un col­la­bo­ra­teur zélé du patro­nat (CFDT/​CES ; UNSA ; CGC ; CFTC…)

Un syn­di­ca­lisme défen­sif visant à pré­fé­rer le sta­tu que autour d’un consen­sus plus ou moins conser­va­teur (c’est le cas de F0 ou de ta majo­ri­té de fa FSU et de la CGT)

Un syn­di­ca­lisme de lutte et de trans­for­ma­tion sociale qui, au com­bat pour une autre socié­té, asso­cie la défense du ser­vice public d’éducation et la défense des sala­riés, c’est le choix de SUD Éducation.

Pour autant, SUD Éducation s’inscrit dans une logique de tra­vail inter­syn­di­cal dans la pers­pec­tive d’un déve­lop­pe­ment des luttes.

Parce que la ten­dance actuelle à la désyn­di­ca­li­sa­tion, laisse désar­més les sala­riés confron­tés aux consé­quences de la mon­dia­li­sa­tion, parce qu’il y a besoin d’une struc­ture tota­le­ment indé­pen­dante et qui rie soit la cour­roie de trans­mis­sion de quelque orga­ni­sa­tion poli­tique que ce soit, parce qu’il faut une alter­na­tive au syn­di­ca­lisme de ser­vice, il est indis­pen­sable de prendre toutes les mesures néces­saires au ren­for­ce­ment et au déve­lop­pe­ment de SUD Éducation.

III.3 SUD Éducation a fait avec d’autres le choix du syn­di­ca­lisme de lutte qui, au com­bat pour une autre socié­té, asso­cie la défense du ser­vice public d’éducation et la défense des per­son­nels, la défense des acquis (sans pour autant consi­dé­rer que la situa­tion actuelle est la meilleure pos­sible) et la lutte pour de nou­velles avancées.

III.4 Dans le contexte actuel, l’abandon du ter­rain reven­di­ca­tif et la coges­tion ont entraî­né la désyn­di­ca­li­sa­tion. A contra­rio l’émergence d’une alter­na­tive syn­di­cale, notam­ment au tra­vers des SUD, prouve que l’unité et la clar­té dans les luttes per­mettent de reprendre l’offensive contre la poli­tique patro­nale qu’elle soit incar­née par le MEDAF, l’OMC le FMI.

III.5 Parce que la ten­dance actuelle à la désyn­di­ca­li­sa­tion laisse désar­més les sala­riés confron­tés aux consé­quences de la mon­dia­li­sa­tion, parce qu’il y a besoin d’une struc­ture tota­le­ment indé­pen­dante et qui ne soit la cour­roie de trans­mis­sion de quelque orga­ni­sa­tion poli­tique que ce soit, parce qu’il faut une alter­na­tive à un syn­di­ca­lisme réduit au syn­di­ca­lisme de ser­vices, il est indis­pen­sable de prendre toutes les mesures néces­saires au ren­for­ce­ment et au déve­lop­pe­ment de SUD Éducation. La re-syn­di­ca­li­sa­tion des sala­riés ne se fera pas sur un dis­cours aus­si radi­cal, glo­bal, anti-libé­ral soit-il. Elle pas­se­ra par la capa­ci­té à mener des luttes vic­to­rieuses, même par­tielles et insuf­fi­santes. Penser glo­ba­le­ment, agir concrè­te­ment doit être un de nos refrains pour les années à venir.

III.6 La pos­si­bi­li­té d’adhérer au syn­di­cat de son choix est un droit démo­cra­tique élé­men­taire. Si, for­mel­le­ment, ce droit n’est aujourd’hui pas contes­té, il est de fait bat­tu en brèche par la loi Perben de 1996 qui res­treint la liber­té de can­di­da­ture aux élec­tions pro­fes­sion­nelles – et donc le libre choix des sala­riés – et qui, com­bi­née avec cer­tains aspects res­tric­tifs du décret de 1982 sur le droit syn­di­cal dans la fonc­tion publique, a pour but de mar­gi­na­li­ser en par­ti­cu­lier les syn­di­cats SUD.

III.7 SUD Éducation pren­dra toutes les ini­tia­tives pour que les liber­tés syn­di­cales puissent être effec­ti­ve­ment exer­cées, à tous les niveaux : éta­blis­se­ments, dépar­te­ments et aca­dé­mies, natio­nal. En pre­mier lieu, SUD Éducation relan­ce­ra la bataille pour l’abrogation de la loi Perben, en infor­mant et mobi­li­sant les per­son­nels et en pre­nant l’initiative de consti­tu­tion d’un front uni­taire sur cet objec­tif essentiel.

III.8 Le syn­di­cat SUD Éducation se conçoit comme outil pour les luttes, pré­pa­rant, orga­ni­sant, coor­don­nant et ampli­fiant celles-ci pour débou­cher sur la rup­ture avec le sys­tème et l’école capitalistes.

III.9 SUD Éducation asso­cie­ra autant que pos­sible les parents d’élèves, leurs col­lec­tifs et asso­cia­tions aux luttes et débats en cours.

III.10 Au niveau natio­nal, SUD Éducation se pré­oc­cu­pe­ra de toutes les ini­tia­tives rele­vant du sec­teur des pres­ta­tions et de l’action sociale, notam­ment celles prises au nom des sala­riés (MGEN, CAF…)

A) Dans notre champ pro­fes­sion­nel

Depuis quelques années une radi­ca­li­sa­tion des luttes touche une part crois­sante des per­son­nels de l’Éducation ; des formes de luttes nou­velles dans notre sec­teur ont été choi­sies : occu­pa­tions longues d’IA contre les sup­pres­sions de postes ‑depuis 1997 (Besançon) jusqu’à 2000 (Nîmes)- ; grève recon­duite durant plu­sieurs semaines, voire plu­sieurs mois (Seine-Saint Denis, 1998 dans le second degré, Hérault et Gard en 2000 dans le 1er degré sur­tout, mars 2000 sur l’ensemble du ter­ri­toire dans les LP et le second degré sur­tout). Les per­son­nels ont éga­le­ment choi­si de plus en plus sou­vent de gérer eux-mêmes leur mou­ve­ment en Assemblées Générales sou­ve­raines ou comi­tés de grève et d’imposer l’unité d’action aux direc­tions syn­di­cales. En Seine Saint Denis puis dans le Gard et l’Hérault les parents d’élèves ont par­ti­ci­pé très acti­ve­ment à la lutte pour le ser­vice public. Les syn­di­cats SUD Éducation ont joué, dans plu­sieurs dépar­te­ments, un rôle impor­tant, par­fois déter­mi­nant dans le déve­lop­pe­ment de ces luttes.

Nationalement, ces luttes ont été frei­nées par le contexte syn­di­cal : refus et oppo­si­tion des direc­tions de la FEN, du SGEN-CFDT, du SNETAA-FSU. Louvoiements démo­bi­li­sa­teurs des direc­tions natio­nales et locales SNES- FSU, SNUipp-FSU (…), posant for­te­ment la ques­tion de l’indépendance syn­di­cale vis à vis de la gauche plu­rielle au pouvoir.

Le départ d’Allègre a suf­fi à faire reve­nir à la coges­tion syn­di­cale ces orga­ni­sa­tions après les 16 et 24 mars, per­met­tant au minis­tère Lang de se tar­guer d’un retour à la paix sociale tout en ne satis­fai­sant aucune des reven­di­ca­tions des per­son­nels en lutte.…

Depuis la ren­trée 2000, la remo­bi­li­sa­tion indis­pen­sable des per­son­nels, le retour à l’unité d’action contre les poli­tiques néo-libé­rales dans l’Éducation est la prio­ri­té de la Fédération.

Le syn­di­ca­lisme ne se borne pas à être une cri­tique (aus­si radi­cale soit-elle) de l’état de choses exis­tant. Il lui faut aus­si être uto­pie c’est-à-dire por­teur de pro­jets pour l’avenir. C’est le sens de notre mot d’ordre “ pour une autre école, pour une autre société ”.

« Pour une autre école », c’est d’abord le refus du pro­jet néo-libé­ral en matière d’éducation, pro­jet qu’illustre par­fai­te­ment le concept de kit de sur­vie. Non seule­ment nous n’admettons pas que l’enseignement puisse être consi­dé­ré comme une simple mar­chan­dise, mais nous ne vou­lons pas non plus de cette école duale qui assure la repro­duc­tion des classes domi­nantes en four­nis­sant le maxi­mum péda­go­gique à quelques-uns uns et un mini­mum social à la majo­ri­té des autres. L’école doit se don­ner comme objec­tif d’assurer l’accès de tous au savoir. Tournant le dos aux concep­tions étroi­te­ment ges­tion­naires des Meirieu, Bancel, Monteil, Pair… et consorts, nous pen­sons que l’école est aus­si une ins­ti­tu­tion se devant de fonc­tion­ner selon des prin­cipes dif­fé­rents : anti-hié­rar­chique et anti-auto­ri­taire, c’est-à-dire aux anti­podes de ce qui se passe actuel­le­ment. Considérant que dans sa phase actuelle, l’école ne par­vient plus à faire face à ses obli­ga­tions, et bien loin de défendre le sta­tu-quo, SUD Éducation aura pour tâche de pour­suivre un tra­vail de réflexion et de pro­po­si­tion pour une trans­for­ma­tion radi­cale de l’institution scolaire.

A.1. Au contraire de ce que pré­tendent les zéla­teurs de l’École Républicaine, l’institution sco­laire n’est pas une enti­té indé­pen­dante, déta­chée de la socié­té. Elle est aujourd’hui sou­mise aux contraintes nées du déve­lop­pe­ment du modèle néo-libé­ral. C’est d’abord une ten­ta­tive de réduc­tion des dépenses col­lec­tives d’éducation et de déman­tè­le­ment du ser­vice public menée au non de la dimi­nu­tion des pré­lè­ve­ments obli­ga­toires, de ce que cer­tain appe­lait fine­ment le “dégrais­sage du mam­mouth”. C’est ensuite un début de ratio­na­li­sa­tion des choix bud­gé­taires, en clair une intro­duc­tion des méthodes de ges­tion emprun­tées aux entre­prises pri­vées afin d’“augmenter la pro­duc­ti­vi­té” ou d’améliorer le “retour sur inves­tis­se­ments” cher au rap­port Bancel. C’est enfin la trans­for­ma­tion du savoir et de la culture en demande sol­vable, en nou­veau mar­ché et nou­velle oppor­tu­ni­té de pro­fit pour tous ceux qui rêvent de faire de l’éducation une mar­chan­dise comme les autres. C’est pour­quoi SUD Éducation s’engage à par­ti­ci­per à toutes les luttes qui vise­ront à amé­lio­rer la situa­tion de l’Éducation Nationale, les condi­tions d’étude des élèves, de tra­vail et d’existence des personnels.

A.2. La pre­mière des prio­ri­tés reste, comme lors de notre pre­mier congrès, la lutte contre la pré­ca­ri­té. Non seule­ment parce qu’il s’agit d’un élé­men­taire devoir de soli­da­ri­té, mais aus­si parce que selon les idéo­logues néo-libé­raux, la pré­ca­ri­té devrait deve­nir la norme sala­riale emblé­ma­tique de leur “moder­ni­té”. S’y oppo­ser, c’est donc s’en prendre à l’un des fon­de­ments de la logique néo-libé­rale. Ceci implique la par­ti­ci­pa­tion de SUD Éducation aux luttes des non-titu­laires comme des col­lec­tifs exis­tants ou qui pour­ront exis­ter, mais aus­si en sa qua­li­té de syn­di­cat à l’organisation et à la mobi­li­sa­tion des pré­caires notam­ment pour impo­ser leur titu­la­ri­sa­tion sans condition.

A.3. L’unité dans l’action et l’élaboration des reven­di­ca­tions est notre démarche prio­ri­taire. Les démarches uni­taires : inter­syn­di­cales ou /​et coor­di­na­tions doivent être envi­sa­gées dans ce sens. Notre sou­ci per­ma­nent d’unité ne doit pas limi­ter nos capa­ci­tés à infor­mer, ana­ly­ser et pro­po­ser. Lorsque nous par­lons d’unité, il ne s’agit pas sim­ple­ment d’unité syn­di­cale, mais de l’unité des per­son­nels de l’éducation en par­ti­cu­lier et des sala­riés en géné­ral. La pra­tique d’AG regrou­pant les délé­gués man­da­tés par les per­son­nels en lutte, et asso­ciant les syn­di­cats qui le sou­haitent est la forme de lutte sou­vent choi­sie par les per­son­nels ces der­nières années. Nous prô­nons cette démo­cra­tie dans les luttes et nous ferons tout ce qui est pos­sible pour la mettre en place et la garan­tir. Toutefois, notre syn­di­cat ne s’identifie pas ipso-fac­to à ces der­niers dans la mesure où nous ne par­ta­geons pas tou­jours et néces­sai­re­ment leurs posi­tions ( une Assemblée Générale peut être réac­tion­naire par exemple).

A.4. En février-mars der­nier, la vigueur des reven­di­ca­tions bud­gé­taires ini­tiées loca­le­ment com­bi­né au puis­sant sen­ti­ment anti-Allègre et au rejet de la charte des LP ont démon­tré que les pro­blèmes de l’École ne pou­vaient être réso­lus sans que soit remise en cause l’organisation même de la socié­té. C’est le sens même du slo­gan “l’Ecole n’est pas une entre­prise, l’Éducation n’est pas une mar­chan­dise”, dont l’écho a été crois­sant. (Accord Général sur le Commerce et les Services)

A.5. Le capi­ta­lisme veut un ser­vice à son image et à son ser­vice. Les mul­ti­na­tio­nales pos­sèdent une part des médias, mai­sons d’édition ou de dis­tri­bu­tion, labo­ra­toires de recherches, … et main­te­nant le mar­ché, l’OMC, I’OCDE, la Banque Mondiale, la Table Ronde des indus­triels euro­péens (en anglais E.R.T.) veulent s’emparer de l’école. Pour eux, l’école publique ne doit plus être le lieu pri­vi­lé­gié de l’accès au savoir qui doit être sacri­fié au pro­fit de com­pé­tences ou de savoir-faire. L’École devien­drait donc une machine à cou­ler les jeunes dans les moules du mar­ché, ce qui implique une plus grande flexi­bi­li­té de l’élève : flexi­bi­li­té, adap­ta­bi­li­té en fonc­tion de chaque “bas­sin de l’emploi” (ici des bacs Michelin, là des bacs Renault, …). Le tir se concentre dans un pre­mier temps sur les lycées tech­niques et les lycées pro­fes­sion­nels, d’où le déve­lop­pe­ment accé­lé­ré du “par­te­na­riat école-entreprise ».

SUD Éducation doit dénoncer :

  • la géné­ra­li­sa­tion des stages en entreprise
  • la tutelle péda­go­gique du privé
  • le droit de regard de l’entreprise sur les programmes
  • l’évaluation des “stages” en entre­prise comp­tant pour la déli­vrance du diplôme
  • l’intrusion du patro­nat dans l’école
  • la mise à dis­po­si­tion du maté­riel de l’Éducation Nationale au ser­vice du patro­nat des régions

Ce mou­ve­ment de déman­tè­le­ment de l’École s’appuie aus­si sur les nou­velles tech­no­lo­gies de l’information et de la com­mu­ni­ca­tion (N. T. I. C.). Au-delà de l’alibi péda­go­gique, les appé­tits sont aigui­sés par l’enjeu com­mer­cial colos­sal que repré­sente ce mar­ché de 1 mil­liard d’apprenants dans le monde. Flexibilité de l’élève, mais aus­si flexi­bi­li­té de l’école, dans la logique de cette offen­sive qui va donc :

  • dénon­cer le sys­tème édu­ca­tif “ trop centralisé ”
  • encou­ra­ger une auto­no­mie des écoles concur­rentes entre elles ain­si qu’une régio­na­li­sa­tion des diplômes.
  • cet écla­te­ment per­met­trait aus­si de cas­ser la résis­tance syndicale : 
    • appren­tis­sage de com­pé­tences spécifiques
    • lycées lights et fonctionnels
    • dimi­nu­tion des sta­tuts des fonctionnaires
    • déve­lop­pe­ment de la précarité

C’est une offen­sive sans pré­cé­dent contre le ser­vice public de l’enseignement, pour aller vers une pri­va­ti­sa­tion, vers les “cyber-uni­ver­si­tés” (1,5 mil­lions d’élèves ne vont plus à l’école aux U.S.A.), vers le “home-Schooling” avec Internet, etc.

B) dans l’interprofessionnel

B.1. La régres­sion sociale que veut impo­ser le capi­tal finan­cier touche l’ensemble des sec­teurs pro­fes­sion­nels, notre action ne doit pas se limi­ter au seul champ de l’éducation. C’est une obli­ga­tion de recher­cher l’unité avec tous ceux qui par­tagent nos ana­lyses, notre concep­tion de l’action et nos objectifs.

B.2. On l’a vu, ces der­nières années : beau­coup de conflits sont appa­rus, liés à l’application des 35 h dans le pri­vé, aux licen­cie­ments abu­sifs. Jamais, depuis décembre 95, la Fonction Publique n’avait connu de pareilles mobi­li­sa­tions. Mais, si les conflits res­tent encore limi­tés à des caté­go­ries pro­fes­sion­nelles ou res­tent loca­li­sés, c’est que l’action syn­di­cale n’est pas à la hau­teur des enjeux de socié­té actuels. La ques­tion de l’élargissement des luttes se heurte au refus des états-majors des orga­ni­sa­tions majo­ri­taires qui, comme la CGT ou la FSU, en appellent à l’unité et à la mobi­li­sa­tion mais ne font rien sur ter­rain, ou pas grand-chose, pour faci­li­té l’interprofessionnalisation des conflits, pre­mier pas vers une grève géné­rale, seule pos­si­bi­li­té pour faire vrai­ment chan­ger le cours de la poli­tique en place.

Cette stra­té­gie exerce évi­dem­ment une pres­sion forte sur les luttes et les mou­ve­ments sociaux. Elle les ins­tru­men­ta­lise ou tend à les instrumentaliser.

B.3. Une autre stra­té­gie, un autre syn­di­ca­lisme qui vise à recons­truire l’unité du sala­riat autour d’objectifs clairs est néces­saire. L’interpro est donc au centre de notre réflexion et de notre action. A cette fin nous avons besoin d’une struc­ture inter­pro qui cor­res­ponde à notre orien­ta­tion. La ques­tion de l’Union Syndicale Solidaire – G10 est donc posée. Avancer ensemble, dans tous les sec­teurs, contre la logique néo-libé­rale, déga­ger ensemble des axes de regrou­pe­ment pour lut­ter contre l’émiettement du sala­riat, la pré­ca­ri­té et le chô­mage doit nous inci­ter à construire un outil inter­pro­fes­sion­nel effi­cient qui néces­site une démarche volon­ta­riste. SUD Éducation contri­bue­ra acti­ve­ment au déve­lop­pe­ment des G10. Dans la mesure de ses moyens il appor­te­ra son appui aux SUD qui cher­che­ront à se construire dans les autres champs pro­fes­sion­nels. En effet il serait illu­soire de croire que l’accumulation de luttes reven­di­ca­tives défen­sives peut construire une orien­ta­tion à por­tée alter­na­tive. De même, il serait illu­soire de croire que la prise de conscience pro­gres­sive de l’impasse du syn­di­ca­lisme “ tra­di­tion­nel ” peut débou­cher auto­ma­ti­que­ment sur la construc­tion de l’outil syn­di­cal inter­pro­fes­sion­nel et euro­péen dont les sala­riés ont besoin. Ceci implique un ren­for­ce­ment de l’Union Syndicale Solidaire G10 et le main­tien d’une démarche uni­taire avec les autres syn­di­cats dans la diver­si­té de leurs sen­si­bi­li­tés. Il faut non pas viser a la construc­tion d’une struc­ture inter­pro­fes­sion­nelle faite des bribes des autres syn­di­cats (ce que l’on nomme com­mu­né­ment la recom­po­si­tion syn­di­cale) qui mène­rait à un illu­soire mono­pole syn­di­cal mais tendre à la construc­tion d’une alter­na­tive syn­di­cale contri­buant au chan­ge­ment de socié­té. Dans ce cadre, SUD Éducation doit contri­buer à la défi­ni­tion de ce qu’on appelle le mou­ve­ment social et à la cla­ri­fi­ca­tion de nos liens avec ses dif­fé­rentes composantes.

Il serait éga­le­ment illu­soire de croire, et cette idée tra­verse par­fois notre Union Syndicale, que la recom­po­si­tion syn­di­cale puisse se faire d’en haut à tra­vers la négo­cia­tion d’appareils natio­naux. C’est sur les pra­tiques syn­di­cales que nous trou­ve­rons des conver­gences avec des cama­rades d’autres orga­ni­sa­tions et notam­ment sur l’indépendance syn­di­cale et le rap­port du syn­di­cat aux salaries.

B.4. SUD Éducation peut sus­ci­ter l’élaboration de plate-formes reven­di­ca­trices fédé­ra­trices (par exemple : tra­vail égal/​statut égal/​salaire égal, actifs/​retraités même com­bat, titu­la­ri­sa­tion sans condi­tions de concours ni de natio­na­li­té de tous les pré­caires). C’est dans ce cadre qu’une recom­po­si­tion autour des valeurs et des pra­tiques de l’union syn­di­cale soli­daire serait pertinente.

L’union Syndicale Solidaire doit conti­nuer à aller de l’avant pour :

  • mener des ini­tia­tives et des cam­pagnes inter-pro­fes­sion­nelles néces­saires à, la pré­pa­ra­tion des luttes.
  • prendre des ini­tia­tives quand les cir­cons­tances le per­mettent (et le dictent) afin de favo­ri­ser l’interprofessionalisation des luttes.
  • orga­ni­ser des stages de for­ma­tion de base (par exemple juri­dique) et des stages de réflexion
  • don­ner au plus grand nombre de sala­riés des infor­ma­tions pré­cises sur les pro­jets patro­naux et gouvernementaux(nationaux et inter­na­tio­naux)

    Cette néces­saire pro­gres­sion de L’Union Syndicale Solidaire G10 , ren­voie SUD Éducation à ses res­pon­sa­bi­li­tés en terme de moyens (maté­riels et humains : temps de décharge), de capa­ci­té de pro­po­si­tions et de par­ti­ci­pa­tion active au niveau local et natio­nal à la construc­tion et aux ini­tia­tives de l’Union Syndicale Solidaire G10.

c) SUD EDUCATION ET LE MOUVEMENT SOCIAL

C.1. Décembre 95, la lutte des sans-papiers, le mou­ve­ment des chô­meurs de 1997, Seattle, Davos et Millau, Prague, les luttes dans la fonc­tion publique, mou­ve­ments à forte conno­ta­tion anti-libé­rale, recèlent des aspects inté­res­sants et encou­ra­geants si on se place dans une pers­pec­tive de trans­for­ma­tion sociale : réduc­tion du temps de tra­vail, redis­tri­bu­tion des richesses, défense des ser­vices publics et des droits sociaux élé­men­taires que sont le loge­ment, la san­té et l’éducation, lutte contre le chô­mage et la pré­ca­ri­té, rejet du racisme et de la vio­lence poli­cière et d’ état, rejet des poli­tiques agri­coles actuelles, de la “mal­bouffe” et de la “mar­chan­di­sa­tion” de tous les sec­teurs… Ces mou­ve­ments ont éga­le­ment mon­tré à la classe poli­tique que nombre de tra­vailleurs, des jeunes, des femmes, des gens d’horizons divers et des col­lec­tifs pour­raient vaincre la léthar­gie et rede­ve­nir acteurs de la vie sociale à tra­vers les mani­fes­ta­tions, les grèves recon­duc­tibles, les occu­pa­tions diverses, les caisses et les concerts de soli­da­ri­té, les assem­blées géné­rales déci­sion­nelles et les actions directes et concrètes.

C.2. Dans bien des cas, les bureau­cra­ties syn­di­cales ont dû suivre des mou­ve­ments qui ont déve­lop­pé des aspects par­ti­cu­liè­re­ment nova­teurs et popu­laires par exemple élec­tri­ciens bas­cu­lant les comp­teurs en heures creuses, pos­tiers gré­vistes dis­tri­buant le cour­rier des asse­dics et blo­quant la pub, conduc­teurs de bus trans­por­tant gra­tui­te­ment des “SDF”, squat­ters et jeunes en rup­ture occu­pant des agences d’Air France ou de la DDASS en sou­tien aux sans-papiers, chô­meurs orga­ni­sant des opé­ra­tions “péages gra­tuits”, pay­sans démon­tant un Mac Do ou sabo­tant des champs de maïs transgénique…

Ces mou­ve­ments ont repla­cé au devant de la scène les situa­tions que vivent celles et ceux que cette socié­té écrase : les “ exclus ” et tous les pré­caires ‑fran­çais ou non, les jeunes “sans ave­nir” à qui on refuse les moyens de vivre décem­ment, les tra­vailleurs du pri­vé de plus en plus asser­vis à la ren­ta­bi­li­té, les fonc­tion­naires aux sta­tuts de plus en plus remis en cause qu’on pré­sente comme des nan­tis, les petits pay­sans vic­times du productivisme…

C.3. Pour autant, même si nom­breux sont ceux qui se réin­ves­tissent dans les luttes, même si dans les assem­blées géné­rales ou lors des manifs, il se bal­bu­tie qu’une socié­té fon­dée sur la loi du mar­ché et sur la guerre du cha­cun contre tous est haïs­sable, la contes­ta­tion qui regonfle sur le ter­rain n’a pas de cohé­rence stra­té­gique, pas de pers­pec­tive déclarée.

C.4. Nous pen­sons que le mou­ve­ment social doit se don­ner des pers­pec­tives, non pas par des négo­cia­tions inter­mi­nables avec les états-majors de la gauche ins­ti­tu­tion­nelle, mais en étant les acteurs déter­mi­nés d’un front social de l’égalité et de la soli­da­ri­té qui mette en rela­tion les syn­di­cats de lutte, les mou­ve­ments contre la misère, le chô­mage et la pré­ca­ri­té, les intel­lec­tuels et les artistes soli­daires des com­bats de notre époque, les asso­cia­tions enga­gées sur le ter­rain, les jeunes en rup­ture, à condi­tion que l’esprit de cha­pelle, et le sec­ta­risme cèdent la place à l’action col­lec­tive concrète et aux débats d’idées ouvertes. De nou­velles orga­ni­sa­tions ain­si que de nou­veaux mou­ve­ments sociaux sont appa­rus ou se sont déve­lop­pés ces der­nières années : Agir ensemble contre le chô­mage, les syn­di­cats SUD, le Groupe de 10, la Confédération Paysanne, les Etats Généraux du mou­ve­ment social, ATTAC et la CCOMC, la Coordination des asso­cia­tions pour le droit à l’avortement et à la contra­cep­tion, Droit Au Logement, Droits Devants !, Act Up !, le mou­ve­ment des sans-papiers, Ras l’Front, le réseau No Pasaran !, les réseaux de sou­tien à la lutte zapa­tea­do, un cou­rant éco­lo­giste cri­tique et radi­cal, bref, une sorte de “ gauche sociale ” encore floue et épar­pillée. Ces mou­ve­ments, bien que se situant à des niveaux de cri­tique dif­fé­rents du capi­ta­lisme, se sont retrou­vés, pour la plu­part, dans l’organisation des marches euro­péennes contre le chô­mage, la pré­ca­ri­té et les exclu­sions, dans l’organisation de Millau, ain­si que dans l’accueil de la cara­vane inter­con­ti­nen­tale des pay­sans indiens du KRRS. La confron­ta­tion de ces dif­fé­rents niveaux de cri­tique per­met de nour­rir les débats qui doivent être menés à l’intérieur de ce front social de l’égalité et de la soli­da­ri­té afin de don­ner à ce der­nier des pers­pec­tive de luttes uni­fiées et un peu d ‘épais­seur en terme de contre-pouvoir.

C.5. Ces ras­sem­ble­ments n’ont cepen­dant de sens que si, reliés les uns aux autres, ils concourent à for­ger une conscience poli­tique glo­bale face aux pro­blèmes glo­baux aux­quels nous sommes tous confron­tés : hommes et femmes, sala­riés ou non, rési­dents dans les pays indus­tria­li­sés ou dans le tiers-monde. Dans une période où la com­mu­ni­ca­tion prend des allures de nou­velles reli­gions, il est néces­saire pour le mou­ve­ment social d’accéder à une nou­velle visi­bi­li­té en met­tant en place un agen­da des mobi­li­sa­tions et des luttes pro­pices à contes­ter la “pen­sée unique”, à ancrer dans la conscience popu­laire des réfé­rences idéo­lo­giques ou poli­tiques qui rompent avec le renon­ce­ment ou avec le fatalisme.

C.6. Bien sûr, les forces poli­tiques ou syn­di­cales qui ont des relais ins­ti­tu­tion­nels ras­surent géné­ra­le­ment les gens en lutte. Mais, comme la social-démo­cra­tie au pou­voir dans presque toute l’Europe contri­bue, au nom de la sta­bi­li­té moné­taire et de la rigueur bud­gé­taire à liqui­der les acquis sociaux, il existe de ce fait un espace pour un mou­ve­ment social capable de remettre en cause les vieux équi­libres au sein du mou­ve­ment ouvrier qui font de FO, de la CFDT et de la CGT des forces encore hégé­mo­niques sur le plan, syndical.

D) POUR UNE ORIENTATION INTERNATIONALE COHERENTE

D.1. L’orientation néo-libé­rale don­née par les gou­ver­ne­ments (le der­nier exemple étant le som­met “social”de Lisbonne) prouve qu’il est indis­pen­sable de créer une force syn­di­cale alter­na­tive à l’échelle du conti­nent. Il n’y a rien à attendre du côté de la Confédération Européenne Syndicale. Par contre SUD Éducation doit pour­suivre l’expérience enga­gée avec d’autres syn­di­cats euro­péens depuis la Conférence de Malaga en y consa­crant les moyens que lui per­met l’état actuel de ses forces. De la même façon, SUD Éducation cher­che­ra autant que pos­sible à s’associer aux ini­tia­tives inter­na­tio­nales prises dans le cadre des mobi­li­sa­tions contre la dic­ta­ture des marchés.

D.2. La construc­tion d’un front com­mun des orga­ni­sa­tions syn­di­cales qui s’opposent radi­ca­le­ment au néo-libé­ra­lisme et à ses effets est vitale. En 98 et 99, les bases d’une coor­di­na­tion à l’échelle euro­péenne ont été avan­cées notam­ment avec la CGT espa­gnole, l’Unicobas Scuola-Arca. Une décla­ra­tion com­mune a été rédi­gée à Grenade et ensuite com­plé­tée à Rome et Paris. Divers contacts ont en suite été pris avec d’autres orga­ni­sa­tions syn­di­cales suisse, alle­mande, italienne, …

Cette volon­té d’apporter sur le ter­rain de la construc­tion et de l’action une réponse aux plans euro­péens et d’offrir une alter­na­tive glo­bale aux syn­di­cats inté­grés de la CES devrait nous per­mettre de construire une véri­table orien­ta­tion syn­di­cale indé­pen­dante et cohé­rente. Elle ne pré­juge pas des rela­tions ami­cales que nous devons entre­te­nir avec d’autres forces d’opposition appar­te­nant à des syn­di­cats institutionnels .

Il faut main­te­nant réel­le­ment la mettre en oeuvre et pour cela faire que ce soit une pré­oc­cu­pa­tion de l’ensemble de notre fédé­ra­tion syn­di­cale sinon le mor­cel­le­ment gagne­ra aus­si notre réflexion et notre action.

Lors des réunions inter­na­tio­nales nous devons être en mesure de faire des pro­po­si­tions concrètes pour enfin avan­cer vers la consti­tu­tion d’un front de lutte solide, démo­cra­tique et plu­ra­liste à l’ échelle euro­péenne pour l’École et au-delà.

D.3. Cette condi­tion éta­blie, SUD Éducation doit prendre toute sa place dans les mou­ve­ments euro­péens et mon­diaux contre l’exclusion, le chô­mage ou la mondialisation.

Toutes les ini­tia­tives aux­quelles SUD Éducation a par­ti­ci­pé ou par­ti­cipe ( Marches euro­péennes…, Millau, mou­ve­ments des Sans-papiers, CCOMC, Mumia, Marche des femmes, Convoi syn­di­cal pour les Balkans…) méritent une réflexion par­ti­cu­lière que le CF doit ini­tier. Nous avons, de par notre place prise dans le com­bat social, une posi­tion à éla­bo­rer et nous ne devons plus consi­dé­rer ces actions ou ces prises de posi­tions comme de simples pas­sages “ obli­gés ” mais comme des moments de lutte pra­tique et théo­rique pour mettre en oeuvre notre orien­ta­tion. De plus ne pas mener cette démarche abou­ti­rait à terme à consi­dé­rer que la simple addi­tion de mou­ve­ments consti­tue un seul et même mou­ve­ment ce qui ouvri­rait toute grande la voie vers l’assimilation.

Nous devons donc oser construire et éla­bo­rer en toute indé­pen­dance en nous appuyant sur notre slo­gan fon­da­teur : Une autre socié­té, une autre école.

D.4. Quelques pistes pour reconstruire :

Il faut se déter­mi­ner par rap­port à notre par­ti­ci­pa­tion aux réseaux des marches euro­péennes et au réseau anti-mon­dia­li­sa­tion (ATTAC, CCOMC etc.).

Il faut inten­si­fier nos rela­tions avec le réseau syn­di­cal regrou­pé autour du texte de Grenade et construire une coor­di­na­tion européenne.

Il faut que les syn­di­cats fron­ta­liers prennent contact avec les syn­di­cats des pays voi­sins (Besançon/​Suisse ; Lille/​Belgique etc…)

IV. DES OUTILS POUR LA CONSTRUCTION DE SUD EDUCATION

IV.1 Un fonc­tion­ne­ment en phase avec nos prio­ri­tés et nos valeurs

La ques­tion des objec­tifs et des modes de construc­tion découle direc­te­ment des ana­lyses de la situa­tion, des prio­ri­tés d’action et de notre volon­té de créer un syn­di­ca­lisme dif­fé­rent. Après celle (même si elle n’est pas ache­vée) de la créa­tion, de la struc­tu­ra­tion et de la recon­nais­sance, SUD Éducation doit enga­ger une nou­velle étape de son exis­tence : le développement.

Après quatre années de fonc­tion­ne­ment, il importe de se doter des moyens de cou­vrir tout le champ de l’Éducation Nationale : être pré­sent sur tout le ter­ri­toire et s’assurer de lut­ter avec toutes les caté­go­ries de per­son­nel : pré­caires, ATOSS, et ensei­gnants. Au-delà des péti­tions de prin­cipe il s’agit de déve­lop­per une poli­tique de construc­tion et de prendre en compte les nom­breuses attentes des adhé­rents qui n’ont pas tou­jours de pas­sé militant.

IV.2 Construire la Fédération

Constat et objectifs

Les élec­tions pro­fes­sion­nelles et les mobi­li­sa­tions de 1999 et 2000, ont mon­tré que Sud-édu­ca­tion avait sa place dans le champ syn­di­cal. Là où nous étions pré­sents et consti­tués, les résul­tats élec­to­raux sont encou­ra­geants. Lors des mobi­li­sa­tions, notre impli­ca­tion, a pu don­ner le ton.

Toutefois, notre implan­ta­tion est encore trop res­treinte. Dans plu­sieurs aca­dé­mies et dépar­te­ments, nous n’avons pas de syn­di­cats ou d’adhérents, et dans d’autres Sud-édu­ca­tion conserve une implan­ta­tion mar­gi­nale. Certains adhé­rents, trop iso­lés, ne béné­fi­cient pas du sou­tien logis­tique mini­mum. Nous ne pou­vons pas attendre que de nou­veaux adhé­rents nous rejoignent sans leur don­ner les moyens pra­tiques d’action. Il est temps de se doter des moyens d’une construc­tion natio­nale, qui mette l’accent sur l’assistance aux syn­di­cats et adhé­rents, et déve­loppe des moyens de syn­di­ca­li­sa­tion dans toutes les catégories..

Propositions : s’assurer des moyens de construction

Le niveau fédé­ral doit mettre rapi­de­ment à dis­po­si­tion de tous les adhé­rents des outils tech­niques de syn­di­ca­li­sa­tion (pla­quettes, affiches, etc…) don­nant les moyens d’agir au plus près du terrain ;

Pour cela des groupes de liai­son pro­fes­sion­nels (1er, 2nd degrés, ensei­gne­ment pro­fes­sion­nel, ATOSS, pré­caires, etc…) et des com­mis­sions thé­ma­tiques (ensei­gner dans les quar­tiers défa­vo­ri­sés, IUFM…) doivent être ren­for­cés ou mis en place, man­da­tés par le CF, ani­més par un (ou plu­sieurs) syn­di­cats et un membre de la CE, se dérou­lant dans le cadre de stages fédé­raux. Après vali­da­tion par ce der­nier, ce maté­riel doit être dis­po­nible pour l’intervention concrète des syn­di­cats locaux.

L’aide à la construc­tion locale de syn­di­cats (tant du point de vue numé­rique que de l’inter caté­go­riel) doit être une prio­ri­té du fonc­tion­ne­ment de chaque struc­ture et de la fédération ;

Notre presse syn­di­cale doit se diver­si­fier et se cla­ri­fier : un jour­nal d’information, de débat, et de pro­pa­gande pour les adhé­rents et sym­pa­thi­sants, une revue théo­rique pour appro­fon­dir nos orien­ta­tions, un bul­le­tin interne de débats, des bro­chures spécialisées.

IV.3 Construire un syn­di­cat intercatégoriel

Constat et objectifs

Sud-édu­ca­tion entend être un syn­di­cat inter­ca­té­go­riel, mais là encore, notre implan­ta­tion et notre pré­sence dans les mou­ve­ments est très variable. Être pré­sent pour l’ensemble des pro­fes­sions de l’Éducation Nationale sup­pose que l’on se dote des moyens de répondre aux attentes des dif­fé­rents per­son­nels : pré­caires, emplois jeunes, admi­nis­tra­tifs, ouvriers et ensei­gnants. Nous serons d’autant plus pré­sents à leurs côtés que nous sau­rons for­mu­ler concrè­te­ment des reven­di­ca­tions cor­res­pon­dant à leurs situa­tions. L’organisation de réunions spé­ci­fiques caté­go­rielles peut favo­ri­ser l’élaboration de docu­ments et de reven­di­ca­tions et per­mettre des contacts néces­saires à notre déve­lop­pe­ment. C’est loca­le­ment que SUD Éducation peut don­ner un véri­table sens au mot soli­da­ri­té en agis­sant et en mobi­li­sant l’énergie de ses adhé­rents pour défendre les per­son­nels les plus en difficulté.

Propositions : prio­ri­tés et moyens d’action

Les pré­caires, les ATOSS et les nou­veaux ensei­gnants doivent faire l’objet d’une action spécifique ;

Des élé­ments concrets d’information sur les sta­tuts des dif­fé­rents per­son­nels, outils indis­pen­sables à l’implication dans les luttes devront être édités ;

Un échange per­ma­nent d’informations sur les actions menées dans les dif­fé­rents syn­di­cats pour les dif­fé­rents per­son­nels, notam­ment par le biais de la presse fédé­rale et d’un site Internet fédé­ral, per­met­tra de déve­lop­per natio­na­le­ment des actions locales.

IV.4 Assurer le fonc­tion­ne­ment démo­cra­tique et le renouvellement

Constats et propositions.

Le syn­di­ca­lisme de lutte et l’attachement à la démo­cra­tie interne, loin d’être des freins à la construc­tion d’un mou­ve­ment syn­di­cal fort, en consti­tuent les com­po­santes essen­tielles. Nous sommes confron­tés à l’intégration de nou­veaux adhé­rents, qui n’ont pas tous un pas­sé mili­tant, et au renou­vel­le­ment des res­pon­sables confor­mé­ment à notre sou­hait d’une rota­tion des man­dats. Cela doit se tra­duire par une pra­tique du débat démo­cra­tique et une poli­tique de for­ma­tion des militants.

Propositions : for­ma­tion et fonc­tion­ne­ment interne

Développer une poli­tique de for­ma­tion des nou­veaux adhé­rents, qui leur apporte des élé­ments pour se situer dans l’histoire du syn­di­ca­lisme et de Sud-édu­ca­tion ain­si que des élé­ments concrets pour agir sur le ter­rain (sta­tuts, outils d’interventions…) ;

Se doter d’une poli­tique de for­ma­tion per­ma­nente de tous les adhé­rents pour pré­pa­rer la rota­tion des res­pon­sa­bi­li­tés, en évi­tant à la fois la spé­cia­li­sa­tion menant à la bureau­cra­ti­sa­tion et la perte des expé­riences acquises inter­di­sant toute action dans la durée ;

Clarifier le fonc­tion­ne­ment de la fédé­ra­tion en don­nant au conseil fédé­ral les moyens d’exercer son rôle d’instance de déci­sion et en ren­for­çant la com­mis­sion exé­cu­tive pour appli­quer ces orientations ;

Maintenir une pra­tique démo­cra­tique des débats et de l’action des syn­di­cats en assu­rant le rôle des assem­blées générales ;

Encourager les com­mis­sions thé­ma­tiques qui pour­ront regrou­per trans­ver­sa­le­ment des mili­tants de syn­di­cats locaux.

Quelle école ?

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Constater le rôle de l’école dans la socié­té aujourd’hui, c’est consta­ter que la socié­té étant divi­sée en classes et l’école par­ti­ci­pant à la repro­duc­tion de la socié­té, l’école repro­duit évi­dem­ment ces inégalités.

De fait, le rôle que les classes diri­geantes veulent don­ner à l’école dans un sys­tème capi­ta­liste, c’est bien de pro­duire des indi­vi­dus sus­cep­tibles de s’intégrer au sys­tème et donc de sélec­tion­ner : pro­mou­voir les plus adap­tés sans renon­cer à exploi­ter les autres.

Aussi, prendre posi­tion pour une trans­for­ma­tion de l’école s’avère incon­tes­ta­ble­ment néces­saire mais évi­dem­ment insuf­fi­sant pour trans­for­mer l’ensemble de la société.

I. De l’école répu­bli­caine vers l’école libérale

1.1. Issue d’un com­pro­mis his­to­rique, l’école répu­bli­caine, laïque, publique, gra­tuite et obli­ga­toire, n’a jamais pu mettre en place le mythe éga­li­taire fon­da­teur, mal­gré le pro­grès qu’elle a constitué.

Cette volon­té éga­li­taire et la volon­té de décon­fes­sion­na­li­sa­tion furent indé­nia­ble­ment des avan­cées, mais 1’école a néan­moins tou­jours assu­ré une fonc­tion de repro­duc­tion sociale. Elle ne fut popu­laire qu’à la marge, du fait de quelques ensei­gnants, mili­tants révo­lu­tion­naires et, ou péda­go­giques plus ou moins tolérés.

1.2. Pendant des décen­nies, celle-ci assu­rait cette fonc­tion de sélec­tion avec effi­ca­ci­té, déter­mi­née par un cer­tain état his­to­rique du capi­ta­lisme : le cur­sus de cha­cun était déter­mi­né par son appar­te­nance de classe et de sexe.

La majo­ri­té des enfants des classes popu­laires, à l’issue du cer­ti­fi­cat d’études (réus­si ou pas), accé­dait au monde du tra­vail au sein de sa classe d’origine. Pour les quelques « meilleurs élé­ments du peuple », l’ascenseur social tant mythi­fié actuel­le­ment, leur per­met­tait d’aller au-delà et de s’inscrire socia­le­ment dans toute la hié­rar­chie des emplois à pourvoir.

Pour les classes bour­geoises, l’école à double vitesse exis­tait sans état d’âme : sys­tème payant dans les “petites classes” des lycées, études secon­daires voire supé­rieures, et emplois cor­res­pon­dants à la clé.

En bref, la durée des études était déter­mi­née par l’appartenance de classe et de sexe et non par les capa­ci­tés sup­po­sées des individus.)

1.3. La période des Trente Glorieuses a vu l’entrée dans le second degré de col­lé­giens et de lycéens issus des classes plus popu­laires. Cette entrée a été de plus en plus mas­sive à mesure que des besoins en main‑d’œuvre qua­li­fiée notam­ment dans les ser­vices, s’amplifiaient. La fin des Trente Glorieuses et les années quatre-vingt ont vu l’achèvement de ce pro­ces­sus de mas­si­fi­ca­tion qui s’est éten­du au supérieur.

La mas­si­fi­ca­tion – et non la démo­cra­ti­sa­tion ! – conju­guée à la pénu­rie de l’emploi a mis l’école en crise : faute de mieux, on reste à l’école ?

Le pro­jet libé­ral tente de mas­quer ces réa­li­tés pro­fondes en se parant de pré­ten­tions au renou­veau péda­go­gique. La consé­quence en est le dévoie­ment ou l’occultation d’un réel débat sur les méthodes pédagogiques.

Aujourd’hui , le pro­jet libé­ral, conce­vant les indi­vi­dus comme des mar­chan­dises, l’école comme un mar­ché, ne pose comme unique fina­li­té sco­laire que l’employabilité de cha­cun. Il s’appuie sur la soi-disant res­pon­sa­bi­li­té indi­vi­duelle concer­nant l’échec ou la réus­site des élèves (et des ensei­gnants et des parents) pour nier les res­pon­sa­bi­li­tés des poli­tiques mises en place. La repro­duc­tion sociale et le tri per­du­rant, les libé­raux peuvent ain­si jus­ti­fier la pri­va­ti­sa­tion du ser­vice public.

C’est dans cette pers­pec­tive que le mar­ché de 1’éducation consti­tue un enjeu majeur pour les libé­raux : « smic cultu­rel et édu­ca­tion à la citoyen­ne­té » (paci­fi­ca­tion) pour la masse des­ti­née au chô­mage com­plet ou à la pré­ca­ri­té, à la charge de l’État ; pri­va­ti­sa­tion sous dif­fé­rentes formes des ensei­gne­ments diver­si­fiés et pro­fes­sion­na­li­sés pour les autres , filières d’élites, classes CAMIF et consu­mé­risme exa­cer­bé des familles dans le second degré, mar­ché de l’édition et des nou­velles tech­no­lo­gies vont dans le même sens.

Les pro­jets de libé­ra­li­sa­tion des ser­vices (Accord Général sur le Commerce des Services dont san­té et édu­ca­tion) pro­gram­més par l’OCDE sont d’actualité et cohé­rents avec les poli­tiques pro­mues par l’OMC.

Dans ce contexte, on donne à l’école publique le rôle de paci­fi­ca­teur, puisque qu’enseigner aujourd’hui, c’est aus­si pan­ser super­fi­ciel­le­ment des plaies sociales pro­duites par un sys­tème que nous récusons.

1.4. L’école inéga­li­taire existe. Ce constat réa­liste est mas­qué par le dis­cours de démo­cra­ti­sa­tion de l’accès à l’école (ensei­gne­ment secon­daire et uni­ver­si­taire ouvert de plus en plus à des jeunes de toutes caté­go­ries sociales [1]. Le terme de démo­cra­ti­sa­tion ne doit pas cacher l’aspect inéga­li­taire de l’école actuelle. C’est donc plu­tôt de mas­si­fi­ca­tion (et non de démo­cra­ti­sa­tion) dont il faut par­ler. Cette mas­si­fi­ca­tion cor­res­pond aux besoins de sco­la­ri­sa­tion de la socié­té contem­po­raine, tant en terme de for­ma­tion des tra­vailleurs à venir, néces­si­tant une sco­la­ri­sa­tion accrue, qu’en terme de paci­fi­ca­tion sociale (atté­nua­tion de l’effet du chômage).

Afin de mas­quer cette réa­li­té de la repro­duc­tion et du tri social, le gou­ver­ne­ment pré­tend que l’objectif à atteindre pour l’école serait donc « l’égalité des chances ». D’ailleurs, Lionel Jospin, Gerhard Schröder font de l’égalité des chances un point fort de leur dis­cours idéo­lo­gique. Des éclair­cis­se­ments sont donc néces­saires l’égalité des chances pose indi­vi­duel­le­ment inégales les chances de réus­site, alors qu’en fait ces chances de réus­site recouvrent des iden­ti­tés col­lec­tives, socia­le­ment ordon­nées. Ce slo­gan relève plu­tôt de la mys­ti­fi­ca­tion idéo­lo­gique, en occul­tant au pro­fit du choix et de la volon­té indi­vi­duels toutes les inéga­li­tés sociales liées au libé­ra­lisme. Plutôt que l’égalité des chances, c’est donc une école pour l’égalité des droits qu’il nous faut revendiquer.

II. Construire une autre école :

SUD Éducation se réclame de l’héritage his­to­rique d’un syn­di­ca­lisme de rup­ture avec la socié­té capi­ta­liste, tout en s’appuyant sur un mode de fonc­tion­ne­ment auto­ges­tion­naire, anti­au­to­ri­taire, et démo­cra­tique pré­fi­gu­rant une autre socié­té. Notre inter­ven­tion, comme pro­fes­sion­nels de l’éducation, ensei­gnants et non-ensei­gnants, mais aus­si hors de l’école, doit être en adé­qua­tion avec ce pro­jet syn­di­cal alternatif.

L’école n’est la pro­prié­té de per­sonne : ni des ensei­gnants, ni des parents, ni de l’État. C’est en ce sens que nous devons favo­ri­ser la reprise en main par tous les acteurs du mou­ve­ment syn­di­cal et social de la réflexion autour de l’école en France en géné­ral, et d’une pos­sible alter­na­tive au modèle d’école actuel, héri­tage de l’école répu­bli­caine, comme au nou­veau modèle qui émerge. Nous nous situons comme héri­tiers de la réflexion et de la pra­tique pour une édu­ca­tion popu­laire (1ère Internationale, Commune de Paris, CGT d’avant 14, Espagne révo­lu­tion­naire…) La réflexion sur l’école ne doit plus être l’apanage du seul gou­ver­ne­ment, de ses experts, et de quelques intel­lec­tuels plus ou moins informés.

Nous nous situons éga­le­ment aux côtés de mili­tants péda­go­giques, qui, loin de se can­ton­ner dans la simple tech­ni­ci­té de l’éducatif, ins­crivent leur réflexion et leur action dans un pro­jet de remise en cause des valeurs sur les­quelles se fonde la socié­té capi­ta­liste. Nous sommes réso­lu­ment hos­tiles à la culture du pro­fit, à la com­pé­ti­tion de tous contre tous, à la hié­rar­chi­sa­tion des savoirs et des indi­vi­dus, à l’autoritarisme dans les rela­tions adultes-enfants.

Il s’agit pour nous d’œuvrer, ici et main­te­nant, à la for­ma­tion d’individus libres, capables de réflé­chir et d’agir en col­lec­ti­vi­té, capables de pen­ser le monde qui les entoure, de le sou­mettre à leur regard cri­tique, et de com­battre la socié­té capi­ta­liste qui leur est impo­sée comme modèle pré­ten­du indépassable.

Ce che­min, est pos­sible, en déve­lop­pant pour les années à venir la réflexion collective :

Quels savoirs ensei­gner ? Ceci recouvre les conte­nus des matières déjà ensei­gnées (et l’idéologie qu’elles véhi­culent), mais aus­si celles qui peut-être devraient l’être (étude des médias, ana­lyse de l’image, édu­ca­tion manuelle autant qu’intellectuelle…)

Quelle édu­ca­tion à la démo­cra­tie ? Non pas celle du citoyen sujet, sou­mis aux « droits et devoirs » mais, par exemple, celle de l’accès de tous à l’élaboration des règles de vie en com­mun, au droit au débat et à l’exercice du pouvoir.

Quel pou­voir les élèves peuvent-ils exercer ?

Quelle lutte contre la hié­rar­chie ? Non pas dans le seul cadre de la « liber­té péda­go­gique » du prof, mais dans celui du tra­vail et de l’évaluation col­lec­tive, du com­bat pour le corps unique, du par­tage et de l’égalité des tâches.

Quelles pra­tiques péda­go­giques, dans quel cadre ? Peut-on, aujourd’hui, repen­ser l’école, dans le contexte de l’éducation Nationale ?

Quelle rela­tion adulte/​enfants ? Car cette rela­tion est tou­jours à repen­ser non seule­ment dans le cadre de « la classe » mais en dehors de celle-ci.

Quel accès à l’école, quelle gra­tui­té, quelle obli­ga­tion, quelle laïcité…

Quelle édu­ca­tion pour tous ? Le droit à l’éducation néces­site la prise en compte des dif­fi­cul­tés spé­ci­fiques des élèves pour que tous aient accès aux même objec­tifs d’éducation.

Quelle éga­li­té à l’école ? L’égalité à l’école autant que son carac­tère plus ou moins démo­cra­tique dépend aus­si des moyens qui lui sont attri­bués, des péda­go­gies et des conte­nus qui y sont développés.

1 Une étude parue dans “Education et Formation » n° 54 (1999) montre que si les col­lèges publics de France accueillent en moyenne 42,3 % d’élèves défa­vo­ri­sés, 10 % des col­lèges en accueillent moins de 20 %, et 10 % des col­lèges en accueillent plus de 64 %. Cette étude concluait : « D’une manière géné­rale, ces dif­fé­rences ont ten­dance à aug­men­ter, ce qui montre bien que le pro­ces­sus de ghet­toï­sa­tion des éta­blis­se­ments ne s’est pas ralen­ti ». D’autres chiffres du Ministère de l’Éducation Nationale de 1997, montrent que les élèves d’origine défa­vo­ri­sée consti­tuent 50 % de la popu­la­tion du col­lège, ils ne forment plus que 10 % des étu­diants, et à l’inverse, les élèves d’origine favo­ri­sée qui consti­tuent 15 % des col­lé­giens forment 40 % des étudiants

Enseignement Professionnel

La poli­tique gou­ver­ne­men­tale est carac­té­ri­sée par des réformes pre­nant leurs sources dans l’idéologie libé­rale. Les lycées pro­fes­sion­nels, par leurs liens avec la sphère éco­no­mique, au tra­vers notam­ment “ des périodes de for­ma­tion en entre­prise ” et des stages, consti­tuent un ter­rain d’application idéal de cette idéologie.

La flexi­bi­li­té et la pré­ca­ri­té peuvent y être expé­ri­men­tées et appli­quées plus faci­le­ment. Ce qui a déjà été le cas par le pas­sé. L’annualisation du temps de ser­vice était déjà pré­vue par le sta­tut des PLP de 1992. Mais, faute de texte d’application, elle n’a pas été géné­ra­li­sée. Elle n’a été appli­quée que pour cer­tains PLP inter­ve­nant en for­ma­tion com­plé­men­taire ou, dans cer­tains éta­blis­se­ments, à l’ensemble du per­son­nel. La pré­ca­ri­té est for­te­ment déve­lop­pée depuis long­temps dans les LP où les rec­to­rats ne recrutent plus que des contrac­tuels, notam­ment dans les “ petites dis­ci­plines ” de l’enseignement pro­fes­sion­nel pour les­quelles il n’y a aucun poste mis au concours.

Le nou­veau sta­tut des PLP, en lien avec la Charte de l’enseignement pro­fes­sion­nel inté­gré, accen­tue et géné­ra­lise la flexi­bi­li­té et la pré­ca­ri­té. Plus d’horaires des ensei­gne­ments heb­do­ma­daires (BO n°2 du 9 mars 2000), mais des horaires annua­li­sés. Ce qui, ajou­té à la mise en place des Projets Pluridisciplinaires à Caractère Professionnel (PPCP) pousse, de fait, à annua­li­ser le ser­vice des ensei­gnants. De plus, les horaires d’enseignement ne sont plus fixes, mais seule­ment indi­ca­tifs, ce qui auto­rise tous les “ bidouillages ” d’un éta­blis­se­ment à l’autre. C’est un pre­mier pas vers la fin du carac­tère natio­nal des diplômes et un début de mise en place de “ diplôme maison ”.

Le ser­vice annua­li­sé ren­force le pou­voir hié­rar­chique du chef d’établissement en aug­men­tant l’opacité de la répar­ti­tion des horaires entre les dis­ci­plines et donc l’opacité de la répar­ti­tion des ser­vices entre les per­son­nels. Sur quels cri­tères sont attri­buées les heures de pro­jet inter­dis­ci­pli­naire ? Conjugué avec l’application du rap­port Bancel, le ser­vice annua­li­sé mène­ra à la créa­tion de “ super-profs ” char­gés de répar­tir et de contrô­ler les ser­vices des autres col­lègues. Nous y sommes opposés !

Sous cou­vert de répondre aux demandes des élèves et des parents, l’application de la réforme dimi­nue for­te­ment le nombre d’heures d’enseignement par dis­ci­pline et rend option­nels cer­tains ensei­gne­ments. On ren­force ain­si la dis­pa­ri­té entre les éta­blis­se­ments. Ce n’est pas acceptable.

L’application de la réforme aura pour consé­quence la dis­pa­ri­tion d’un grand nombre de postes. Elle porte en germe le licen­cie­ment de mil­liers de contrac­tuels ou de MA. De sur­croît, elle pré­ca­rise les titu­laires qui, vic­times d’une mesure de carte sco­laire pour­ront, en fonc­tion du nou­veau sta­tut, être nom­més sur plu­sieurs établissements.

La charte de l’Enseignement pro­fes­sion­nel inté­gré cor­res­pond à un pre­mier désen­ga­ge­ment de l’État au pro­fit du patro­nat alors que depuis la Libération l’État est clai­re­ment maître d’œuvre de l’enseignement pro­fes­sion­nel, et donc garant d’un ser­vice public de qua­li­té ouvert au plus grand nombre. Le Patronat a tou­jours contes­té ce fait, il pré­fère à l’enseignement pro­fes­sion­nel sco­laire la for­ma­tion par appren­tis­sage. S’il réclame les rênes de la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle, c’est pour avoir des sala­riés dociles, pré­pa­rés à accep­ter “ les valeurs de l’entreprise ” et du libé­ra­lisme et aus­si mieux contrôle l’accès de la main d’œuvre sur le mar­ché du tra­vail. Nous sommes oppo­sés à cette concep­tion patro­nale de la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle des jeunes qui de plus, en met­tant l’accent sur le “ pro­fes­sion­nel ”, nie toute valeur aux conte­nus dis­ci­pli­naires néces­saires à l’appropriation du savoir par les jeunes et à leur émancipation.

La classe domi­nante pousse une frac­tion de la jeu­nesse en dehors des ins­ti­tu­tions sco­laires en direc­tion de l’apprentissage et autres contrats (de qua­li­fi­ca­tion, Emplois-Jeunes, d’orientation, d’adaptation). La loi quin­quen­nale, mise en place par le gou­ver­ne­ment Balladur et sou­te­nue par la Gauche plu­rielle, avait offi­cia­li­sé ce choix.

Aujourd’hui, la menace est encore plus pres­sante avec la poli­tique de “ refon­da­tion sociale ” du MEDEF et de la “ moder­ni­sa­tion sociale ” du gou­ver­ne­ment. Ces poli­tiques libé­rales visent à la liqui­da­tion rapide des filières de for­ma­tion diplô­mante, que ce soit dans la for­ma­tion ini­tiale (LP, SEGPA, EREA) ou dans la conti­nue (GRETA, AFPA). La méthode consiste à dis­soudre les ensei­gne­ments dans des acti­vi­tés qua­li­fiantes et spé­cia­li­sées (CQP), dans la vali­da­tion des com­pé­tences comme alter­na­tive aux diplômes. Ces acti­vi­tés (PPCP en LP, for­ma­tions sur les com­pé­tences en AFPA et GRETA) ont pour objec­tif de répondre aux besoins immé­diats des patro­nats locaux.

C’est pour­quoi SUD entend com­battre les réformes en cours et fera tout son pos­sible pour ren­for­cer la recon­nais­sance des diplômes publics natio­naux dans le cadre des conven­tions col­lec­tives nationales.

Enseignement en milieu socialement défavorisé : terrain de lutte et enjeu idéologique

Quelle est la situation ?

Durant cet hiver 1999 – 2000, les failles du sys­tème sco­laire dans les quar­tiers en dif­fi­cul­tés sont appa­rues un peu plus au grand jour : ici et là, en France, des ensei­gnants, sou­te­nus par d’autres per­son­nels, par des parents et par des élèves, ont arrê­té le tra­vail pour dire leur ras-le-bol des inci­vi­li­tés, de la vio­lence [1] et d’une situa­tion de classe où on passe plus de temps à essayer de régler les inci­dents qu’à ensei­gner et apprendre.

Il faut poser tout de suite (et on y revien­dra ci-après) que cette agi­ta­tion des élèves est due essen­tiel­le­ment à la situa­tion sociale et maté­rielle qui leur est faite (et il faut ajou­ter que l’école, dans ses conte­nus et dans ses moda­li­tés, est le plus sou­vent en phase avec cette domi­na­tion sociale)

A Beauvais, à Roubaix, dans le Rhône, dans le Gard, dans L’Hérault, en Seine Saint-Denis, les grèves ont été qua­si-totales, actives, par­fois très longues.

Alors, pour­quoi cette déter­mi­na­tion ? Pourquoi les ver­rous habi­tuels (comme le sou­ci du renom de l’École Publique, comme le dan­ger de récu­pé­ra­tion par l’extrême droite, ou comme les pres­sions de l’administration pour cacher la situa­tion et étouf­fer les affaires) ont-ils sauté ?

En fait, depuis 3 ou 4 ans (les uni­ver­si­taires qui tra­vaillent sur ce thème en font foi) le niveau de l’agitation, des inci­vi­li­tés, qui règne dans les éta­blis­se­ments des quar­tiers en dif­fi­cul­té s’est encore accru. De fait, on en est à un niveau tout à fait insup­por­table entre élèves, d’abord, et, aus­si, bien sûr, entre élèves et personnels.

C’est un cli­mat où l’on ne se sent plus ni res­pec­té, ni vrai­ment en sécu­ri­té. C’est une situa­tion de souf­france réelle pour beau­coup d’élèves et beau­coup de membres du per­son­nel, souf­france dont l’intensité varie sui­vant la dif­fi­cul­té objec­tive et sui­vant la capa­ci­té de résis­tance de chacun.

Souffrance d’autant plus dif­fi­cile à vivre qu’elle est mécon­nue, voire niée, et qu’à par­tir de là, cha­cun est vu (et se voit plus ou moins) comme res­pon­sable de la situa­tion : c’est parce qu’il ne sait pas se défendre (ver­sion pour les élèves), c’est parce qu’il ne sait pas s’y prendre (ver­sion pour les adultes) .

Et il y a aus­si, pour les per­son­nels, une péni­bi­li­té moins appa­rente mais qui use à terme : le métier leur apporte très peu de satis­fac­tion, très peu d’occasion de consta­ter une effi­ca­ci­té (peu d’efficacité per­son­nelle dans l’exercice de leur métier, et très peu d’efficacité de l’école en général).

Quelle posi­tion prendre ?

Sud Éducation déclare que c’est l’une de ses prio­ri­tés que d’être aux côtés de ceux, par­mi les per­son­nels de l’Éducation Nationale, qui sont aux postes de tra­vail les plus dif­fi­ciles, et que la lutte pour la réduc­tion de la péni­bi­li­té de ces tâches est pour lui une néces­si­té incontournable.

Il déclare que le rôle de l’école est d’enseigner et d’éduquer et cer­tai­ne­ment pas de conte­nir, plus ou moins bien, une jeu­nesse en révolte : l’école doit refu­ser d’être uti­li­sée comme ins­tru­ment de paci­fi­ca­tion sociale.

Il déclare aus­si que les enfants et les jeunes des familles popu­laires ont droit, comme les autres, à un ensei­gne­ment de qua­li­té. Il se déclare révol­té par la situa­tion sco­laire, qui de fait s’installe, pour les élèves de cette ori­gine sociale (voir annexe 1).

SUD Éducation est dans la lutte aux côtés des sans tra­vail, aux côtés des sans loge­ment, aux côtés des sans papiers, il lut­te­ra aus­si pour les « sans droit effec­tif d’accès aux savoirs » … qui, d’ailleurs, sont sou­vent les enfants des précédents.

SUD Éducation est conscient que, sur ce ter­rain de l’enseignement dans les quar­tiers en dif­fi­cul­tés, un com­bat idéo­lo­gique est enga­gé, com­bat dont l’enjeu est l’acceptation ou le refus de l’école à deux vitesses (et que ce com­bat fait évi­dem­ment par­tie du com­bat contre la socié­té à deux vitesses).

Ce com­bat idéo­lo­gique se déroule aus­si à l’intérieur de l’Éducation Nationale. En par­ti­cu­lier, SUD Éducation est conscient que nombre de col­lègues, ensei­gnants et autres per­son­nels, désem­pa­rés face à la situa­tion insup­por­table où ils sont pla­cés, glissent sur des posi­tions auto­ri­ta­ristes et des dis­cours de rejet et d’exclusion, des dis­cours eth­ni­ci­sants aus­si [2]. SUD Éducation est conscient qu’il s’agit là d’un ver­sant du glis­se­ment de la socié­té vers une concep­tion selon laquelle il y aurait une frac­tion de la popu­la­tion qui serait dif­fé­rente et dan­ge­reuse et qu’il fau­drait sur­veiller, enca­drer, punir, pour qu’elle se tienne tran­quille. SUD Éducation est conscient que ce glis­se­ment est pro­duit par les mêmes forces que celles qui poussent à tou­jours plus de libé­ra­lisme économique.

SUD Éducation estime que, pour endi­guer ce glis­se­ment idéo­lo­gique de cer­tains col­lègues, il y a lieu de faire appa­raître quelles sont les causes réelles de cette qua­si-révolte des jeunes (rejet dans la misère, racisme, etc..) et, aus­si, de construire et d’énoncer des pers­pec­tives à court et à moyen terme – les pers­pec­tives à long terme étant dans une trans­for­ma­tion radi­cale du sys­tème social et poli­tique – Il s’agit de par­ler à gauche sur ce thème des jeunes des ban­lieues et de leurs familles.

Parler à gauche sur ce thème serait, par exemple :

  • mon­trer que les dis­cours eth­ni­ci­sants sont ineptes.
  • expli­quer inlas­sa­ble­ment que les puni­tions, les exclu­sions, ne sont que des réponses à très court terme, et qu’elles sont injustes. Elles sont injustes parce qu’elles frappent, le plus sou­vent, des enfants, des jeunes à qui ni la vie ni la socié­té n’ont fait de cadeau. Expliquer que ce qu’il nous faut, ce sont les moyens de faire autre­ment que de répri­mer, que ce qu’il nous faut c’est le temps d’entendre les pro­blèmes des élèves, et les moyens de prendre en compte ces pro­blèmes. Expliquer que ce qu’il nous faut ce sont les moyens et le temps de mettre en oeuvre une péda­go­gie et diverses actions qui feraient que les élèves adhè­re­raient à ce qui se fait à l’école.
  • expli­quer les dif­fi­cul­tés maté­rielles aux­quelles sont confron­tées les familles et les élèves. Expliquer que les parents n’ont pas démis­sion­né, mais qu’ils ont été « licen­ciés de la vie » (selon l’expression d’Adil Jazouli) .
  • expli­quer que les causes de ces com­por­te­ments de qua­si-révolte des jeunes résident aus­si dans le rejet et la vio­lence que subit une par­tie de la popu­la­tion de la part d’une socié­té qui pro­duit de la pau­vre­té (et beau­coup de richesses !) qui repousse les pauvres dans cer­tains quar­tiers dégra­dés (par divers méca­nismes dont le mon­tant des loyers tout sim­ple­ment, ou les poli­tiques de peu­ple­ment des H.L.M.) et qui, de sur­croît, véhi­cule et pro­meut une idéo­lo­gie selon laquelle cha­cun aurait sa chance, et cha­cun serait donc res­pon­sable de sa réus­site ou de son échec. Une socié­té qui affiche que si vous ne réus­sis­sez pas c’est de votre faute, et qui, en même temps pose de fait beau­coup plus de bar­rières à l’accès à l’emploi à ceux dont le C.V. porte une adresse située dans un quar­tier défa­vo­ri­sé et/​ou un nom à conso­nance magh­ré­bine. Ou, ver­sion sco­laire des choses, un sys­tème qui affiche que cha­cun aurait sa chance à l’école et serait donc res­pon­sable de son échec, (quand il y a échec) et qui, en même temps n’accorde pas réel­le­ment aux enfants des milieux popu­laires les pos­si­bi­li­tés de réus­sir (Bourdieu et Passeron, et bien d’autres, ont, depuis long­temps mon­tré ce qu’il en est du rôle des bar­rières cultu­relles. Il y a aus­si les bar­rières maté­rielles, les condi­tions de vie, et il y a, tout sim­ple­ment, que l’on ne peut pas apprendre dans une classe ou dans un éta­blis­se­ment sco­laire qui ne tourne plus). Une grande par­tie des causes des com­por­te­ments vio­lents ou « inci­vils » des jeunes des quar­tiers défa­vo­ri­sés réside dans le rejet dont ils sont l’objet, rejet dans des zones de pau­vre­té. Ces com­por­te­ments ont lieu dans les quar­tiers, mais aus­si dans les éta­blis­se­ments sco­laires et dans les classes.
  • expli­quer que ceux des élèves qui font régner la loi du plus fort (élèves qui sont plus ou moins nom­breux selon les cir­cons­tances) ceux qui sont dans les bandes avec caïd et qui ont assez de poids dans la classe pour empê­cher qui­conque par­mi les élèves de par­ti­ci­per ou de faire preuve de bonne volon­té, expli­quer que ceux-là sont pris dans des dyna­miques et des phé­no­mènes de groupe qui les dépassent et sont avant tout, et eux-aus­si, des vic­times d’un fonc­tion­ne­ment social (où, d’ailleurs, c’est effec­ti­ve­ment la loi du plus fort qui a cours). Expliquer que les réponses à ces situa­tions extrêmes (qui sont loin d’être excep­tion­nelles) sont bien plus dans un autre fonc­tion­ne­ment de la classe, de l’établissement et de la socié­té en géné­ral, que dans la sanc­tion et la mise à l’écart.

Enfin, le com­bat se situe aus­si, et peut-être prin­ci­pa­le­ment, sur le ter­rain de l’opinion publique. Le rôle de S.U.D édu­ca­tion doit donc être de faire savoir quelle est la situa­tion réelle, et il doit être sur­tout, d’en faire appa­raître les causes aux yeux de l’opinion. Ainsi, par­ler des pro­blèmes de l’enseignement dans les quar­tiers en dif­fi­cul­té, ce sera por­ter en pleine lumière l’un des effets les plus néga­tifs du libé­ra­lisme économique.

Que faire dans l’immédiat

  • par­ti­ci­per aux luttes, sur ce thème, et, au cours de ces luttes, com­battre les concep­tions auto­ri­ta­ristes et les pers­pec­tives d’exclusion qui émer­ge­ront pro­ba­ble­ment à un moment ou à un autre.
  • col­lec­ter les infor­ma­tions qui per­met­tront de faire état de l’inefficacité de la poli­tique répres­sive et des impasses où elle mène.
  • expli­quer aux parents d’élèves des quar­tiers en dif­fi­cul­té quel est l’état de l’école que leurs enfants fré­quentent, en asso­ciant bien cela à des pers­pec­tives de lutte.
  • col­lec­ter des infor­ma­tions sur l’état de dégra­da­tion de l’ambiance des éta­blis­se­ments et les dif­fu­ser en pré­ser­vant l’anonymat des per­sonnes et des établissements
  • sou­te­nir les col­lègues mis en cause par la hié­rar­chie – hié­rar­chie qui, pla­cée face à une situa­tion qui lui échappe de plus en plus, a ten­dance à rendre les acteurs de ter­rain res­pon­sables du dérapage.
  • faire état de la véri­té sur les moyens mis par l’administration au titre des poli­tiques en faveur de l’enseignement dans les quar­tiers en dif­fi­cul­té, en com­pa­rai­son avec ce qui est mis ailleurs.
  • faire état de la véri­té sur les éta­blis­se­ments et les expé­riences expo­sées en exemple par la hié­rar­chie tou­jours prête à pré­tendre qu’on peut faire beau­coup avec peu de moyens : c’est-à-dire lut­ter contre l’effet vitrine.
  • dénon­cer ces « actions » à voca­tion mora­li­sa­trice, qui ont comme pré­sup­po­sé que les enfants, les jeunes des quar­tiers en dif­fi­cul­té sont tous prêts à se conduire en voyous : par exemple, celles où on emmène les élèves ren­con­trer des per­sonnes d’une socié­té de trans­port public qui leur expliquent qu’il ne faut pas taguer les sièges ni insul­ter le chauf­feur, ou celles où les îlo­tiers viennent en classe « pré­sen­ter leur métier ». Ces actions stig­ma­tisent les jeunes. Et, par ailleurs, elles ins­til­lent l’idée selon laquelle ensei­gnants, poli­ciers, chauf­feurs de bus et bien d’autres, auraient à se tenir les coudes face à la jeu­nesse en révolte, alors que la démarche qu’il fau­drait ini­tier serait qu’enseignants, poli­ciers chauf­feurs de bus et tous les autres se posent la ques­tion des rai­sons de cette révolte.
  • faire connaître les expé­riences de mise en place d’une autre façon de faire l’école, les expé­riences de construc­tion d’une école populaire.
  • recher­cher l’apport de « scien­ti­fiques » (socio­logues, his­to­riens, psy­cho­logues etc…) qui expriment une pen­sée critique.
  • contac­ter les SUD qui syn­diquent des per­sonnes qui tra­vaillent en ban­lieue (SUD-CRC, les SUD des trans­ports publics, SUD-PTT, etc..) et pro­po­ser une réflexion puis des actions communes.
  • faire état de ces cas de col­lègues qui « craquent » ner­veu­se­ment, qui sont en arrêt de mala­die pour des années par­fois, quand ce n’est pas plus grave . Bien sûr, les pro­blèmes ren­con­trés au tra­vail s’entremêlent tou­jours avec des dif­fi­cul­tés dues à l’histoire per­son­nelle de cha­cun. Mais, d’une part, qui n’a pas de dif­fi­cul­té due à son his­toire per­son­nelle ? Mais, sur­tout, beau­coup de ces col­lègues n’en seraient pas là s’ils n’avaient pas eu à subir des situa­tions pro­fes­sion­nelles très difficiles.
  • aider à éla­bo­rer et por­ter les reven­di­ca­tions spé­ci­fiques des per­son­nels de l’enseignement aux élèves des popu­la­tions défa­vo­ri­sées (voir, en annexe 2, les pro­blèmes que cela pose).
  • Ces reven­di­ca­tions sup­posent la mise en place de moyens impor­tants (le pro­blème à résoudre étant très lourd). Il ne peut donc s’agir de moyens qui seraient pris ailleurs. Ces reven­di­ca­tions pour­raient être :

réduc­tion des effec­tifs par classe et de la taille des établissements.
les moyens néces­saires en maté­riel et en for­ma­tion pour la mise en oeuvre de la meilleure péda­go­gie possible
et , sur­tout, du temps pour les ensei­gnants, afin qu’ils puissent mener, avec une ampleur suf­fi­sante pour qu’on puisse en voir des effets durables, toutes ces actions qui amé­liorent l’ambiance des éta­blis­se­ments et/​ou qui per­mettent aux élèves de mieux réus­sir dans les appren­tis­sages. Ces actions qui aide­raient à (re)créer un cli­mat tel qu’il pour­rait y avoir ren­contre entre des élèves et des ensei­gnants, entre des élèves et des savoirs. Ces actions sont, par exemple, des sor­ties édu­ca­tives, du sou­tien, du rat­tra­page sco­laire, une péda­go­gie plus active, l’instauration de plus de démo­cra­tie dans la classe et dans l’établissement sco­laire etc…

Annexe 1 :

D’une part, une grande par­tie du temps d’apprentissage, du temps de classe, est per­due à régler des pro­blèmes de dis­ci­pline. D’autre part, les besoins des élèves, d’être res­pec­tés, et de se sen­tir en sécu­ri­té (besoins élé­men­taires quand il s’agit d’apprendre, comme en tout autre cir­cons­tance) ne sont pas satis­faits car les per­son­nels n’ont pas les moyens d’empêcher que ce soit la loi du plus fort qui règne dans les établissements.

Annexe 2

Avancer des reven­di­ca­tions, sur ce sujet de l’enseignement dans les quar­tiers en dif­fi­cul­té, pose plu­sieurs pro­blèmes , et ne pas en avan­cer en pose d’autres.

Si on émet des revendications :

elles semblent tou­jours très insuf­fi­santes par rap­port aux pro­blèmes à résoudre .….. et, en même temps, exor­bi­tantes par rap­port à ce que ce sys­tème social semble prêt à accorder.

on accré­dite l’idée que ce pro­blème de l’enseignement en ban­lieue (et, au-delà, le pro­blème des ban­lieues lui-même) pour­rait trou­ver une solu­tion à tra­vers quelques amé­na­ge­ments du sys­tème social dans lequel nous sommes, alors qu’en réa­li­té, c’est une carac­té­ris­tique fon­da­men­tale de ce sys­tème que de pro­duire de la pau­vre­té, de la relé­ga­tion et donc de pro­duire ce pro­blème des ban­lieues. Résoudre en pro­fon­deur le pro­blème de l’enseignement en ban­lieue, serait résoudre le pro­blème des ban­lieues, et donc les pro­blèmes de la pau­vre­té et de la relé­ga­tion, et ce serait chan­ger de sys­tème social.

Si on n’émet pas de revendication :

on ne tente rien qui vise à amé­lio­rer la situa­tion, sur le ter­rain de l’école. Or, il y a de la souf­france tout à fait réelle, tout à fait pré­sente, chez les élèves et chez les personnels.

on s’interdit de dres­ser ces pers­pec­tives, sim­ple­ment huma­nistes, qui per­mettent d’indiquer aux parents, aux élèves, aux per­son­nels, dans quelle direc­tion ils pour­raient lut­ter. C’est lais­ser le déses­poir s’installer et c’est lais­ser la place aux dérives auto­ri­ta­ristes et sécuritaires.

S.U.D. édu­ca­tion fait le choix d’énoncer des reven­di­ca­tions (ou de sou­te­nir éven­tuel­le­ment celles des éta­blis­se­ments en lutte) car il consi­dère que, pour que la mobi­li­sa­tion ait lieu, il faut des reven­di­ca­tions à court et moyen terme et S.U.D. édu­ca­tion tra­vaille­ra à ce que ces reven­di­ca­tions s’articulent avec une vision des chan­ge­ments de fond.

[1] Remarque 1 : inci­vi­li­tés et vio­lence sont deux notions qu’il est utile de dif­fé­ren­cier. La vraie vio­lence (vio­lence phy­sique grave, agres­sion sexuelle, vol avec agres­sion, etc.) est loin d’être mon­naie cou­rante. Par contre, dans cer­tains éta­blis­se­ments, les inci­vi­li­tés (bous­cu­lades, injures, inso­lences, « petits » vols, etc.) sont omni­pré­sentes et ce sont elles qui font que l’enseignement n’a plus lieu, et qui « usent » les enseignants.
Introduire le terme « inci­vi­li­tés » per­met de décrire la situa­tion : si on ne dis­pose que du terme « vio­lence », on ne peut dire ce qui se passe car une même situa­tion peut être qua­li­fiée de vio­lente ou non sui­vant ce que l’on met der­rière ce mot.
[2] Remarque 2 : ce que l’on entend ici par dis­cours eth­ni­ci­sant est un dis­cours expli­quant le manque de réus­site sco­laire ou tel com­por­te­ment répré­hen­sible, par l’origine eth­nique (expli­ca­tions repo­sant, très sou­vent, sur des visions fausses de ce que sont les cultures d’origine des élèves et sur­tout, de ce qu’il reste de ces cultures chez ceux qui sont de la deuxième ou de la troi­sième génération)

Motion ATOSS

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Quand, d’après les chiffres du minis­tère, 30 000 postes manquent, Lang pro­pose quelques cen­taines de créa­tions de postes. Ces chiffres mêmes mentent, d’autant que les rem­pla­ce­ments des congés mala­die, mater­ni­té et de for­ma­tion ne sont pas assu­rés, ni la com­pen­sa­tion des temps par­tiels, décharges syn­di­cales, ces­sa­tion pro­gres­sive d’activité, etc. . Ce défi­cit se tra­duit par : la dégra­da­tion des condi­tions de tra­vail, le recours mas­sif au tra­vail pré­caire (CES, contrac­tuels, emplois jeunes…), l’annualisation, la flexi­bi­li­té, et la « mutua­li­sa­tion des moyens » .

La situa­tion ne cesse de s’aggraver au fur et à mesure des cir­cu­laires et textes minis­té­riels (11 depuis 1994). La der­nière cir­cu­laire du 30 Octobre, par exemple « les agents contrac­tuels n’étant pas employés sur une longue durée ne béné­fi­cient plus de 4 jours de congé par mois comme pré­cé­dem­ment, mais seule­ment de 2 jours et demi par mois de tra­vail effec­tif ». La sur­veillance pen­dant les périodes de vacances tend à repo­ser exclu­si­ve­ment sur les OEA (ouvriers d’entretien et d’accueil), presque exclu­si­ve­ment des femmes. Le pas­sage aux 35 heures se pré­pare sans créa­tion de postes statutaires.

Arrêtez le massacre !
Non à l’annualisation ! Non à la pré­ca­ri­sa­tion ! Création des postes sta­tu­taires nécessaires !

L’existence des per­son­nels ATOSS est remise en cause. Le rap­port Mauroy pro­pose ni plus ni moins de vendre le per­son­nel ATOSS aux col­lec­ti­vi­tés locales, encore un pas vers la pri­va­ti­sa­tion après les can­tines, le chauf­fage, la main­te­nance. Les ATSEM, les employés com­mu­naux ­ et les ensei­gnants par consé­quence – sont en train de faire l’expérience de ce que signi­fie cette sous-traitance.

Que reste-t-il du ser­vice public ?

Face à cette situa­tion SUD­Éducation revendique :

Création des postes sta­tu­taires néces­saires, titu­la­ri­sa­tion de tous les précaires
Augmentation des salaires et réduc­tion du temps de tra­vail, sans annua­li­sa­tion ni flexibilité.
Respect de la digni­té des per­son­nels. Arrêt du har­cè­le­ment et du fli­cage par la hiérarchie.

Pour une autre socié­té, pour un syn­di­ca­lisme de lutte :

Participez à nos listes électorales

Rejoignez notre syndicat !

Voter pour SUD-Éducation, c’est com­battre pour l’unité de tous et toutes dans l’action.

Invite de la com­mis­sion ATOSS réunie lors du congrès de Roubaix

La com­mis­sion ATOSS réunie le 30 novembre 2000 appelle l’ensemble des syn­di­cats de la Fédération SUD Éducation à :

  • Désigner un cor­res­pon­dant ATOSS par struc­ture en vue de rejoindre la com­mis­sion fédé­rale ATOSS déjà existante
  • Organiser dans chaque éta­blis­se­ment où SUD est pré­sent une heure d’information syn­di­cale à des­ti­na­tion des per­son­nels admi­nis­tra­tifs et ouvriers
  • Diffuser mas­si­ve­ment le texte du congrès appe­lant à la consti­tu­tion des listes SUD.

Motions d’actualité

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TRAVAIL DE NUIT

Le 30 novembre 2000, pour se mettre en confor­mi­té avec les direc­tives euro­péennes, le par­le­ment fran­çais a levé l’interdiction du tra­vail de nuit des femmes, sous le pré­texte hypo­crite d’égalité.

En dehors de toute appré­cia­tion sur l’aspect sexiste et pro­tec­tion­niste de cette inter­dic­tion, et sachant que le tra­vail de nuit, nui­sible à la san­té, devrait être inter­dit et réser­vé aux seules acti­vi­tés socia­le­ment indis­pen­sables, SUD Éducation estime qu’il s’agit d’une nou­velle étape dans l’alignement a mini­ma de l’ensemble des droits des sala­riés en Europe.

La fédé­ra­tion des syn­di­cats SUD Éducation réaf­firme ses revendications :

  • à tra­vail égal salaire égal
  • réduc­tion du temps de tra­vail pour tous, sans flexi­bi­li­té ni annua­li­sa­tion ni pertes de salaire
  • inter­dic­tion du tra­vail de nuit pour les femmes comme pour les hommes

Aubervilliers (93) : familles expul­sées, enfants pri­vés d’école

Dans le cou­rant du mois d’avril 2000, une soixan­taine de familles afri­caines, arri­vant de toute la France, et fati­guées de l’errance urbaine à laquelle elles étaient sou­mises, se sont ins­tal­lées à Aubervilliers en Seine Saint-Denis, en squat­tant des loge­ments HLM vides gérés par la municipalité.

La réac­tion du maire, Jack Ralite, a été par­ti­cu­liè­re­ment dure : 41 familles ont été mises à la rue en 3 vagues d’expulsions, et jusqu’à la der­nière limite avant la trêve hiver­nale. Il reste 22 loge­ments occu­pés, mais la fin de la trêve le 15 mars, amè­ne­ra l’application des arrê­tés d’expulsions qui pèsent sur les per­sonnes qui occupent ces appartements.

La mai­rie jus­ti­fie cette réac­tion mus­clée par la “mixi­té sociale” : “Aubervilliers ne peut pas accueillir toute la misère du monde” a‑t-on pu entendre ou lire ici et là, en par­ti­cu­lier dans la presse muni­ci­pale. Bien qu’aucune autre solu­tion que les expul­sions n’ait été avan­cée, le maire n’en conti­nue pas moins d’associer des valeurs telles que soli­da­ri­té et huma­nisme à sa décision.

SUD Éducation sou­haite que de réelles solu­tions humaines soient appor­tées à ce pro­blème, mais aus­si que s’engage un véri­table débat sur la poli­tique du Logement en France, afin de régler en amont la situa­tion des familles néces­si­teuses et évi­ter à l’avenir que d’autres per­sonnes ne soient accu­lées à squat­ter des appar­te­ments, HLM ou non.

Tout aus­si scan­da­leux, est le refus du maire de sco­la­ri­ser 31 enfants des familles éta­blies dans les squats. Seuls ceux qui étaient déjà sco­la­ri­sés à Aubervilliers, et ceux arri­vant de pro­vince, l’ont été, avec par­fois un mois de retard par rap­port à la ren­trée des classes. Les autres familles ont été invi­tées à retour­ner dans “leur com­mune d’origine” pour sco­la­ri­ser leurs enfants. Inadmissible !

Dès la ren­trée, SUD Éducation Créteil a deman­dé au maire de reve­nir sur cette déci­sion contraire aux droits les plus fon­da­men­taux : celui de la libre cir­cu­la­tion, et celui de l’accès à l’éducation. Nous avons, dans le même temps, aler­té les ser­vices de l’Etat : l’Inspection Académique, le Rectorat, le Ministère de l’Éducation Nationale, et même la Préfecture. Rien n’a été fait pour sco­la­ri­ser ces enfants. L’Inspecteur d’Académie, lors d’une entre­vue, a résu­mé leur posi­tion en ces termes : “Dans cette affaire, nous sommes tous soli­daires du maire d’Aubervilliers”. Inacceptable !

Depuis 3 mois main­te­nant, une bataille s’est enga­gée entre l’administration et le Comité, dont SUD Éducation Créteil est un acteur, sou­te­nant les familles dans leur démarche pour sco­la­ri­ser leurs enfants.

Ce comi­té orga­nise la lutte :

sur le plan édu­ca­tif, en assu­rant des cours de sou­tien aux enfants grâce à quelques volon­taires ensei­gnants pour pal­lier dans l’urgence les carences de l’administration.
sur le plan syn­di­cal, en inter­pel­lant cha­cun des ser­vices de l’État à de fort nom­breuses reprises ; en inter­ve­nant en plein Salon de l’Éducation, ban­de­roles et tracts à l’appui ; en appe­lant l’ensemble des orga­ni­sa­tions syn­di­cales, étran­ge­ment silen­cieuses (si l’on excepte la CGT Educ’Action, UL-FO et le syn­di­cat SN-PJJ de la FSU, tous trois membres du Comité de Soutien) à prendre leurs responsabilités.
sur le plan juri­dique, une plainte ayant été dépo­sée pour non-sco­la­ri­sa­tion à l’encontre du maire et du pré­fet. Un pre­mier juge­ment à été ren­du par le TGI de Bobigny, recon­nais­sant un pro­blème de Droit, mais se décla­rant incom­pé­tent, et ren­voyant l’affaire au Tribunal Administratif. Le juge­ment en appel sera ren­du le 14 décembre.

La lutte a com­men­cé à payer puisque, aujourd’hui, 10 des 31 enfants sont sco­la­ri­sés. Cependant, la mai­rie refuse tou­jours de prendre en compte 15 enfants concer­nés par la mater­nelle avec pour argu­ment qu’ils ne sont pas sou­mis à l’obligation sco­laire, et 6 autres, d’âge pri­maire, dont les familles ont été expul­sées une pre­mière fois avant d’établir un second squat, tou­jours à Aubervilliers. Pour le maire, ces 6 là n’existent tout sim­ple­ment pas.

La Fédération des Syndicats SUD Éducation s’insurge contre la prise en otage des enfants à tra­vers le refus de leur sco­la­ri­sa­tion, dans le but de faire pres­sion sur leurs parents. Ceux-ci ne sau­raient être tenus pour res­pon­sables d’une situa­tion juri­dique dans laquelle le “droit” en matière de loge­ment et de séjour décré­té par la classe domi­nante joue en leur défaveur.

C’est dans cet état d’esprit que la Fédération des Syndicats SUD Éducation demande la sco­la­ri­sa­tion immé­diate des 6 enfants sou­mis à l’obligation sco­laire dans les écoles de la com­mune d’Aubervilliers, puisque c’est là qu’ils séjournent, ain­si que l’inscription en mater­nelle des 15 autres.

UN TOIT C’EST UN DROIT, UNE ÉCOLE C’EST LA LOI !

Soutien à la lutte des Sans Papiers

Depuis le début du mou­ve­ment des Sans Papiers, dès l’occupation de l’église Saint Ambroise puis de St Bernard, les Sans Papiers ont immé­dia­te­ment trou­vé des mili­tants de SUD Éducation à leurs côtés.

Dès notre congrès fon­da­teur en 1998 à Lyon, nous avons sus­pen­du les tra­vaux pour mani­fes­ter avec eux.

Chaque numé­ro de notre jour­nal a ren­du compte de cette lutte et dans les mani­fes­ta­tions natio­nales et locales des mili­tants de SUD Éducation ont chaque fois répon­du présents.

Ces mili­tants, avec d’autres cama­rades de l’Union Solidaires (G 10), par­ti­cipent régu­liè­re­ment à l’animation de la lutte dans les col­lec­tifs de pro­vince et d’Ile de France.

Et, si ce com­bat est bien un com­bat pour la digni­té à laquelle chaque indi­vi­du a droit, il est bien évident que c’est un com­bat syn­di­cal à part entière puisqu’il s’agit du com­bat de tra­vailleurs réduits au tra­vail illé­gal et à la pire exploi­ta­tion, jus­te­ment parce que sans papiers.

Les forces syn­di­cales qui entendent com­battre les déré­gle­men­ta­tions du tra­vail, dont se nour­rit le libé­ra­lisme, sont tout à fait à leur place dans cette lutte.

A un moment où les forces sociales se font plus rares aux côtés des Sans Papiers, nous vou­lons ouvrir ce deuxième congrès en affir­mant que nous res­te­rons aux côtés des Sans Papiers.

  • Pour la régu­la­ri­sa­tion de tous par une carte de 10 ans.
  • Pour la fer­me­ture des centres de rétention.
  • Pour l’abolition de la double peine,
  • Pour la libé­ra­tion des Sans Papiers empri­son­nés pour défaut de papiers,
  • Pour refu­ser que tombent dans l’oubli des condam­na­tions scan­da­leuses de mili­tants pour délit de solidarité.
  • Le congrès de SUD-Education appelle tous ses syn­di­cats, pour les uns, à ren­for­cer la lutte des Sans Papiers, pour les autres à la rejoindre, voire à par­ti­ci­per à la mise en place de nou­veaux collectifs.

Parce que nous lut­tons contre le libé­ra­lisme, nous lut­tons pour le droit d’aller et venir sans entrave, pour la liber­té de cir­cu­la­tion par­tout dans le monde.

Solidarité avec les cer­ti­fiés-sta­giaires licen­ciés, titu­la­ri­sa­tion sans condi­tion de nos collègues.

Anciens maîtres-auxi­liaires, ils ont joué le jeu des plans de titu­la­ri­sa­tion : ils ont pas­sé et réus­si les concours internes et se retrouvent aujourd’hui licen­ciés à la suite d’inspections négatives.

La toute puis­sance du corps des ins­pec­teurs est ici scan­da­leu­se­ment mise en évi­dence et avec elle la per­ver­si­té des lois suc­ces­sives de résorp­tion de la pré­ca­ri­té dans la fonc­tion publique (Perben, Sapin) :

Suppression de l’inspection, titu­la­ri­sa­tion de nos collègues !

Abrogation de la loi Sapin !

Titularisation sans condi­tion de tous les précaires !

Le 25 octobre, la Fédération des syn­di­cats SUD Éducation a por­té au Ministère de l’EN les dos­siers des cer­ti­fiés sta­giaires licen­ciés ; elle a ensuite deman­dé audience au direc­teur de la DPE, sup­po­sé “gérer” ce “pro­blème humain” et la mobi­li­sa­tion continue.

En atten­dant, Jean-Michel Robe a épui­sé ses droits aux indem­ni­tés de chô­mage et vit dans la misère, le Rectorat d’Orléans refuse toute indem­ni­té à Bernard Patois pour avoir refu­sé ­ il est pro­fes­seur d’anglais- un poste d’auxiliaire en documentation.

Ayant refu­sé le chan­tage ali­men­taire, il ne sur­vit depuis la ren­trée que par la soli­da­ri­té militante.

Le 2° congrès de la Fédération des syn­di­cats SUD Éducation a bien conscience de rem­plir un élé­men­taire devoir de soli­da­ri­té envers ces col­lègues, et ceux qui se trouvent et se trou­ve­ront dans cette situa­tion, en lan­çant une sous­crip­tion natio­nale et immédiate.

Lutter contre la précarité

Il y a deux ans, la Fédération SUD Éducation fai­sait de la lutte contre la pré­ca­ri­sa­tion du sala­riat son orien­ta­tion prio­ri­taire. Aujourd’hui, force est de consta­ter que la situa­tion s’est consi­dé­ra­ble­ment aggra­vée dans l’ensemble du sala­riat : explo­sion du tra­vail inté­ri­maire et du temps par­tiel impo­sé, y com­pris dans les Fonctions publiques. Dans ce sec­teur, on peut éva­luer le nombre d’emplois pré­caires à plus d’un mil­lion. L’État, super négrier, a en effet choi­si d’accélérer la pré­ca­ri­sa­tion. Après l’embauche de dizaines de mil­liers de CES et CEC, il a inven­té le “Contrat Emploi Jeune”, contrat que le MEDEF tente aujourd’hui de géné­ra­li­ser dans le pri­vé. Le patro­nat est ain­si en passe, avec l’aval de l’État, d’obtenir ce qu’il récla­mait depuis long­temps : la sor­tie du « chô­mage de masse » par la casse du code du tra­vail et d’acquis sociaux fon­da­men­taux, le CDD deve­nant la norme.

Dans l’Éducation Nationale, la pré­ca­ri­té a explo­sé et elle s’est aggra­vée. Aux caté­go­ries anciennes de pré­caires, Maîtres Auxiliaires, contrac­tuels ATOSS, CES et CEC, contrac­tuels des CFA publics d’Alsace-Moselle, se sont mas­si­ve­ment ajou­tées de nou­velles caté­go­ries plus fra­giles encore. Chez les ensei­gnants, les mesures obte­nues dans la lutte par les maîtres-auxi­liaires, per­met­tant le réem­ploi d’un cer­tain nombre d’entre eux, ont convain­cu le Ministère Allègre d’en finir avec le sta­tut de MA et de lui sub­sti­tuer des contrats plus pré­caires encore : contrac­tuels et vaca­taires 200 H recru­tés mas­si­ve­ment depuis la ren­trée 2000 – 2001, pour pal­lier la pénu­rie de titu­laires. Plus de droit au réem­ploi, salaire à la carte, ges­tion arbi­traire, etc.. C’est sur­tout l’embauche de Contrats Emploi-Jeunes (70 000) qui a été le fer de lance de la pré­ca­ri­sa­tion : contrat de droit pri­vé, salaire indé­cent, for­ma­tion indi­gente, sou­mis­sion à l’arbitraire de l’employeur pri­vé, licen­cie­ment assu­ré au bout de cinq ans. Telle a été la réponse sys­té­ma­tique de l’Éducation Nationale aux besoins en per­son­nels dans l’Éducation, du pri­maire à l’Université, avec les « jeunes doc­teurs » inter­ve­nant dans les IUFM comme infor­ma­ti­ciens, par exemple, ou les Emplois-Jeunes « ouvriers » (ATOSS), par les­quels le Ministère bafoue lui-même la fable des « nou­veaux métiers ».

Les rec­to­rats sont ain­si deve­nus d’énormes agences de tra­vail inté­ri­maire de l’Éducation. Les plus petits d’entre eux recrutent et licen­cient, en toute opa­ci­té, des mil­liers de non-titu­laires, avec des méthodes de « mana­ge­ment » sou­vent dignes des pires entre­prises pri­vées : le chan­tage au licen­cie­ment (non renou­vel­le­ment de contrat) tient sou­vent lieu de réponse à toute reven­di­ca­tion. Le taux de syn­di­ca­li­sa­tion est déri­soire et les mobi­li­sa­tions col­lec­tives très faibles.

L’année 2000 – 2001 sera mar­quée par le vote de la « Loi Sapin sur la résorp­tion de la pré­ca­ri­té dans la Fonction Publique ». Celle-ci ne dif­fé­re­ra guère de la Loi Perben de 1996. La simple liste de ceux qui ne sont pas concer­nés est signi­fi­ca­tive : pré­caires de droit pri­vé (Emplois-Jeunes), emplois aidés (CES, CEC), étran­gers « non-com­mu­nau­taires », vaca­taires recru­tés sur des emplois per­ma­nents n’ayant pas de cor­res­pon­dance dans un corps de fonc­tion­naires, per­son­nels recru­tés via des asso­cia­tions, cer­taines caté­go­ries du supé­rieur… En nombre, le texte ne per­met­trait de titu­la­ri­ser que 100 000 des 500 000 vaca­taires, contrac­tuels, tem­po­raires ou auxi­liaires des 3 fonc­tions publiques, tous les contrats de droit pri­vé étant exclus. Au total, de l’aveu même du ministre, il y aurait seule­ment 430 000 « ayant-droit » sur un mil­lion de pré­caires ! Et « ayant-droit » ne signi­fie nul­le­ment titu­la­ri­sé. En effet, les moda­li­tés de titu­la­ri­sa­tion étant celles déjà mises en place par la Loi Perben, – essen­tiel­le­ment le droit de se pré­sen­ter à des concours -, elles pro­dui­ront les mêmes effets, à savoir le main­tien dans la pré­ca­ri­té de nom­breux ayant-droit (reca­lés), à moins que ce ne soit le licen­cie­ment pur et simple des reçus au concours après l’année de stage ! Enfin, ce pro­to­cole va jus­qu à avouer cyni­que­ment qu’il ne s’agit nul­le­ment d’arrêter d’embaucher des pré­caires, mais seule­ment d’améliorer « les règles de leur recru­te­ment ». A ce titre, les annonces faites dans le cadre du plan plu­ri­an­nuel de recru­te­ment, cen­sé com­pen­ser les départs à la retraite pré­vi­sibles, montrent que le recours en nombre aux listes com­plé­men­taires dans le 1er degré, et aux pré­caires de toutes sortes dans tous les corps, ensei­gnants et ATOSS, pour les autres sec­teurs, est d’ores et déjà programmé.

Les six orga­ni­sa­tions syn­di­cales signa­taires du Protocole Sapin (FSU, CFDT, CFTC, FO, UNSA, CGC) portent donc une lourde res­pon­sa­bi­li­té. Celle d’abuser les per­son­nels en fei­gnant de croire aux inten­tions affi­chées du gou­ver­ne­ment, celle d’avoir signé un accord qui peut, si l’on n’y prend garde, se tra­duire par des licen­cie­ments mas­sifs, comme ce fut déjà le cas au moment de la mise en appli­ca­tion de la loi Perben.

La Fédération réaf­firme avec force que la seule façon de résor­ber la pré­ca­ri­té est de titu­la­ri­ser tous les pré­caires sans condi­tion de concours ni de natio­na­li­té, et d’arrêter tout recours à des CDD, publics ou privés.

Pour la Fédération SUD Éducation, la tâche est immense : défendre les pré­caires au quo­ti­dien, les syn­di­quer, les mobi­li­ser. Mobiliser aus­si les titu­laires et dénon­cer la « gan­grène » que consti­tue la pré­ca­ri­sa­tion pour les sta­tuts, pour le ser­vice public et les tra­vailleurs de tous les secteurs.

Pour la Fédération SUD Éducation, il est indis­pen­sable de déve­lop­per les luttes contre la pré­ca­ri­té dans un cadre inter­pro­fes­sion­nel. La Fédération s’engage à tout mettre en oeuvre pour que l’Union Syndicale G10-SOLIDAIRES soit à l’initiative de mobi­li­sa­tions inter­pro­fes­sion­nelles, avec tous ceux qui veulent lut­ter vrai­ment contre la pré­ca­ri­sa­tion du sala­riat, dans le pri­vé et dans le public.

Motion d’actualité concer­nant les SEGPA et les EREA

ous les per­son­nels de SEGPA et d’EREA font le même constat : celui d’une aggra­va­tion au fil des ans des condi­tions d’accueil des élèves et des condi­tions de tra­vail. Au quo­ti­dien, le fonc­tion­ne­ment des éta­blis­se­ments et des ser­vices est per­tur­bé ; l’encadrement mal assu­ré. Certaines classes en deviennent ingé­rables. Le manque de moyens de rem­pla­ce­ment et de per­son­nel de ser­vice social est criant. Dans ces condi­tions, on pare au plus pres­sé, on col­mate les brèches si bien que la ren­trée s’effectue le plus sou­vent sous le signe de l’énervement et de l’urgence. La réforme des SEGPA, approu­vée par les syn­di­cats majo­ri­taires, se tra­duit autant qu’en EREA pour les ins­ti­tu­teurs-édu­ca­teurs, par des emplois du temps élas­tiques, avec une mul­ti­pli­ca­tion des “trous”, un alour­dis­se­ment des horaires et du temps de pré­sence des élèves, par un manque de coor­di­na­tion avec les col­lègues du col­lège et par la fer­me­ture d’ateliers. La charge de tra­vail des per­son­nels génère un sur­croît de fatigue et de stress. Pour ces rai­sons, et pre­nant éga­le­ment en considération :

la dif­fi­cul­té crois­sante que ren­contrent les per­son­nels de l’enseignement spé­cia­li­sé dans leurs tâches au regard des pres­sions sociales et éco­no­miques exer­cées sur les familles des élèves de SEGPA et d’EREA, et de leurs condi­tions objec­tives de vie,

les pro­blèmes liés au manque d’attractivité que sus­cite l’enseignement spé­cia­li­sé et les EREA en par­ti­cu­lier, qui abou­tissent chaque année à ce que bon nombre de sor­tants IUFM, de pro­fes­seurs des écoles non spé­cia­li­sés, de listes com­plé­men­taires et une cohorte de pré­caires se retrouvent nom­més sur des postes dont ils igno­raient jusqu’à l’existence même (édu­ca­teurs en internat),

la for­ma­tion sur le tas des nou­veaux col­lègues non spé­cia­li­sés assu­mée par les “anciens” sans le sta­tut ni les indem­ni­tés de formateurs,

SUD avait obte­nu une audience auprès de M. Vilain, chef de cabi­net au Ministère, char­gé de l’Enseignement spé­cia­li­sé, pour appuyer ce dos­sier. Nous envi­sa­gions à cette époque une mobi­li­sa­tion la plus large pos­sible à la ren­trée. Mais c’était oublier les vieux réflexes des syn­di­cats majo­ri­taires. De fait, le SNUIPP-FSU, le SE-FEN et le SGEN-CFDT ont appe­lé à la grève dans les SEGPA et les EREA le 21 novembre sans même avoir pro­po­sé à SUD de s’associer au mou­ve­ment et en rédui­sant l’appel à la stricte réduc­tion du temps de travail.

Il est juste de deman­der une éga­li­té d’horaire de ces éta­blis­se­ments par­ti­cu­liè­re­ment dif­fi­ciles. Suite à la grève de l’an der­nier, il est pré­vu que le temps de ser­vice des PLP soit rame­né à 18 heures heb­do­ma­daires. Il faut qu’il en soit de même pour les ensei­gnants du pre­mier degré qui sont affec­tés dans ces éta­blis­se­ments. Mais, reven­di­quer une réduc­tion du temps de tra­vail sans exi­ger le main­tien du volume horaire des élèves en pré­sence de per­son­nels spé­cia­li­sés revient à accep­ter une réduc­tion de l’enseignement et de la for­ma­tion des élèves. Cette reven­di­ca­tion pour­rait conduire aus­si à la remise en cause et à l’allongement du temps de ser­vice des ins­ti­tu­teurs-édu­ca­teurs ain­si qu’à la mul­ti­pli­ca­tion des Heures sup si elle n’est pas reliée à la reven­di­ca­tion de créa­tions de postes.

Enfin, si rien n’est fait concer­nant le recru­te­ment et la for­ma­tion d’enseignants spé­cia­li­sés, cette réduc­tion du temps de tra­vail se tra­dui­ra par une dimi­nu­tion de l’horaire de spé­cia­listes pour les élèves. Ce sont des pro­fes­seurs de col­lège non for­més et sou­vent non volon­taires (ce qui est, en prin­cipe, inter­dit) qui devront assu­rer ces horaires. Ce sont encore et tou­jours des per­son­nels pré­caires (MA, contrac­tuels, vaca­taires…) qui pal­lie­ront les manques en per­son­nels spé­cia­li­sés. Il ne faut pas oublier la dimi­nu­tion des horaires des PLP qui devrait être com­pen­sée pour la plu­part des SEGPA par la tech­no­lo­gie type col­lège et non par des postes sup­plé­men­taires de PLP. L’avenir des ate­liers est lui aus­si compromis.

Comme on le voit, nos craintes d’une dilu­tion des SEGPA et de leur spé­ci­fi­ci­té au sein du col­lège se pré­cisent. Ce ne sont pas les per­son­nels reven­di­quant à juste titre les 18 h (avec les deux heures de syn­thèse payées en plus) qui en sont la cause, mais bien le Ministère et tous ceux qui se voilent la face. Il est de notre res­pon­sa­bi­li­té de dénon­cer cette tar­tuf­fe­rie et de poser en même temps d’autres reven­di­ca­tions qui doivent elles-mêmes abou­tir sous peine de dis­pa­ri­tion des SEGPA et des EREA :

Abrogation des textes per­met­tant la dilu­tion des SEGPA et appli­ca­tion de ceux de 1989 (qui pré­ser­vaient une plus grande auto­no­mie des SEGPA)

Dotation horaire de la SEGPA non diluée dans celle du collège

18 h pour les ins­ti­tu­teurs et pro­fes­seurs des écoles de SEGPA et d’EREA avec créa­tions de postes spé­cia­li­sés et d’ateliers cor­res­pon­dant au volume horaire résul­tant de la réduc­tion du temps de travail

30 h au maxi­mum pour les ensei­gnants nom­més sur postes d’instituteurs-éducateurs en inter­nat avec le ser­vice de nuit intégré

Création de postes d’enseignants, de per­son­nels de ser­vice social et psycho-éducatif

Poursuite du recru­te­ment et de la for­ma­tion d’enseignants spé­cia­li­sés cou­vrant les besoins

Titularisation sans condi­tions de concours ni de natio­na­li­té de tous les précaires

Respect des horaires mini­ma des élèves de SEGPA et d’EREA

C’est sur cette base que SUD-Education appelle l’ensemble des per­son­nels d’EREA et de SEGPA à enga­ger ou à pour­suivre leur mouvement.

Motion d’actualité sur la Palestine

Devant les évé­ne­ments tra­giques que connaissent actuel­le­ment les popu­la­tions du Proche-Orient, le 2ème congrès de Sud Éducation dénonce :

  • La guerre menée par l’État d’Israël contre le peuple palestinien
  • L’utilisation de l’armée contre la révolte des pierres
  • Le scan­dale de l’extension des colo­nies juives, qui perdure
  • L’aggravation des condi­tions de vie dans les camps pales­ti­niens et pour les citoyens arabes israéliens
  • Les véri­tables ban­tous­tans que sont deve­nus de fait les ter­ri­toires gou­ver­nés par l’Autorité Palestinienne
  • Les ten­ta­tives qui sont faites en Israël, en Palestine comme en France et ailleurs dans le monde pour fomen­ter la haine reli­gieuse, natio­na­liste et raciale entre les peuples.

En consé­quence, SUD Éducation appelle :

  • A un retrait de l’armée israé­lienne des ter­ri­toires occupés
  • Au déman­tè­le­ment des colonies
  • A un redou­ble­ment de la vigi­lance et à une lutte déter­mi­née contre la mon­tée des réflexes com­mu­nau­ta­ristes, de l’antisémitisme et du racisme dans nos éta­blis­se­ments sco­laires et dans la socié­té en général.

Enfin, SUD Éducation appelle à tout faire pour avan­cer vers la seule issue pos­sible de ce conflit : que des peuples puissent vivre ensemble sur une même terre, dans l’égalité, la jus­tice, la démo­cra­tie et la laïcité.