Le début du second quinquennat Macron est marqué par la poursuite des offensives néolibérales du gouvernement au service des capitalistes.
La mise à l’ordre du jour de la réforme des retraites, avec le passage de l’âge minimal à 65 ans, montre la détermination du gouvernement à mener à bien la casse de notre protection sociale. Nous le réaffirmons : en cas de nouvelle contre-réforme des retraites, SUD éducation mettra tout en œuvre pour construire un mouvement de grève interprofessionnel massif et reconductible afin de faire plier le gouvernement.
La nomination du nouveau gouvernement est marquée par la continuité d’un système qui cautionne les violences sexistes et sexuelles en plaçant et maintenant au sein du gouvernement des hommes, tels Darmanin et Abad, accusés de viols, agressions et chantages sexuels. Un combat à mener contre la complaisance vis-à-vis de la domination et la violence masculines et patriarcale est donc plus que jamais d’actualité. Il faut dégager les prédateurs sexuels de l’appareil d’État, cette revendication symbolisée par l’interpellation de Macron par une lycéenne à Gaillac, doit être constamment mise en avant.
Dans notre secteur, même si la nomination de Pap Ndiaye a pu apparaître comme un symbole de rupture avec la période Blanquer, il apparaît que c’est bien la continuité qui prime, comme le montre le maintien du même groupe de hauts fonctionnaires aux postes clés du ministère.. La politique de répression menée par Blanquer se poursuit : SUD éducation revendique l’abandon des sanctions menées contre les 6 de Pasteur (Saint-Denis), les deux CPE de Nantes, les deux “chantillyonneurs” du Loiret, au lycée Berthelot à Pantin. Le ministre change mais rien ne change.
La continuité dans les réformes est incarnée par la visite de Macron à Marseille : celui-ci entend généraliser une expérimentation (partiellement déployée et nullement évaluée) au niveau national, qui va engendrer la casse de l’échelle des salaires, des revenus conditionnés à plus de déréglementation, des recrutements sur profil par les directrices et directeurs dans le premier degré. Le rapport Longuet propose d’y ajouter la bonification en fonction des disciplines enseignées. Les réformes de Blanquer (réforme du bac, des lycées, loi Rilhac, loi Blanquer et ses évaluations d’école et établissements) s’imbriquent ainsi parfaitement dans les nouvelles mesures annoncées. Par ailleurs, l’annonce d’un grand débat à l’école à la rentrée, aux modalités pour l’heure assez floues, entend « libérer les initiatives des enseignants » et ainsi parachever l’autonomie des établissements.
Dans le supérieur, la nomination de Sylvie Retailleau apparaît de manière plus flagrante encore comme la poursuite de la logique du gouvernement précédent, avec la mise en oeuvre de la LPR : refus de toute augmentation indiciaire au profit de seules augmentations indemnitaires, c’est-à-dire passant par des systèmes de primes inégalitaires comme le RIPEC et souvent individualisées.
Dans l’éducation, l’actualité est marquée par une préparation de la rentrée de septembre qui s’annonce catastrophique. Les postes sont en nombre très insuffisant pour faire face à la hausse des effectifs et aux problèmes de remplacement, alors même que les inégalités face à l’éducation se sont accrues avec la pandémie. Pire encore, même le nombre trop faible de postes provisionnés n’arrive pas à être pourvus par des personnels titulaires, notamment du fait du nombre en baisse d’admissibles aux concours, du premier comme du second degré. Cette crise du recrutement que connaît actuellement l’Éducation nationale est la
conséquence de décennies de casse de l’éducation par les gouvernements successifs. Le scandale des “job datings” en est l’illustration. Il faut revendiquer un plan d’urgence pour l’éducation qui permette de faire face à cette situation, sur le plan des moyens, mais aussi une hausse des rémunérations, à commencer par ceux des plus précaires. En effet, la valeur du point d’indice a baissé comparativement à l’inflation de près de 34% entre 1995 et 2021. En 2022, l’inflation risque d’atteindre 4%. Dans ce contexte, SUD éducation revendique ensemble :
- le dégel du point d’indice et le rattrapage de la perte de rémunération depuis le gel du point d’indice en 2010, ce qui constituerait bien sûr une avancée, même s’il contribuerait à creuser les écarts de rémunération
- une augmentation immédiate de 400 euros des salaires et un SMIC à 2200 euros bruts. • une refonte des grilles indiciaires des agent es, pour garantir que plus les salaires sont faibles, plus ils ⋅ seront augmentés
- la garantie que les précaires bénéficient de la même grille pour leurs salaires, tenant compte de toute leur ancienneté professionnelle
La lutte contre la précarité imposée aux personnels non-titulaires est un enjeu primordial de notre syndicalisme qui combat les inégalités entre les personnels. Il faut imposer la publication immédiate des décrets d’application concernant la CDIsation des AED ainsi que le paiement de l’indemnité REP/REP+ que SUD éducation a gagné au Conseil d’État. La CDIsation constitue une victoire qui en appelle d’autres. SUD éducation met tous ses moyens syndicaux à disposition des personnels AED afin de construire une mobilisation capable de gagner la titularisation des personnels AED. De même, la paupérisation des AESH ne cesse de s’aggraver, SUD éducation porte la construction d’une mobilisation d’ampleur pour la création d’un vrai statut de la Fonction publique d’éducateur·trice scolaire spécialisé·e. L’amélioration des conditions salariales va de pair avec la reconnaissance du métier et l’émergence d’une mobilisation d’ampleur pour une école réellement inclusive. Les luttes des AED et des AESH doivent permettre d’imposer la titularisation sans condition de concours ni de nationalité pour tous les personnels non-titulaires de l’éducation nationale et de l’ESR et l’arrêt du recrutement de personnels contractuels.
La généralisation de la précarité dans l’éducation résulte également de la nouvelle contre-réforme de la formation initiale, avec notamment les étudiant-es alternant-es. Le passage des stagiaires à temps plein constitue une dégradation de l’entrée dans le métier et ne pallie pas le manque de personnels. SUD dénonce cette nouvelle contre-réforme, qui va renforcer les difficultés de recrutement des enseignant-es.
Le manque de personnels a d’ores et déjà des conséquences désastreuses. En cette fin d’année, la difficulté à construire les services pour l’année prochaine, qui plus est en lycée avec le retour des mathématiques en première sous forme d’option, est patente. La rentrée scolaire s’annonce très difficile également, de part le manque accru de personnels qui aggravent les difficultés de remplacement, surtout dans le 1er degré, la mise en place sans moyens de l’inclusion scolaire et l’absence de véritable pôle médico-social dans l’EN. Des mobilisations sont déjà engagées dans certains départements : la Loire-Atlantique, le Val-d’Oise, le Maine-et Loire par exemple. SUD éducation les soutient sans réserve, et appelle à les généraliser dans le cadre de la préparation de la rentrée de septembre.
Les élèves sont les premières victimes de cette école dont la dimension inégalitaire a été encore renforcée par la multiplication des contre-réformes Blanquer contre lesquelles nous continuerons à lutter : Parcoursup en est l’exemple le plus éclatant, avec cette année encore un nombre énorme d’élèves n’ayant aucun de leurs vœux satisfaits. SUD éducation dénonce cette machine néo-libérale qui engendre tri social, angoisse et inégalités et qui ne répond aucunement à la crise de capacité d’accueil dans le supérieur. SUD éducation revendique la fin de la sélection via Parcoursup, tout bachelier.ère doit pouvoir s'inscrire dans l'université ou la filière de son choix. Pour cela, il faut une augmentation des capacités d'accueil qui ne peut passer que par l'embauche de plus de 50 000 personnels administratifs et enseignants titulaires dans les prochaines années.
De même, le bac Blanquer est bien appliqué malgré les mobilisations qui ont mis en avant tous ses dangers : corrections numérisées des copies s’inscrivant dans les dérives du tout-numérique, stress des élèves, tri social généralisé, épreuves socialement sélective comme le grand oral, corrections d’épreuves sans temps ni moyens supplémentaires, contrôle des enseignant-es dans la correction des copies, évaluation permanente, mainmise sur les programmes, programmes intenables, …. SUD éducation continue à le condamner et à s’y opposer, conscient·es qu’il s’agit là d’un mouvement vers la privatisation/libéralisation de l’éducation le développement des logiques managériales. SUD éducation revendique toujours le rétablissement du cadre national du Bac qui suppose une évaluation finale homogène sur tout le territoire et qui garantisse son statut de premier grade universitaire.
SUD éducation s’investit dans les luttes contre toutes les discriminations et systèmes de domination qu’elles soient de genre, racistes, validistes, colonialistes, islamophobes, d’autant plus nécessaire dans le contexte politique, marqué notamment par le renforcement sans précédent de l’extrême-droite aux différentes élections et de ses idées nauséabondes.
Le traitement fait aux personnes dites migrantes et le sort que connaissent des milliers de jeunes non scolarisé-es car mineur-es non accompagné-es ou scolarisé-es dans nos établissements mais vivant sans papiers dans la crainte perpétuelle d’un contrôle d’identité constitue également un de nos axes de lutte. Pour SUD éducation, la régularisation des lycéen-nes sans papiers et des familles d’élèves sans papiers est un combat à mener à la fois localement et nationalement tout en défendant les principes de liberté de circulation et d’installation pour toutes et tous.
La poursuite de la lutte contre l’hétéropatriarcat est une priorité pour SUD éducation. La période est marquée par la lutte contre les LGBTIphobies, à laquelle SUD éducation a pris toute sa part. En effet, les conséquences dramatiques pour les élèves, notamment trans, se multiplient. La circulaire sur la scolarisation des élèves trans est toujours insuffisante sur un certain nombre de points. Sur le front de la lutte contre l’hétéropatriarcat, les réactionnaires sont toujours en embuscade, comme le montrent les reculs, dans de nombreux pays, du droit à l’IVG : SUD éducation appelle à s’emparer activement de la prochaine journée internationale de défense du droit à l’IVG sûre et gratuite, qui aura lieu comme tous les ans le 28 septembre. C’est l’occasion notamment de revendiquer le recrutement massif de personnels médico-sociaux, indispensables pour l'accès à la contraception, à l'ivg et pour recueillir leur paroles s'ils vivent des violences sexistes et sexuelles, de l'homophobie et/ou de la transphobie.